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On n’avait pas eu l’occasion d’aller parler avec Enter Shikari depuis 2019. Entre temps, le groupe a sorti sa biographie autorisée Standing Like Statues, mais aussi un des meilleurs albums de sa carrière avec « A Kiss For The Whole World ». Alors que son EP compagnon « Dancing On The Frontlines » se profilait et qu’ils parcouraient l’Europe avec leur tournée la plus impressionnante à ce jour, on a profité de leur passage au Hellfest pour faire le point sur tout ça.
Félicitations pour votre dernière tournée, vous avez pu y jouer vos plus gros concerts et la production était incroyable. Vous aviez même incorporé des éléments narratifs sur certaines chansons. Comment avez-vous conçu un tel spectacle ?
Rob : Et bien, c’était ce mec ! (en pointant Rory)
Rory : Je m’intéresse de plus en plus aux visuels de concerts. J’aime ça, ça concerne la musique mais ce n’est pas directement de la musique. Je crois que j’ai dû m’occuper de six chansons sur la dernière tournée. Quand on réfléchit à nos visuels de scène, on essaye de créer autant de moments différents que possible. On ne veut pas juste nous contenter d’une vague couleur accompagnée de quelques flashs lumineux. Parce que tu peux faire tout ce que tu veux avec un écran. Il y a un moment où Rou tombe dans une des tours de LEDs et sur l’écran on peut le voir tomber dans de l’eau. On essaye juste de tout rendre interactif pour créer des moments mémorables.
Vous avez travaillé avec une société en particulier ?
Rob : On travaille avec notre production manager et sa femme qui a une compagnie de production : Pixeled. En gros on leur donne nos idées, ou ils nous apportent les leurs et on travaille ensemble pour réfléchir à ce qui serait le plus intéressant pour le public. C’était super fun d’avoir les grosses tours parce qu’au lieu d’avoir un simple mur derrière nous, ce sont des objets physiques avec lesquels on peut interagir sur scène. On cherche des façons de développer ça pour les utiliser différemment et que ce ne soit pas juste : « voilà la production pour la première chanson, et ce sera la même chose pour le reste du set ».
Et le budget joue aussi un rôle important. Parce qu’on n’a pas toujours les moyens de faire ce qu’on voudrait. Plus les salles sont grandes, plus on a d’espace à disposition et probablement un budget attribué à la production plus important. Maintenant notre production est devenue une extension de notre art, presque autant que notre musique. Donc pour quelqu’un qui viendrait à notre concert, il verrait bien plus que juste notre musique jouée live. Ça ajoute une nouvelle dimension à ce qu’on est en tant qu’artistes.
Maintenant notre production est devenue une extension de notre art, presque autant que notre musique.
L’an dernier vous avez eu votre premier album numéro un au Royaume Uni avec « A Kiss For The Whole World » alors félicitations pour ça aussi.
Rob & Rory : Merci.
Votre manager Ian Johnsen a été interviewé dans le livre Standing Like Statues et à la question de savoir si vous seriez un jour le plus gros groupe du Royaume Uni, il avait répondu qu’il pensait que ce ne serait pas le cas. Mais il avait justifié ça en expliquant que pour arriver à ce niveau-là, le désir de célébrité doit être l’objectif principal. Ça n’a jamais été le cas pour vous, mais vous avez quand même réussi à atteindre ce point-là.
Rory : Et bien je veux dire, tu vois, je pense que d’une certaine façon, en particulier quand tu es plus jeune, tout le monde pense « j’adorerais être célèbre ».
Rob : On n’est pas épargnés par l’envie d’être un gros groupe.
Rory : Oui, exactement. (rires)
Rob : Tout le monde recherche le succès. Tous les groupes aimeraient se retrouver en haut de l’affiche à un festival. Mais en même temps, on ne veut pas y arriver en sacrifiant notre art.
Rory : Oui, ça n’a jamais été une passion dévorante pour nous. Ça a toujours été une considération secondaire.
Tous les groupes aimeraient se retrouver en haut de l’affiche à un festival. Mais en même temps, on ne veut pas y arriver en sacrifiant notre art.
Dans Standing Like Statues il y a un petit chapitre consacré à la France qui est assez drôle pour nous parce que vous ne citez pas de noms, mais on sait tous de quelles salles vous parlez. A un moment vous parlez d’une « petite salle crade en sous-sol ».
Rory : Ouais ! (rires)
Rob : Je pense que si on avait joué là-bas une seule fois ça aurait été un super concert et on en aurait gardé de bons souvenirs. (rires) Mais je pense que c’est le fait qu’on se retrouve à y retourner encore et encore… et ces toutes petites loges n’étaient vraiment pas pratiques. Et quand tu vois les autres pays progresser avec des salles de plus en plus grandes et qu’à chaque fois que tu retournes à Paris c’est encore la même salle… (rires) C’était frustrant, mais la dernière fois qu’on a joué à Paris on était dans un des plus beaux bâtiments où on n’ait jamais joué alors tu vois, Paris est OK maintenant.
Tu penses que vous avez enfin touché le public français ?
Rob : Oui c’est ça exactement, ouais.
Je crois que l’artiste qui s’est occupé de l’artwork de votre dernier album est français ?
Rory : Oui, Polygon !
Il a aussi réalisé certains de vos précédents clips. Comment l’avez-vous rencontré ?
Rory : En fait, c’est un énorme fan du groupe. Alors je crois qu’il nous a contactés en disant « j’adorerais travailler avec vous ». Je me rappelle que j’avais déjà entendu parler de lui avant ça et que j’étais moi-même un énorme fan de son travail, parce qu’il est incroyable. Il arrive d’une certaine façon à chatouiller le désir de ce que tu aimerais voir. C’est un de ces artistes qui arrive exactement à mettre le doigt dessus. Quand on a appris que c’était un fan et qu’il voulait vraiment travailler avec nous on était genre : « Yes ! C’est génial ! »
Au dos de l’album on peut voir que la forêt brûlée où pousse le lis de feu est en fait la même forêt qu’on a pu voir sur l’artwork de « A Flash Flood Of Colour ». Est-ce que ça a une signification ou est-ce que c’était simplement un petit easter egg ?
Rob : Je crois que c’était Polygon qui l’avait ajouté… mais je ne me rappelle plus exactement qui avait eu l’idée.
Rob : Je pense que Polygon a dû l’ajouter pour le fun, puis on a pensé qu’il y avait dans la musique de l’album quelques réminiscences de « A Flash Flood Of Colour ». Donc on a pensé que c’était un lien approprié. C’est toujours un truc sympa à faire pour les fans d’ajouter ces petits easter eggs ou ces rappels de nos travaux précédents. Rou place souvent des références à nos précédentes chansons dans ses paroles.
Thématiquement, l’album semble traiter de l’importance de la santé mentale. Vous en parlez beaucoup depuis « The Spark » et ce qui est arrivé à Rou, mais dans le livre Standing Like Statues, tous les membres du groupe se sont véritablement ouverts pour exprimer ce que vous ressentiez ou les dangers de l’addiction, ce qui peut nécessiter pas mal de courage.
Rory : Je pense qu’il est extrêmement important d’être aussi ouvert et honnête que possible, du moment que c’est avec des personnes en qui tu as confiance. En fait, je me rappelle que je faisais les interviews pour le livre, et c’est seulement dans une des dernières interviews que j’ai rassemblé le courage nécessaire pour en parler. Parce que je n’arrêtais pas de penser : « Mais dis quelque chose là-dessus ! » Mais et si les gens qui le lisent me jugent ? Je trouvais ça tellement difficile. Et au final j’en ai parlé et ça a fini en seulement un paragraphe. Mais ça me tenait éveillé la nuit alors que j’attendais que le livre sorte.
Rob : Je me rappelle que tu voulais qu’on l’enlève.
Rory : Ah oui ?
Rob : Ouais, tu nous demandais de l’enlever et j’essayais de te persuader de ne pas le faire, de le laisser dedans.
Rory : Ouais, à un moment je l’ai lu à mon psy et il était genre : « Oh non, c’est super ! » Depuis que le livre est sorti, pas une personne ne m’en a parlé.
Ah oui ?
Rory : Non ! (rires) Ça prouve que ces choses qui peuvent te paraitre si importantes, même quand tu les mets dans un livre… les gens n’en ont rien à foutre. (rires) Mais en bien, tu vois ce que je veux dire ? Tu vois, tout le monde a ses problèmes. Mais c’est bien d’assumer ces choses, parce qu’en général ce n’est pas aussi important pour les autres que ça l’est pour toi.
Ces choses qui peuvent te paraitre si importantes, même quand tu les mets dans un livre… les gens n’en ont rien à foutre.
« Dancing On The Frontlines », l’EP compagnon du dernier album, sort le 5 juillet. Vous y ramenez le Shikari Sound System et y rassemblez vos collaborations de ces deux dernières années : Wargasm, Cody Frost, Aviva, Jason Aalon Butler. Est-ce que vous pouvez nous dire comment ça s’est passé ?
Rory : On voulait que cet album ait beaucoup de collaborations, mais en gros, c’est tellement dur de faire faire quoi que ce soit à des musiciens, qu’au final on n’en a eu aucune. Alors on s’est dits qu’on pourrait peut-être avoir des collaborations post-album. Mais c’était certaines de nos tracks préférées alors on est contents qu’elles soient publiées.
C’était certaines de nos tracks préférées alors on est contents qu’elles soient publiées.
Maintenant que vous avez ramené le Shikari Sound System, quand est-ce qu’on peut espérer avoir une nouvelle chanson de Jonny and the Snipers ?
Rory : Il faudrait qu’on fouille de nouveau dans nos archives, parce qu’on n’en a pas encore retrouvé d’autres pour le moment.
Rob : J’ai récemment recommencé à prendre des cours de batterie, en batterie jazz spécifiquement. J’ai vraiment aimé ça alors peut-être que ce soir au milieu d’un gros beat heavy je glisserai un petit bout de jazz pour rendre les choses intéressantes, on ne sait jamais.
Merci à Enter Shikari et à Elodie et Romain de Singularités.
ENGLISH VERSION
Congrats on the latest tour, you played some of your biggest shows and the production was incredible. You even had some narrative elements for some of the songs. How did you conceive such a spectacle?
Rob: Well, it was this guy! (pointing at Rory)
Rory: I’ve been getting more into live visuals. It’s something I really enjoy. It’s music related but not directly music. I think I did about six songs on the last tour. When we’re thinking about our live visuals, one thing that we always try to think about is making as many moments as possible. We don’t just want a wash of color and flashes to play along with. Because you can do anything with a screen. There’s a part where we had Rou falling into one of the LED towers and then in the video screen it was him falling into some water. We just try to make everything interactive and memorable moments.
Did you work with a special company?
Rob: We work very closely with our production manager and his wife owns a production company: Pixeled. Basically we give them our ideas, or they come to us with ideas as well and we work together and think about what would be the most interesting for the audience to look at. Having the big towers was a lot of fun because instead of a wall behind us they’re physical objects we can interact with on stage. We look for ways that it can develop and we can use them differently so it’s not just like : “there’s the production for the first song and that’s kind of it for the rest of the set”.
And also the budget has a lot to do with it. Because we can’t always afford to do what we want to do. The bigger rooms means that we have more space to play with and probably bigger budgets to work production with. Our production now is an extension of our art, almost as much as our music is. So for someone coming to our show, they’re witnessing a lot more than just hearing our music being played live. It’s putting another dimension to what we are as artists.
Our production now is an extension of our art, almost as much as our music is.
Last year you got your first number one album in the UK with “A Kiss For The Whole World”, so congrats on that as well.
Rob & Rory: Thank you.
In an interview published in the book Standing Like Statues, your manager Ian Johnsen was asked if he thought that you could ever be the biggest band in the UK and he said no. Which he justified by saying that to get to that point the desire of being famous has to be the goal. For you it never was, but you still got there.
Rory: Well I mean you know, I think that everybody to an extent, especially when they’re younger, thinks “I would love to be famous”.
Rob: We’re not immune to wanting to be a big band.
Rory: Yeah, exactly. (laughs)
Rob: Everybody wants success. Every band wants to end up being at the top of the bill at a festival. But at the same time we don’t want to do that at the cost of our art.
Rory: Yeah, it’s never been an all-consuming thing for us. It’s always been a secondary consideration.
Every band wants to end up being at the top of the bill at a festival. But at the same time we don’t want to do that at the cost of our art.
In Standing Like Statues there’s also a little chapter about France which is pretty funny to us because you don’t actually name names, but we all know which venues you’re talking about. You talk about a “dingy little venue underground”.
Rory: Yeah! (laughs)
Rob: I think if we had played that venue once it would have been a great show and we’d have fond memories of it. (laughs) But I think it’s the fact that we kept going back and kept going back and that tiny little backstage room was just very difficult. And when you see other territories starting to progress into bigger rooms, nicer venues, and you keep going back to Paris and it’s the same venue… (laughs) It was getting frustrating, but the last time we played in Paris was in one of the most beautiful buildings that we’ve ever played in, so you know, Paris has now come back up and is OK.
Do you feel that you’ve got us now?
Rob: Yeah that’s it exactly, yeah.
I think that the guy who did the artwork for your latest album is actually a Frenchman?
Rory: Yeah, Polygon!
He also did some of your previous videos. How did you meet the guy?
Rory: He’s actually a massive fan of the band. So I think he got in touch with us and said “I’d love to work with you guys”. I remember that I knew of him before that and I’d always been a massive fan of his stuff, because he is incredible. He just somehow tickles some sort of desire of what you want to see. He’s just one of these artists that manages to nail it. When we found out he was a fan and really wanted to work with us we were like : “Yes! This is brilliant!”
On the back of the album we can see that the burned down forest where the fire lily grows was actually the same forest we saw on the artwork for “A Flash Flood Of Colour”. Is there a meaning to it or was it a nice little easter egg?
Rory: I think it was actually even Polygon who put that in… I can’t actually remember wo’s idea that was.
Rob: I think that Polygon may have added it in for fun and then we did think that in a lot of the music from this latest album there was some reminiscence from “A Flash Flood Of Colour”. So we thought that was a nice tie. It’s always a nice thing to do for fans to have those easter eggs or callbacks to our previous work. Rou often puts references to previous lyrics of his in later songs.
Thematically the album seems to be about the importance of mental health. You’ve really been vocal about that ever since “The Spark” and what happened to Rou, but in Standing Like Statues the whole band really opened up about your feelings and addiction, which really takes some courage.
Rory: I think it’s hugely important to try to be as opened and honest as possible, as long as you’re doing that with people that you trust. Actually, I remember I was doing the interviews for the book, and it was in one of the last interviews that I finally plucked up the courage to say something about it. Because I kept thinking: “Just say something about this!” But what if people are going to read it and judge me? I found it so difficult. And in the end I said something about it and it ended up being pretty much just one paragraph. And it kept me awake at night, waiting for the book to come out.
Rob: I remember that you wanted it cut out.
Rory: Did I?
Rob: Yeah, you were asking us to get it cut out and I was trying to persuade you not to, to leave it in.
Rory: Yeah, I read it to my therapist at one point and he was like: “Oh no, it’s great!” Since the book has come out, not one person said anything to me about it.
Oh yeah?
Rory: No! (laughs) That just goes to show that those things that feel so big to you, even when you put them in a book… people don’t give a shit. (laughs) But in a good way, do you know what I mean? You know, everyone’s got their own shit. But it’s good to wear these things, because it’s not as big a deal to other people as it is to you generally. It’s fine.
Those things that feel so big to you, even when you put them in a book… people don’t give a shit.
Your companion EP “Dancing On The Fronlines” is out on July 5th. On it you’ve brought back the Shikari Sound System and gathered all your recent collaborations of the past 2 years: Wargasm, Cody Frost, Aviva, Jason Aalon Butler. Could you tell us a bit how those happened?
Rory: We wanted this album to have lots of collaborations on it, but basically, musicians are so hard to get to do anything, that we ended up having no collaborations at all. So we thought that maybe we could have collaborations post-album. But they were some of our favorite tracks, so we’re glad they’re out.
They were some of our favorite tracks, so we’re glad they’re out.
Now that you’ve brought back the Shikari Sound System, when can we hope for a new song by Jonny and the Snipers?
Rory: We’d have to search through the archives again, cause there wasn’t any to be found so far.
Rob: I have actually been going back to drums lessons recently, specifically in jazz drumming. I’ve been enjoying that quite a lot, so maybe later tonight in the middle of a big heavy beat I’ll just slip a little jazz number in there to spice it up, you never know.
Thanks to Enter Shikari and to Elodie and Romain from Singularités.