INTERVIEW – CRACK CLOUD

En 4 ans, Crack Cloud s’est fait une place au sein du circuit indépendant avec un style bien à lui. Collectif capable de produire sa musique, ses clips et l’ensemble de ses visuels, ils sont perpétuellement en mouvement et seront le 16 septembre à la tête d’un deuxième album nommé Tough Baby. On a donc parlé à Paris un jour de canicule avec Zach Choy et Mohammad Ali Sharar. Respectivement et principalement chanteur/batteur et guitariste/bassiste.

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Evolution.

Depuis le mois de mai, vous enchaînez les concerts. Les membres comme les chansons peuvent évoluer d’une tournée à l’autre. Comment préparez-vous une nouvelle série de concerts ?

Cela passe d’abord par la disponibilité. Quand on se retrouve, nous jouons selon nos envies et ce que nous voulons musicalement à ce moment-là. Chaque fois qu’il y a une nouvelle personne, les compositions changent généralement mais pas trop. J’espère que c’est aussi ce qui rend nos concerts intéressants, parce que tu ne sais pas à quoi t’attendre.

Tough Baby est votre deuxième album après Pain Olympics et votre style a encore beaucoup évolué. Comment fonctionne la répartition du travail au sein de l’équipe et comment avancez-vous aussi vite ?

Nous avons passé deux ans à travailler sur Tough Baby donc ce n’est pas aussi rapide que ça pour nous. Beaucoup de gens passent et beaucoup de souvenirs se développent et finissent par se retrouver dans cette sorte de manifeste. Nous aimons passer du temps sur la composition. Le plus souvent, nous cherchons des solutions pour certaines chansons qui ne viennent pas vraiment avant d’avoir vécu un peu plus longtemps. Ou il se passe quelque chose qui te permet de mieux la contextualiser.

C’est comme célébrer la vie et les expériences qui vont avec en étant capable d’écrire à travers ce qu’on peut voir comme des expéditions créatives, au sein d’un grand groupe de personnes. Si tu imagines un grand groupe de personnes réuni et vivant sous le même toit, à travailler sur un album pendant un mois ou même moins… Je pense que ce serait le chaos absolu. Je ne sais pas comment on pourrait faire ça. Mais c’est peut-être quelque chose qui finira par arriver…

Nous avons aussi passé deux ans sur Pain Olympics. C’est beaucoup de gens qui vont et viennent, participent à un morceau et potentiellement qui repartent. C’est vraiment comme ça qu’on souhaite fonctionner. Et tout d’un coup, deux mois avant la sortie du disque, nous avons quelque chose de complètement différent. Ce qui était là avant n’est plus, c’est comme ça que ça se passe.

Vous commencez avec une sorte de base de départ ou c’est complètement ouvert ? 

On commence avec une base. Le disque existe sur le papier avec une sorte de squelette. Des grandes lignes directrices que l’on peut étoffer au fil du temps. Il y a probablement six versions différentes de Tough Baby et ça peut paraître arbitraire rétrospectivement. On peut se demander pourquoi le disque prend cette tournure plutôt qu’une autre. On se laisse porter par notre instinct. Comme dans la vie, ta perception des choses change. Il en va de même pour la musique et la composition. 

Tough Baby, le titre de l’album, est un excellent aperçu de ce que l’on peut trouver dans l’album lui-même. Des voix féminines dès le début, un son plus large, des chœurs et un nouveau type de production. Comment avez-vous travaillé sur cet album ?

Sans donner trop de crédit au COVID, il n’y avait pas vraiment d’urgence à produire ce disque. Ce qui nous a ouvert beaucoup de portes créatives pour prendre notre temps, expérimenter et aller dans des directions que nous n’aurions peut-être pas prises autrement. En particulier sur ce morceau, qui a été le plus laborieux dans la mesure où nous l’avons construit, déconstruit et démonté plusieurs fois. Au final, vous entendez le Frankenstein de tout ça. Comme tu l’as dit, c’est un peu un instantané de l’album complet et en faire la chanson titre permet de dire aux gens que le propos risque d’être décousu. C’était un peu l’intention à la fin et la raison pour laquelle nous nous sommes sentis à l’aise à être aussi théâtraux.

C’est pourquoi c’est très utile de poser les bases dès le début et de savoir où l’on va. C’est plus pratique pour garder une cohérence et une authenticité au sein de l’album et éviter d’avoir des morceaux isolés. 

« Mais quand tu passes autant de temps avec quelque chose, le produit fini est juste la preuve de là où tu es à ce moment-là et de ce qui te satisfait. Deux ans, c’est assez long pour vivre avec quelque chose. »

Comme vous l’avez dit, il y a deux ans de travail et des chansons inachevées en cours de route. Y a-t-il beaucoup de chansons terminées qui ne figurent pas sur l’album parce qu’elles ne s’y prêtaient pas ? 

Il y a des sections entières de cuivres que nous avons coupées. Il y a beaucoup de pertes, peut-être dues à la folie de la production. C’est subjectif. Pour certaines personnes, l’album aurait pu être plus optimal ou plus intelligible de telle ou telle façon. Mais quand tu passes autant de temps avec quelque chose, le produit fini est juste la preuve de là où tu es à ce moment-là et de ce qui te satisfait. Deux ans, c’est assez long pour vivre avec quelque chose. Dans la vie, on veut évoluer, on veut passer à autre chose. C’est un instantané, c’est là où nous étions à ce moment-là. 

Dans une autre chanson, « Please yourself », le rythme est plus groovy et l’interprétation est assez vindicative. Parmi les thèmes de l’album sont la liberté, la volonté de liberté, la libération des chaînes. Vous avez également basé l’album sur des notes et des démos faites du père de Zach . Comment voyez-vous l’évolution d’un album à l’autre ?

Avant Tough Baby, nous avons beaucoup discuté de la possibilité de nous éloigner du cynisme et des thèmes plus sombres de Pain Olympics. Nous avions le sentiment que nous avions vraiment sorti ce qu’il fallait de notre système. Il y avait peut-être un peu de naïveté. Ce que j’ai appris, c’est que les squelettes sont dans le placard : même si vous voulez les effacer, ils resteront avec vous. Vous devez apprendre à vivre avec eux et opérer un changement d’esprit et de perspective. Ce disque est une tentative de lutter contre certains thèmes familiers que nous avons abordés dans le passé. Mais d’une manière qui est peut-être plus optimiste. On s’est sentis plus libérés, moins inquiets,réconciliés avec le passé et plus enclins à avancer vers l’avenir.

Cela nous a semblé être la direction naturelle si nous devions faire un autre album. De plus, on a eu la chance d’utiliser les démos du père de Zach au début, ce qui ajoute un sentiment de sagesse. Il y avait aussi l’idée de mettre au même niveau ce dont nous parlons et l’envie de s’exprimer.

 

Pain Olympics était votre premier disque mais j’ai lu qu’il était potentiellement le dernier au moment de la composition. En vous débarrassant de cela, vous avez plus d’espace sur ce nouveau disque pour d’autres choses. Notamment des ambiances cinématographiques comme sur Criminal.  Vous voulez vous attaquer aux bandes originales dans un avenir proche ?

Bien sûr, ça fait partie des choses que l’on a en tête. 

Avoir une plateforme et faire de l’art nous permet de faire ça. Il y a la notion de réconciliation constante avec soi-même. Comment dépensez-vous votre temps ? Quel genre de privilège est impliqué dans l’animation même ? En vieillissant, on se pose des questions fondamentales sur la mortalité. On est sur la route la moitié de l’année et on est constamment absorbé par nos propres émotions. Parfois on aimerait avoir un peu plus de pragmatisme dans sa vie. 

L’idée d’être capable de sortir de sa propre subjectivité et de se concentrer davantage sur des thèmes plus larges. Raconter des histoires qui ne sont pas ancrées dans nos vies personnelles est une perspective vraiment excitante. Et tout cet exercice avec Crack Cloud a été une courbe d’apprentissage qui nous a permis de développer nos compétences. La porte est toujours ouverte…

Entre les visuels, les vidéos et la musique : comment répartissez-vous le processus ? Pensez-vous à tout en même temps ou y a-t-il un temps spécifique pour chaque chose ?

Parfois, tout avance d’un coup et ça peut aussi être par étapes. On commence généralement par un thème. En raison de la nature du projet, il faut qu’il y ait une symbiose. Nous voulons que chaque chose se complète et se construise mutuellement. Parfois, à la ligne d’arrivée, on arrive avec un design cool, une esthétique, des couleurs, etc. Mais il y a définitivement une harmonie entre la musique, les visuels et les vidéos. La couverture en particulier est quelque chose de plus facile à déterminer après avoir écouté l’album. Comment représenter cet album à travers une seule image ? 

L’expérimentation, ça aide : tu fais quelque chose sur ton temps libre et tu ne penses pas que cela a sa place avec Crack Cloud. Tout à coup, il y a une connexion qui a du sens. C’est aussi basé sur les ressources que nous avons à disposition. Nous sommes plutôt DIY, nous travaillons avec ce que nous avons autour de nous. Nous pouvons être plus stricts sur une prise de vue, mais la plupart du temps, c’est sur le moment. C’est presque toujours un produit de notre environnement et des gens avec qui nous sommes.

Sur la pochette de l’album, on voit une chambre couverte de disques de Crack Cloud sur les murs et des posters du groupe également. Quelle est l’histoire derrière cela ?

C’est en rapport avec ma relation à la musique à 14 ans. C’est l’âge qu’a ma cousine Lisa sur cette photo. A cet âge, ma relation avec la musique était tout pour moi et m’a aidé à traverser des moments difficiles. Cette pochette, c’est la nostalgie de cette expérience spirituelle dans la chambre avec la musique. Et il y avait aussi une idolâtrie naïve de la culture à cet âge. D’une certaine manière, du moins dans la culture occidentale, on se forge vraiment une identité autour de la culture pop et de ce qu’elle nous apporte. Ajouter Crack Cloud sur la couverture était une caricature de cela. De la façon dont la musique peut être une grâce salvatrice pour les jeunes gens impressionnables. Elle peut aussi être une illusion, et la culture pop est très largement construite sur l’illusion. Et je ne dis pas ça négativement, c’est juste que c’est ce que sont ces plateformes. C’est une représentation d’idéaux. 

La chambre d’un ado est un espace sacré et c’est là que vous apprenez vraiment qui vous êtes à travers les médias, ainsi que via ce que vous avez traversé. C’est une partie de la philosophie de l’album.

Il y a aussi des thèmes dans l’album qui s’y rapportent, comme le fait d’être fan. Et aussi, ce qu’est Crack Cloud : est-ce juste un produit ? Une comédie musicale ? La pochette est aussi destinée à nourrir l’imagination autour de tout ça. 

 

En raison de la diversité de vos productions, il est vraiment difficile de savoir ce que vous écoutez ou consommez comme art en général. Qu’est-ce qui vous inspire en général ? 

C’est différent pour chacun mais pour moi, je suis tombé amoureux de l’escalade ces deux dernières années. J’aime ça parce que c’est silencieux et que la seule chose que l’on entend est le battement de son propre cœur.

Quelle est la dernière chose qui vous a fait rire en tant que groupe ? 

Les fois où on pense qu’on a fait un bon concert. C’était fun, on a bien connecté avec la foule, avec les autres sur scène et cela aide à rassembler l’équipe. Régulièrement, on court juste en quittant la scène. On sort de la salle une seconde après avoir joué et on commence à courir à toute vitesse. Jusqu’à ce qu’on s’arrête et qu’on commence à éclater de rire parce qu’on se rend compte de ce qui vient de se passer. Ces moments sont si purs. C’est instinctif : personne ne suit et personne ne mène la charge. Ça se passe juste naturellement. Ces souvenirs resteront toujours gravés dans ma mémoire. 

Récemment, nous avons joué en Italie : il y avait une plage, c’était la pleine lune et nous nous sommes baignés nus dans l’océan. Rien que le reflet de la lune et le fait de voir toutes nos têtes sortir de l’eau m’ont semblé iconiques. Le rire est une contingence pour nous sur la route, il doit se produire pour nous. C’est un lien et une façon de naviguer dans l’absurdité de tout ça. Cela se manifeste aussi beaucoup lorsque nous sommes dans le van. Lorsque nous manquons de sommeil ou que nous sommes épuisés sur la route, nous nous rapprochons les uns des autres et nous nous rappelons que nous sommes tous dans le même bateau. Cela arrive souvent. Ça se voit aussi dans ce qu’on fait où on essaie de se marrer et c’est rempli de second degré. 

 

Vous avez l’habitude de travailler au même endroit, en équipe, pour chaque projet. Pensez-vous parfois à changer cela ? 

Je pense que j’ai besoin d’un environnement contrôlé pour trouver l’articulation de mes idées. Mais ces idées viennent en voyageant, dans toutes sortes de lieux différents. C’est une accumulation qui mène à un point où je peux me retrouver à un endroit en particulier pour me concentrer.  

Dans la plupart des endroits que nous occupons, nous essayons que ce soit des espaces où l’on peut créer. Si nous vivons quelque part, nous avons une station ou un endroit où nous pouvons enregistrer quelque chose. C’est important pour nous d’avoir notre propre infrastructure. Comme Ali l’a dit, nous réaménageons toujours les pièces et les espaces que nous occupons pour faciliter différentes choses. Comme des fonds verts, de quoi faire de l’animation, etc. Nous n’habitons plus tous dans la même maison. Le fait d’être proches les uns des autres présentait de nombreux avantages. Maintenant que nous avons plus d’espace, tout le monde peut prendre un peu de répit, puis revenir ensemble et contribuer. Ça a été une évolution. Il y a quelque chose de vraiment charmant à descendre des escaliers et d’avoir quatre des membres du groupe. C’était bien le temps que ça a duré. La maison dans laquelle nous étions a été démolie, alors c’était comme un moment de transition. Nous sommes répartis entre Vancouver, Montréal et Los Angeles et les gens peuvent venir en avion.

La maison où nous avons écrit Pain Olympics est démolie, la maison où nous avons écrit les deux premiers EP est démolie. C’est aussi une sorte de testament de l’immobilier au Canada. Tout ce qui est bon pendant un temps finit par disparaître.

Dans vos prochains concerts en France, il y a le Super Cathédrale de Binic et la Route du Rock ?

Oui, nous jouons 6 concerts ici pendant l’été et avons eu la chance de jouer dans beaucoup d’endroits déjà en France : le pays semble aimer ce qu’on fait !

Crack Cloud avance vite et ne veut pas se répéter. Plus lumineux et diversifié que leurs travaux passés, Tough Baby en est la preuve et risque de frapper un grand coup dans cette rentrée.

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In 4 years, Crack Cloud has made a place for itself in the independent circuit with a style all its own. A collective capable of producing their own music, videos and visuals, they are constantly on the move and will be releasing their second album, Tough Baby, on September 16. So we talked in Paris on a hot day with Zach Choy and Mohammad Ali Sharar. Respectively and mostly singer/drummer and guitarist/bassist.

Since May, you are currently touring. Band members and the songs can evolve from one tour to another. How do you prepare the sets?

The first thing that comes is availability. Then, when we get together we play into our needs and what we want musically at that moment. Every time there is a new crew, the compositions change usually but not too much. I hope that’s a nice thing about coming to a Crack Cloud show is that you don’t know what you’re gonna expect every time.

Tough Baby is the second record after Pain Olympics and with every release, you are evolving at quite a fast pace. How does it work to split the job among the whole crew?

With Tough Baby, we spent two years working on it. So it’s not so fast-paced like within our own sphere of time in life and experience. A lot of people come through and a lot of memories are developed and plunger up in this manifest. We like to spend time on the music because more often than not, we’re seeking answers to certain compositions that don’t really come until you live just a little bit more. Or you have that relationship that it gets you to a place that you can contextualize.

That’s just like honoring the time in life, honoring the experiences. To be able to write and facilitate these creative expeditions, with a large group of people. If you were to imagine a large group of people meeting and living under one roof and you work on an album for a month or even less time: I think that would be absolutely chaos. I don’t know how we would do that. It’s maybe something that could happen one day…

Similarly with Pain Olympics, we spent two years too. It’s just a lot of time and a lot of traffic in and out. People coming in and out, laying something down on a song. It is the way we want it. And all of a sudden, two months before the record came out, we have a different composition. Something that was there earlier is not there anymore: it’s just the way it goes.

It starts with a sort of canvas or it’s open? 

We start with a foundation. The record exists on paper as a skeleton. And then having those story arcs, we then are able to flesh it out over time. There are probably six different versions of Tough Baby and it’s kind of arbitrary maybe looking back. You wonder why it took this turn as opposed to that turn. It’s just surrendering to the process of intuition as well as gut feeling. Like in life, your perception of things change. So does the music and the composition. 

Tough Baby as the title track is a great snapshot of what you can find in the actual record. Feminine vocals from the beginning, the wider sound, the choirs and the new type of production. How did you work on it?

Without giving too much credit to COVID, there was really this lack of urgency to produce this record.That opened a lot of creative doors for us to take our sweet time, experiment and go in directions that maybe we wouldn’t have otherwise. Specifically on that track where it was definitely the most experimental as far as how we built it, deconstructed it, took it apart a few times over. In the end, you’re hearing the Frankenstein of it all. As you say it’s a bit of a snapshot and I think this recognizes that as the title track for it to have that effect to give people a bit of an impression of how erratic the story is. It was a bit of the intention at the end and why we felt comfortable at being such a theatrical.

Laying down the ground at an early stage, defining the composition is very helpful. We can check the consistency, the authenticity, see where the story leads itself and feel if the song is more connected to the whole story line. It’s best to create a path for the album. 

As you said, there are 2 years of bits and unfinished songs in the making. Is there a lot of finished songs which are not on the record because they did not fit? 

There are entire brass sections that we cut. There’s a lot of casualties, maybe due to the madness of production. It’s subjective. For some people, the album could have been more optimal or more intelligible in this fashion or that. But when you spend so much time with something, the finished product is just where you are in that moment and what satisfies you in that. You just surrender. 

Two years is long enough to live with something. In life, you want evolution and you want to move on to the next things. It’s a snap, it’s where we were at that time. 

On another song, ‘Please yourself’, the beat is more groovy and interpretation is vindictive.Themes from the record are about freedom, the will of freedom, being released from chains. You also based the album from notes and demos made by Zach’s father. How do you see the evolution from one record to another?

Leading up to Tough Baby, we had a lot of conversation around pivoting away from some of the cynicism and the darker themes of Pain Olympics. We had the feeling that we really got what we needed out of our system. Maybe there was a bit of naivety. What I learned is the skeletons are in the closet: as much as you want to erase them, they’re going to be with you. You have to learn to live with them and operate a shift in mind and perspective. This record is an attempt at wrestling with certain familiar themes that we tackled in the past.

But in a way that is possibly more optimistic depending on how you interpret it. There’s a sentiment of more liberation, less brooding, more reconciling with the past and moving into the future.

That just felt like the natural direction if we were going to make another record. Also, we were lucky enough the sound bites we were lucky enough to use in the beginning Zach’s father demos which add a sense of wisdom. It’s less about what you’re speaking about sometimes as much as it is about expressing yourself.

Pain Olympics was your first record but I read it was potentially your last in your head. Getting rid of that, you have more space on this new one for cinematics tracks like Criminal.  You want to tackle soundtracks in the near future?

It’s one of our goals.

To have a platform and to be making art is the constant within the project. There’s this constant reconciliation with yourself. How do you spend your time? What kind of privilege is involved in even facilitating? As you get older too, there are basic questions about mortality. You are on the road half a year and you’re constantly engrossed in your own emotions, and sometimes you wish you had a bit more pragmatism in your life. 

The idea of being able to step outside of our own subjectivity and focus more on broader themes. To tell stories which are not grounded in our personal lives is a really exciting prospect. And this whole exercise with Crack Cloud has been just such a learning curve for us to develop our skills. Doors are always open for everything. 

Between the visuals, the videos and the music: how do you split the process? Do you think everything at the same time or is there a specific time for each thing?

We can create a big chunk of stuff musically and visually, or just baby steps. It usually starts with a theme to try to get there. Due to the nature of the project, it has to be symbiotic. We want each thing to supplement and build each other up. Sometimes at the finish line,you come up with a cool design, an aesthetic, color themes, etc. But there’s definitely a symbiosis between the music, the visuals and the videos. The cover specifically is something that is easier to determine after you’ve heard the album. How do you represent this album through one image? 

For the visuals and the music, they inform each other. Experimentation can help to: you do something on your own time and you don’t think it has a place with Crack Cloud and all of sudden, there’s a connection that makes sense. It’s based on resources too. We are pretty DIY, we’re working with what we have around us. We can be more strict on a shot but sometimes, it can be a running gun. It’s almost always just a product of our environment and the people that we’re with. 

On the cover, there is a bedroom covered with Crack Cloud records on the walls and bills from the band too. What is the story behind it?

For me, we’re going to my relationship with music at 14 years old, which is the age that Lisa is in that photo. She’s my cousin. My relationship with music was everything to me and helped me get through some hard times. It was the nostalgia for that spiritual experience in the bedroom with music. And also there was a naive idolization of culture at that age. In some ways at least in Western culture, you really form an identity around pop culture and what it provides you. To add Crack Cloud on the cover was a caricature of that. Of how music can be a saving grace for young impressionable people. It can also be an illusion and pop culture is very much built on illusion. And I don’t mean that negatively or positively, it is just that’s, that’s what these platforms are. It’s a representation of ideals. 

At 14 years old, the bedroom is a sacred space and where you’re really learning who you are through media, as well as what you’ve been through. That is the part of the philosophy behind it.

There are also themes in the album that relates to that, like the fandomness. And also, what is Crack Cloud too: is it just a product? a musical ? The cover is also meant to give imagination and how it can help to grow it.  

Due to your various works, it is really hard to identify what you are listening or just consuming as art in general. What is inspiring you in general? 

It’s different for everyone. For me, I fell in love with rock climbing over the last couple years. I love it because it’s silent and the only thing that you can hear is your own heartbeat.

What is the last thing that made you love as a band? 

There’s a lot of times we can play a really successful and fun show: we’ve connected with the crowd, with each other on stage and it helps getting the crew together. Sometimes we sprint like we would run after our show. We just get out of the venue like a second after we play and we start running full speed. Until we stop and we start just giggling and laughing because we just did it and we all had a fun ride. These moments feel so pure to me. it’s an instinct and no one’s following and no one’s leading the charge.  it’s just happening naturally. These memories always stick with me. 

Recently we played in Italy: there was a beach, it was full moon and we went skinny dipping in the ocean. Just the reflection of the moon and seeing all of our heads bop seemed iconic. Laughter is a contingency for us on the road, it has to happen for us. It’s a bond and a way to navigate the absurdity of it all. Comedy is always in the air for us and it manifests a lot when we’re in the van. Whenever you are sleep deprived or when we’re burnt out on the road, we relate to each other and remind each other that we’re all in it together. It happens a lot. You can see in the art too which tends to be playful and filled with humor. 

You are used to working in one place, as a crew for each project. Do you ever think about changing this? 

For me, I think I need a controlled environment to find in my articulation of ideas. But these ideas definitely come from traveling, in all sorts of different spaces. It’s a cumulative effect that leads to a point where I can go into my space afterwards.  

Most places we occupy we allow it to be a creative space as well. If we’re gonna live somewhere we do have a station or a thing where you can record something. It’s important for us to have our own infrastructure. So like Ali says, we’re always re-purposing rooms and spaces that we occupy to facilitate different one things like green screen, animation, etc. We are not all in the same house anymore. There were definitely a lot of pros to being near each other. Now that we have more space and everyone gets to have some reprieve and then come back together and do stuff. It’s been an evolution. There is something really charming about running down stairs and having like four of the members. It was good while it lasted. The house we were in got torn down so it was like a moment to transition. We are spread between Vancouver, Montreal, Los Angeles and people can fly in and out.

The house where we wrote Pain Olympics is torn down, the house where we wrote the first two EPs is torn down. It’s also kind of a testament to real estate in Canada. Anything good for a minute disappears in a lot of ways.

Within the next stops in France, there are theSuper Cathédrale in Binic and La Route du Rock?

Yes, we have 6 gigs to play here through the summer and the chance to play in a lot of places already in France: the country seems to love our shit. (laughs)

Crack Cloud is moving fast and doesn’t want to repeat itself. Brighter and more diversified than their past works, Tough Baby is the proof and will hit hard.