INTERVIEW ☭ BLOOD RED SHOES

C’est lors de leur venue au Grand Mix de Tourcoing que l’occasion nous a été donnée de faire une petite interview des Blood Red Shoes. 7 ans se sont écoulés depuis notre dernière rencontre, l’occasion de faire un point sur leur dernier album et leur évolution en tant que groupe. C’est avec le très sympathique et toujours affable Steven Ansell que nous avons commencé avant d’être rejoints par Laura-Mary Carter. L’occasion de découvrir comment le groupe s’est renouvelé et les opportunités créées en étant sur Los Angeles.

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Premières parties.

Vous venez juste de terminer une tournée avec les Pixies, comment vous en êtes arrivés là et comment c’était ?

Steven : Je ne sais pas exactement mais on a reçu un appel en décembre 2018 disant « je vous ai soumis pour la tournée des Pixies et ça s’annonce bien ». On a essayé de tourner avec les Pixies des milliers de fois. Je ne sais pas ce qui a été différent cette fois. Peut-être que c’est juste le nouvel album qui a mieux fonctionné ou c’était autre chose… Peut-être est-ce un membre du groupe qui l’a aimé. Parfois, c’est le business, j’aimerais dire « Franck Black est notre plus grand fan » (il se marre) mais ce n’est vraiment pas certain ! Mais le groupe a clairement une influence. C’était vraiment cool parce qu’il s’agissait du public parfait, on jouait une demi-heure chaque soir, et nous n’avions pas fait ça depuis 2007. Personne ne savait rien de nous, il y a un certain challenge, c’était vraiment fun parce que tu dois vraiment essayer. Tu ne peux pas te reposer sur un public connaissant tes titres ou autre… C’est comme faire en sorte qu’une personne ait envie de t’épouser après une journée (il se marre), tu dois être le meilleur toi possible (on se marre tous).

Vous êtes la tête d’affiche ce soir mais vous n’étiez pas supposés tourner avec Queen Kwong (ndlr : Rett Smith a été annoncé en dernière minute) ?

Steven : Oui, ils ont juste foiré l’administratif autour de son visa donc elle sera là dans une semaine. C’est plus long pour entrer en Europe. C’est vraiment un truc ennuyeux… Nous les musiciens, on n’est pas si bons avec la paperasserie. C’est dommage car elle est géniale.

« Quand tu fais un album, certains titres sortent du lot et d’autres ont tendance à ne pas progresser. »

Vous venez d’ailleurs de sortir un single avec elle qui est assez électro, comment tu vois ce titre ? Comme un titre bonus ou la direction à prendre pour vous qui êtes comme un nouveau groupe, si j’en crois vos récentes interviews ?

Steven : Je pense que c’est plutôt la direction que nous allons prendre. Je ne vois pas ça comme un titre bonus car cela semble moins signifiant. C’est un titre que l’on a fait quand on a enregistré « Get Tragic » sans vraiment réussir à l’achever. Quand tu fais un album, certains titres sortent du lot et d’autres ont tendance à ne pas progresser. Donc on y est revenus genre un an plus tard et on ne savait quoi faire avec. Mais ce n’est pas une chanson, c’est un refrain dance en fait ! Ça a juste besoin d’une boucle, on essayait de trouver un couplet, un refrain,… Quand on y est revenus un an plus tard, c’était comme un jam. Ça sonne comme du LCD Sound System ou Nine Inch Nails, ça nécessite juste une boucle et t’es sur le dancefloor. On a utilisé plus d’éléments électro, des boucles, Ableton, filtré des choses et ça l’a plutôt fait. Comme la guitare qui n’a pas été enregistrée en live. C’est Carré de Queen Kwong et Laura jouant de la guitare que l’on a resamplé en samples et qu’on a manipulés en pressant des boutons pour les déclencher, comme un DJ et pas un groupe de rock, ce qui est une manière très nouvelle pour nous de bosser. Des techniques différentes pour que cela reste excitant pour nous.

Le changement.

On sait que votre break de 5 ans a été un mélange de soucis légaux avec votre ancien label, vous étiez fatigués de tournée autant, Laura-Mary s’est cassé le bras… 7-8 mois plus tard, comment ça va en tant que groupe et individus ?

Steven : Ça a été très cool en fait. On pensait que la transition à 4 personnes sur scène serait plus compliquée. En fait, ce n’est pas si étrange. Nous n’avions qu’une règle, on ne voulait pas engager des personnes qui ne soient pas nos amies. On n’a donc pas fait d’auditions ou engager un bassiste professionnel parce que le côté humain était plus important. Et c’est cool parce que cela permet à Laura et moi d’en faire moins ! Sur le quatrième album, les titres étaient au maximum de ce que l’on pouvait humainement faire avec une voix, deux paires de bras et de jambes, tu peux physiquement pas faire plus (il se marre). Maintenant, je peux vraiment me concentrer sur le chant et pas forcément tenter de sonner un sampler ou une batterie qui doit absolument remplir l’espace. Laisser d’autres personnes le faire permet de souffler et se concentrer sur ce qui est vraiment plaisant. Le chant de Laura est génial maintenant parce qu’elle ne passe pas son temps à jouer de la guitare, elle peut s’arrêter et se concentrer sur le chant. Ça nous a pris 15 ans pour le découvrir (on se marre tous) !

Je ne savais pas que ce temps était en partie lié à une certaine lassitude de tourner d’ailleurs…

Steven : Ouais, on n’avait pas l’intention que ce soit si long. On avait atteint un point où on souhaitait arrêter. Et on s’est arrêtés. Et on n’était pas sûrs de vouloir nous séparer ou pas. Et puis on s’est imaginés commencer un autre groupe avec d’autres personnes. Puis on a fini par nous rendre compte qu’on voulait changer tout ce que nous avions l’habitude de faire. On a donc viré tout le monde, toutes les personnes avec qui on avait bossé, et le label avec lequel nous étions, nous a proposés un contrat pour quatre albums et on a dit « allez vous faire foutre, on signera pas, on va créer notre propre label » (il se marre). Ce qui est bien plus difficile.

« Ce serait pas cool qu’on fasse sonner ça comme du Prince ? »

Vous avez donc changé votre méthode d’enregistrement, en ce sens, quel a été le titre le plus compliqué à enregistrer ?

Steven : (Il réfléchit longuement) Beaucoup d’entre eux ont été compliqués à enregistrer. Je me souviens des plus faciles comme « Berverly » mais je pense que bizarrement, c’était « Howl ». Car c’est le titre que l’on a enregistré en dernier et nous n’avions qu’une vague idée de ce titre mais Laura avait une démo qu’elle avait écrite dans la cuisine de sa mère. C’était plein d’écho et ça ressemblait à du gospel… C’était deux fois moins rapide et j’étais obsédé par l’idée de faire sonner ça comme du Prince (il se marre). On a changé tous les instruments, le groove et on a passé beaucoup de temps à le modifier au point de s’y perdre et ne plus savoir si c’était encore bon… Ce process fut le plus dur mais à la fin, c’est un de mes titres préférés, je l’adore et ça sonne comme du Prince (il se marre).

Comment tu fais pour gérer ton temps entre le groupe et ton label Jazz Life (ndlr : où sont signé les groupes TIGERCUB / RAKETKANON / MARTHAGUNN / SHIT GIRLFRIEND / CIRCE / BEACH RIOT / AA SESSIONS) ?

Steven : MAL (il se marre) ! Tu dois tout gérer en même temps. Comme aujourd’hui, j’envoie des mails aux distributeurs pour parler de Queen Kwong, lui trouver son créneau si je joue en Allemagne, ce genre de trucs, c’est ce que je fais en tournée. Tu dois avoir la moitié de ton cerveau en mode business et l’autre moitié en mode artiste. Mais il n’y a pas d’organisation réelle, c’est principalement du chaos. C’est pour ça que ça s’appelle Jazz Life (il se marre). C’est comme improviser, ce n’est pas le bordel, ce n’est pas le chaos, c’est du jazz (on se marre tous).

De Brighton à Los Angeles.

Plus tôt dans l’année, j’ai lu une interview où tu disais que tu adorerais tourner avec Nine Inch Nails, pourquoi eux ?

Steven : C’est juste que Laura et moi adorons ce groupe. Je réfléchis toujours au groupe que j’aimerais voir chaque soir et qui serait une source d’inspiration. Et en ce sens, c’était génial de voir les Pixies mais je ne regardais pas tous les soirées car j’ai pu regarder deux heures de Pixies pendant deux semaines… Et parfois, j’avais juste envie de retourner à l’hôtel ou m’isoler dans le bus (il se marre). Mais je pense que NIN, que j’ai vus plusieurs fois, ils changent sans arrêt leur setlist, le show, leurs lights… Les Pixies n’ont pas ça par exemple, les Pixies c’est plutôt « voici nos chansons » ils ne parlent pas au public, il n’y a pas de mise en scène, tout tourne autour des chansons. Avec NIN, c’est comme une explosion, c’est dingue et je pense que les voir tous les soirs serait très cool. Ce n’est pas que de la musique, ce sont tous tes sens qui sont assiégés tu vois. C’est comme une guerre (on se marre).

« Nine Inch Nails, c’est comme une explosion […] Ce n’est pas que de la musique, ce sont tous tes sens qui sont assiégés, c’est comme une guerre. »

C’est donc pour ça que vous avez envoyé Laura-Mary à Los Angeles, qu’elle puisse entrer en contact avec Trent Reznor.

Steven : Tout à fait ! Elle a besoin de se faire des amis et à vrai dire, Carré (Queen Kwong) est très bonne amie avec le groupe. Elle a en quelque sorte été découverte par Trent Reznor.

D’ailleurs, je viens d’apprendre qu’elle était mariée à Wes Borland…

Steven : Ouais, elle ne veut pas trop en parler car elle ne veut pas se faire un nom comme étant femme de… Le nombre de fois où l’on me demande si j’ai écrit les chansons. Mais pourquoi je devrais écrire les parties guitares de Laura-Mary ? Les gens le présument. Alors, pour elle, c’est encore pire ! Tout le monde va s’imaginer que c’est Wes Borland qui a écrit ces putains de chansons. Et c’est pas le cas, c’est bien elle. Donc ouais, elle n’en parle pas car il vaut mieux…

Depuis son passage à Los Angeles, Laura-Mary a travaillé sur différents projets dont des titres solos ou encore « Shit Girlfriend » avec Nathalie Chahal, est-ce qu’on peut espérer une sortie de tout ça ?

Steven : Le truc, c’est que Laura est une perfectionniste. Donc elle veut vraiment que ce soit nickel. Et dans notre groupe, elle a 50% des voix et les autres 50%, c’est moi disant «  c’est bon, laisse et publie-le » (il se marre). Ça doit faire 2 ans, j’ai pu écouter ça, c’est vraiment génial, c’est très différent, proche d’Angel Olsen et ce type de registre. C’est plus calme, comme de la country, des chansons avec une histoire, beaucoup de cordes, c’est vraiment cool. Elle aime essayer des choses différentes. Quand t’es à LA, ce genre de choses se produit… Quand tu fais quelque chose de différent, de ton côté, tu le ramènes avec toi, c’est cool parce que l’on a ce groupe depuis 15 ans et on a nos habitudes, tu suis des schémas et tu ne réalises même pas que tu les suis. Donc quand quelqu’un apporte quelque chose de nouveau, ça devient vraiment intéressant. Je peux entendre ça sur le nouvel album, je peux entendre qu’on a passé du temps chacun de notre côté…

Laura finit par nous rejoindre et Steven évoque à nouveau son travail en solo…

Laura : Ouais, je pense que c’est aussi parce que c’est très différent du groupe donc… Ça me demande pas mal de temps pour résoudre ça, je suis une perfectionniste et je n’ai pas de contrainte de temps… Mais ça va sortir. Mais on a fait un album, puis les Blood Red Shoes ont pris le dessus et maintenant, c’est plus une problématique de temps et autres… Ça va sortir l’année prochaine. Début de l’année prochaine.

Plus qu’un duo.

Concernant le processus créatif de l’artwork, est-ce que Laura a bossé dessus ? Car j’ai fait une interview avec Chris White qui s’était chargé de l’artwork de votre précédent disque et m’expliquait que tu étais assez impliquée dans ce domaine.

Steven : Ouais, Laura a grandi avec Chris, ils sont amis depuis qu’ils sont petits. Il a fait le quatrième album et Laura les 3 premiers toute seule. À LA, elle a rencontré cette photographe qui avait bossé sur « MassEducation » de St Vincent et que l’on trouvait cool… Ce que l’on faisait jusqu’alors n’était jamais lumineux ou coloré… Je veux dire, même la simple idée de faire une photo, être nous sur la couverture, on ne l’avait jamais fait., tout comme établir une couleur vive et en faire un look pour l’ensemble du disque. Cette photographe, Nedda Asfari est incroyable !
Laura : On n’a jamais été sur la couverture et je voulais marquer le fait que nous étions deux. Je me suis dit que Nedda s’en sortirait très bien car elle utilise de l’argentique alors que tout le monde fait du numérique très lisse, mais cela reste très vibrant et j’ai trouvé ça cool de faire de l’argentique. Il n’y a pas tant de photos faites et cela devait être la bonne. Mais initialement on devait faire ça dans un hotel, mais je trouve que c’est encore mieux que l’on ait fait ça juste avec elle. Et il n’y avait d’ailleurs qu’une photo qui fonctionnait bien pour la couverture et c’était celle-là. C’était un peu effrayant car il n’y avait aucune version numérique de secours…
Steven : Ouais, une fois qu’elle a fini et que tu as dépensé tout ton argent, tu te demandes même ce que tu vas pouvoir utiliser (on se marre). Mais c’est cool, ça t’oblige à choisir…
Laura : Ouais, clairement, si on avait trop d’options, cela aurait pris une éternité mais là, on a dû dire, « c’est celle-là » !

Est-ce que ça vous a changé artistiquement d’être à LA ?

Laura : Oui, je pense. Quand on a débuté en tant que groupe, non a toujours voulu tourner aux États-Unis car on s’est toujours sentis liés aux groupes US. On a grandi en écoutant Nirvana et ce genre de choses. Donc on s’est toujours imaginés plus là-bas qu’en réalité car on est toujours restés en Europe. Et on a toujours pensé que ce serait cool de faire un disque à LA, les lieux influencent ton travail… On a fait notre précédent album à Berlin et c’est sombre, dur d’un point de vue sonore, féroce et ça correspondait à la ville. À LA, c’est plus brillant, plus produit, en fait bien plus produit (elle se marre)
Steven : Ouais, ce n’est pas sur-produit comme le précédent album (ils se marrent), il n’y a rien de plus que ce qui est nécessaire… Et c’était comme s’enfuir un peu de toutes ces merdes qui nous ralentissaient. On n’aurait pas pu faire ça chez nous, tout semblait nouveau à LA. Comme quand tu trouves le bon endroit, tu peux très vite rencontrer du monde. Et faire en sorte que les choses se réalisent. Parce que personne ne te fait perdre ton temps. Si tu dis à quelqu’un je veux faire faire quelque chose de cool, je veux le faire cette semaine, ils sont du genre à dire OUI. C’est si différent de l’Angleterre (il se marre).
Laura : Et puis ce titre « Get Tragic » en est une inspiration car il y a eu pas mal de victimes, de pertes tragiques dans cette histoire (ils se marrent). Même si c’est un peu cliché de faire une album à LA.

Vous y voyagez beaucoup depuis ?

Steven : Ouais, Laura vit là-bas. Donc à la fin de la tournée, je vais prendre l’avion pour m’y rendre de manière à écrire ensemble le prochain disque et on y restera jusqu’à la fin…

Et bien merci pour votre temps ! C’était un plaisir de discuter de tout ça ensemble.


J’en profite pour vous inviter à lire notre live report du concert qui a suivi et remercier Claire à la rédaction et à l’accent anglais impeccable mais aussi le Grand Mix, Maud de Radical Production et Logan de Bertus !


 

ENGLISH VERSION

Openers.

First question, you just finished to tour with the Pixies, how did you end up touring with them and how was it ?

Steven : I don’t exactly know but we had a call in December 2018 sayin’ « I put you forward to tour with the Pixies and It’s really looking good ». I mean we pull ourselves to tour with the Pixies like a thousand times. I don’t exactly know why it was different this time. Maybe just this new record worked better or it was something else. Maybe it’s someone in the band who liked it. Sometimes, it’s business, I’d love to say « Franck Black is our biggest fan » (laughing) but it’s not really sure ! But the band, definitely, has a decision. So it was really cool cause it was the perfect audience, we played half an hour every night and we haven’t done that since 2007. Nobody knows anything about you so actually, it has a sense of challenge, it was really fun cause you really have to try. You can’t rely on people knowing your songs or anything… It’s kind like tryin’ to get someone to marry you after one day (laughing), you have to be the best you possible (we all laugh).

You are the headliner tonight, but weren’t you supposed to tour with Queen Kwong ? What happened ?

Yes ! Oh they just fucked up some paper work with visas so she’s coming in a week. It takes longer to get into Europe. It’s a really boring thing with papers… Musicians, we’re not great with paper work. It’s a shame cause she’s awesome !

You did release a new single with her which is quite electronic, how did you consider that song ? As a bonus track or the way you’re heading to, as a « new band » as you call yourselves ?

Steven : I think it’s more the way we’re heading. I don’t see it as a bonus track cause it sounds like less significant. It was a song when we make « Get Tragic » but we never quite figured it out. As you make the record, some songs float to the surface and some others songs just kinda get stuck. So we came back like a year later and we knew what to do with this. Cause it’s not a song, it’s like a dance tune ! It just needs to repeat, a loop, we were trying to find a way to give like a verse, a chorus… After a year without listening to it, we came back, it is like a jam. This is like LCD Soundsystem or Nine Inch Nails, it just needs a loop and you’re like on the dancefloor. We used more electronics, loops, Ableton, filtered things and it kinda did it. Like a lot of the guitar is actually not played live… It’s Queen Kwong and Laura playing guitar that we resampled into the samples and played it back out and manipulated it, like pressing buttons to trigger it, like a DJ, not like a rock band which is a whole new way to work to us. Different techniques to keep things exciting to us.

Evolving.

We know that your five year break was a mix of difficult moments such as legal stuff with your former label, you were burnt out from touring so much, Laura Mary broke her arm… 7-8 months later, how did it work so far as a band and as individuals ?

Steven : It’s been really cool actually. The transition to have in four people on stage, we thought, would be harder than it is. And actually, it’s not that weird. We had one rule, we don’t want to hire people who aren’t our friends. So we didn’t do auditions or hire professional bass player, cause the people aspect is more important to us. We don’t need the world greatest synth’ player, we need to ride along as human beings. And it’s cool cause me and Laura do less now. On the fourth album, the songs were at the maximum you can do with one voice and both hands and feet, you can’t physically do any more (laughing). And now, I can really invest myself into singing and not try to play like a sampler and too much drums to fill the space. Let other people do stuff. It gives you a little bit of space and focus and that is really enjoyable. Laura’s singing now is fuckin amazing cause she’s not playin guitar all the time, she can stop and be a vocalist. It took us fifteen years to figure out and it’s cool (laughing).

As you did change your way to record, which song was the most challenging on this record ?

Steven : (Thinking) A lot of them were quite challenging, I know the easy ones, « Beverly » was really easy, I think, weirdly, « Howl » was the hardest one. Because it was the last song we finished for the record ans we only had a rough idea of it but Laura had this demo of it and she wrote it in her mom’s kitchen. It was all echo, and it sounded like a gospel song… It was half the speed and I was quite obsessed to make it sound like Prince. « Wouldn’t it be cool if we sounded like Prince ? » (laughing). We changed all the instruments, and all the groove and we spent a lot of time changing it and we got really lost and we got to this point where you changed so many times, you don’t know if this sucks. That process was the hardest and in the end, it’s one of my favorite ones, and I really love it and it does sound like Prince (laughing).

How did you manage your time between the band and Jazz Life as a label ? (Bands signed there : TIGERCUB / RAKETKANON / MARTHAGUNN / SHIT GIRLFRIEND / CIRCE / BEACH RIOT / AA SESSIONS).

Steven : BADLY (laughing) ! You have to set everything in the same time. Like today, I’m sending emails to distributors to talk about Queen Kwong, tryin to get her own spot if I play in Germany and stuff, that’s what we do on tour. You have to have like half your brain in business and half your brain in artists. . But there is no organization, no system… It’s mostly kind of chaos. It’s why it’s called Jazz Life (we all laugh). It’s like improvise (we laugh). It’s not messy, it’s not chaos, it’s jazz (we all laugh again) !

From Brighton to Los Angeles.

Earlier this year, I’ve read, in an interview, that you would have loved to tour with Nine Inch Nails. Why that choice ?


Steven : I just love that band. So does Laura. I always think of what band I would like to see every night and which one would be really inspiring. And it was awesome seeing the Pixies but I didn’t watch every night cause some nights, I’ve watched like two hours of Pixies for two weeks… And I was like, I’m just gonna go to the hotel or on a bus (laughs). But I think Nine Inch Nails, I’ve seen them a few times, they always change the set and the show, and the lights and everything. Pixies don’t have any of that. Pixies are like « here’s our songs » and that’s it, they don’t speak to the audience, they have no show or anything, it’s all about their songs. With NIN, it’s like an explosion, it’s crazy and I think seeing that every night would be cool. It’s not only music, it’s all your senses attacked, you know. It’s like a war (laughs).

Oh okay, that’s why you’ve sent Laura-Mary to Los Angeles ! So she can get in touch with Trent Reznor.

Steven : Right ! She needs to make friends and actually, Carré (Queen Kwong) is really good friends with them. She kinda was discovered by Trent Reznor.

I have to confess, someone told me earlier that she was actually married to Wes Borland de Limp Bizkit…

Steven : Yeah, she doesn’t want make that a thing cause she doesn’t want to be known as a woman of… The amount of time people asked if I’ve written the songs. Why would have I write Laura’s guitar parts ? People assume that. So for her it must be even worse ! Everyone’s gonna assume Wes Borland has written that fucking music. And it’s not, it’s her. So yeah, she keeps that quiet because you have to…

Since LA, Laura-Mary has been working on different things including solo stuff and that side project « Shit Girlfriend » with Nathalie Chahal (Miss World Inc)… I know that she even did a solo gig, can we expect a release of that stuff ?

Steven : The thing is, with Laura… She’s a perfectionist. So she wants it to be really really right. And in our band, she’s got fifty percent of the vote and fifty percent is me going « it’s fine, just let it go and just put it out » (laughing). It’s been like two years, I heard it, it’s fucking amazing, it’s totally different, it’s closer to Angel Olsen and stuff like that. It’s slower, like country music, storytelling songs, a lot of it has strings on it, it’s really cool. She likes to try different things. When you’re in LA, those things show up… When you’re doing something different, by your own, you bring that back in, it’s cool cause we’ve been in that band for fifteen years and we have ways, you’re following patterns and you don’t realize you’re following it and when someone tries something new, it becomes really interesting. I can hear that on the new record, I can hear we had time apart…

I didn’t realize that time apart was because of you guys being tired up of touring…

Steven : Yeah, we didn’t want it to be that long. We kinda hit a point where we wanted to stop. And we stopped. And we weren’t sure if we wanted to break up or not. And then we were like we’re gonna start another band with other people, with another name, and eventually we realize all we wanted was to change a lot of what we did. So we fired everybody, every single person we worked with, and the record label we were on, offered us a contract for another four albums and we just say « fuck you, we’re not doing it, we’re going on our own label » (laughing) which is more difficult.

Laura joins us and Steve, kindly, refers to our previous question and her solo projects…

Laura : Yeah, I think it’s because it’s really different to the band so… It takes me a while to figure it out, I’m a perfectionist cause I don’t have any real rush… But it’s going to come out. But we made an album and then Blood Red Shoes takes over and it’s more like a matter of timing and stuff as well. It’s gonna come out next year. Beginning of the next year.

More than a duo.

What about the creative process of the artwork, did Laura work on that too ? Cause I did an interview with Chris White from Wethreeclub (who did the previous artwork of your previous record) and he explained you were implied in this process and even showed me one of your drawings.

Steven : Yeah, he grew up with Laura, they’re friends since they’re teenagers. He did the fourth record, Laura did the first three herself. And in LA, she met a photographer who did all the St Vincent’s record (ndlr : « MassEduction ») which we thought was cool… Cause a lot of we did isn’t really bright or colorful… I mean like the idea having photography, being ourselves on the front cause we’ve never done it and having a vivid color and establish that as a look for the whole thing. The photographer, Nedda Afsari, is amazing !
Laura : We never were on the front cover and I wanted to be quite obvious we’re two. I thought Nedda would do well cause she uses films and everyone’s doing digital-really-glossy-looking but it still looks really vibrant and I thought that was cool to shoot some films. They aren’t so many shots so it had to be a good one. But originally, we were gonna do it in a hotel but I think it was better the way we did just with her. And there’s only one shot that really work for the front cover and that was that one. It was a bit scary cause she didn’t have any digital backup…

Steven : Yeah, once she’s done and you spent all your money, you’re like, what we have to use on this one (we all laugh). But it’s cool, it forces you to choose…
Laura : Yeah, definitely. If we had all the options, it would have taken forever but we were like « that’s the one ».

Did it change you artistically to be in LA ?

Laura : Yes, I think so. When we first come out as a band, we always wanted to tour in the States cause we always thought we were related to American bands. We’ve been growing up listening to Nirvana and that stuff. So we always thought we’d be out there more than we ever were but we always stayed in Europe/ And we always thought it would be cool to do a record in LA, everywhere you go change the vibe… We did our previous record in Berlin and it is quite hard, dark, harsh sounding and like ferocious and it suited the city. In LA, it was more like glossy, a bit more produced, quite a lot more produced…
Steven : Yeah, it’s not over produced as this previous record (laughs), there is no unleft food to cook…And it was like getting away from all the shit that was dragging us down. We couldn’t have done that in our city, everything felt new in LA. And you know, it’s huge but it’s tiny. Like when you find the right places, you just meet people like really fast. And you can make things happen. Because nobody’s bullshitting your time, nobody’s wasting your time. If you said someone I want to make something really cool, I want to do this this week, they’re like YES ! And it is so different from England (laughing).
Laura : And also « Get Tragic », the name, is some inspirement, cause they were some pretty tragic casualties there (they both laugh). Even if it’s kind a cliché to go to LA to make a record.

Do you travel a lot to LA since then ?


Steven : Yeah, Laura’s living there. So at the end of this tour, I’m gonna fly there so we can write the next album and it will be our place until it’s finished…


Thank you guys for your time, we really apperciate it ! It was a pleasure to see you again.
Thanks again to the band and Justine, their tour manager.