Fidèle acolyte de Frank Carter depuis le début des Rattlesnakes, Dean Richardson s’est longuement entretenu avec nous sur leur cinquième album Dark Rainbow disponible le 26 janvier. Rôle de producteur, secrets de compositions et anecdotes de tournée à découvrir ci-dessous.
Ce disque est un changement de style : musical, visuel et même de coupe de cheveux ! Peux-tu revenir au moment où vous êtes mis au travail et ce qui vous a amené à cette orientation ?
Pour les quatre premiers albums, il n’y a pas vraiment de contexte. On se mettait dans une pièce avec aucun contenu en amont. Bien sûr, on a toujours des choses en tête liées à ce qui se passe dans nos vies ou notre humeur du moment mais on en avait pas parlé au préalable. On branche les instruments, ce qui doit se passer se passe et on se retrouve excités par l’énergie du moment qui se transforme en chansons. Nous n’avons jamais eu l’impression de rusher mais on avait vraiment envie d’avoir ces 10 chansons et de se dire qu’on avait un album à la fin.
Pour Dark Rainbow, la grande différence c’est que nous ne voulions pas démarrer le travail sans réfléchir à ce que nous voulions faire avant. Ce que nous voulions de différent par exemple. Ce qui est un vrai changement dans l’approche parce qu’il y a aussi quelque chose de beau dans le fait de se laisser porter par ce qui peut se passer dans le studio. Si on avait trop réfléchi avant de faire le premier album, on n’aurait peut-être pas réussi à le faire de cette manière.
Pour celui-ci, on était conscients avec Frank que c’était le cinquième album et on s’est demandés si on devait fonctionner à l’instinct ou se questionner. Ça n’a pas pour autant déboucher sur une grande décision ou des axes spécifiques.
Ça nous a surtout poussé à nous tester et à se dire que si nous avions déjà fait quelque chose, il fallait revenir en arrière et chercher à voir comment on pouvait changer ça. Nous voyons nos chansons un peu comme des cousins, on reconnaît les similitudes entre les différentes époques et on trouve ça positif. Mais on a essayé ici de faire en sorte que ça se voit moins et d’aller vers quelque chose de nouveau.
Un titre comme Brambles est assez emblématique des nouveautés par Dark Rainbow. Comment est né ce titre ?
C’est intéressant parce qu’elle a failli ne pas être sur l’album. La seule restriction que nous avions sur ce disque était l’enregistrement des batteries. On enregistrait dans ce grand studio, en termes d’espace. Pas forcément en termes de renommée. On l’a choisi parce que l’espace créée un son rock très massif. Par contre, la location était chère donc on avait peu de temps et on avait prévu d’enregistrer deux morceaux par jour. Sur cette base, Brambles n’était pas dans la liste des chansons mais nous avons fini plus tôt. J’ai donc demandé à Frank si on ne demanderait pas à notre batteur Gareth d’en faire une de plus. Quand il a fallu choisir un des titres restés sur le côté, Brambles est venu assez naturellement. Comme un heureux accident. Pour le moment, beaucoup de gens au sein de l’équipe nous disent que c’est le morceau représentatif de l’album.
Ce qui est drôle car ce n’était vraiment pas parti pour. On l’avait écrite une année avant de se mettre au reste de l’album. C’est assez fascinant qu’elle soit passée de vilain petit canard au statut de morceau préféré pour ceux qui ont pu écouter le disque en entier et choisi comme l’un des singles.
C’est le cinquième album du projet et tu es impliqué depuis le début de manière importante sur la création des morceaux et son identité générale. Comment votre relation avec Frank a évolué dans le temps pour arriver à ce que vous produisez aujourd’hui ?
Cela fait 9 ans et 5 albums que nous collaborons sur les Rattlesnakes et avant ça, j’ai failli rejoindre Pure Love. Au total, ça doit faire une douzaine d’années qu’on se connaît. Je ne pense pas qu’il y ait eu un changement dans notre dynamique à proprement parler mais nous avons beaucoup changé individuellement.
Quand nous avons démarré le projet, c’était évident que le succès qu’avait rencontré Frank avec Gallows faisait de lui le leader du projet. A cette époque-là, j’avais été dans des groupes à une échelle très DIY. On se demandait ce que les Rattlesnakes pouvaient être et on a suivi sa voie. Avec le temps et l’expérience qu’on a acquis ensemble, ca s’est équilibré entre lui et moi. Ca l’a amené aussi lui à tenter des choses qu’il n’avait pas essayé auparavant.
Avec Frank, on en parlait aussi récemment mais nous avons vécu énormément ensemble pendant tout ce temps et on a partagé nos vies personnelles. Des hauts et des bas, des choses que le public connaît, d’autres non. Tu arrives donc à un niveau de connaissance et d’intimité où tu n’as parfois pas besoin de parler pour savoir ce que l’autre pense. Ecrire de la musique ensemble, c’est un autre niveau d’amitié mais c’est basé aussi sur la vulnérabilité. On est complètement capable de se dire si l’on aime ou pas ce que l’autre propose dans le studio, sans avoir peur de la réaction qui suivra. Il n’y a pas de tension. Au début forcément, tu peux être mécontent si on n’aime pas un de tes riffs mais je sais qu’aujourd’hui on va être capable de prendre la remarque, d’écouter et d’essayer autre chose. Avant, lui ou moi aurions juste pu nous dire que l’autre ne voyait pas où on voulait en venir et s’arrêter là. En fin de compte, je ne sais pas si ça a une incidence concrète sur la musique mais c’est sûrement comme ça que l’on arrive à faire cinq albums ensemble. (rires)
Ca permet aussi d’être libéré en termes de composition parce que tu ne crains pas la réaction de l’autre. Tu n’es pas déjà en train de penser à la manière dont tu vas pouvoir présenter les choses pour avoir son adhésion. J’arrive aussi à un stade de confiance vis-à-vis des nouvelles choses que je suis capable de jouer. Et aussi d’être plus conscient de mon bien-être. De faire attention à ne pas se cramer, à ne pas trop en faire. Ca ne sonne pas très sexy mais c’est une réalité. J’avais tendance à croire que si Frank travaillait dur, je devais travailler encore plus dur.
Sur ce disque, nous avons eu tous les deux des moments où on s’est dits qu’on n’y arriverait pas ce jour-là en particulier et on pouvait compter l’un sur l’autre. Cela ne se serait pas passé sur End of Suffering par exemple. Nous ne sommes plus dans un rapport de compétition et c’est arrivé parce qu’on se respecte mutuellement. Dans le passé, cela pouvait nous servir d’émulation mais on n’a plus besoin de ça pour être productifs.
Sur Sticky, tu avais produit le disque. C’est encore le cas sur celui-ci ? Quels sont les défis que tu rencontres à ce poste-là au vu des évolutions permanentes de votre style musical ?
Le rôle de producteur est vraiment un travail et un challenge à part entière. Avec Frank, on compose les chansons en duo. Habituellement ensuite, tu as le producteur qui est une autre personne supposée questionner les compositeurs. Sur Sticky, le défi était technique. J’avais vraiment envie que le disque sonne bien. C’était la première étape.
Après, tu peux te permettre de questionner les choix musicaux. Comment l’album va sonner par rapport à ce que le groupe est censé donner en live ? Comment tu réussis à obtenir la meilleure performance de chacun ? Où cette chanson se situe par rapport au reste de l’album ? Toutes ses questions, je n’avais pas le temps de se les poser sur l’album précédent. Ce n’est pas un regret mais je sais que sur Dark Rainbow, j’avais réglé le défi technique donc j’ai pu m’atteler à ce type d’interrogation. Frank apprécie de se poser ce genre de questions et ça a rendu la collaboration sur ce disque plus intéressante et plus facile. Ca nous a manqué sur Sticky parce que j’avais peut-être un peu trop le nez dans les machines. Il est aussi moins soucieux du son en général et va plus se demander quelles émotions la musique va générer.
Est-ce que c’est tu veux produire pour les autres par la suite ?
Si tu m’avais posé cette question après Sticky, je t’aurais répondu non. Je trouvais que c’était trop de boulot. Maintenant que je suis plus à l’aise, j’adorerais. En plus, je n’aurais pas à jongler entre la composition et la production. Je ne pense pas que je produirais le prochain Rattlesnakes, on aura sûrement besoin de changement. Ce sera bénéfique pour moi également pour se challenger.
Quand je me suis mis à la production de Sticky, c’était en partie à cause des restrictions de la pandémie et aussi parce qu’on ne voulait pas avoir quelqu’un qui nous poussait à faire du punk. Ca nous a excité à l’époque d’avoir le champ libre et de pouvoir faire ce qu’on voulait sans influence extérieure.
Etre producteur du disque précédent nous a aussi permis d’avoir ces featurings car mon agenda était plus flexible.
L’ambiance de ce disque est plus tourné vers la séduction avec des paroles qui parlent de relations et clairement de sexe. Comment ça a influencé ton jeu de guitares ?
Très bonne question ! A l’origine, Frank et moi on compose séparément. 9 fois sur 10. Ensuite, on se regroupe, on échange sur nos parties et je me retrouve par exemple à trouver la musique qui va convenir à ses paroles. Pour la première fois, on s’est plutôt demandé quelle type de musique ce disque avait besoin. En fonction des paroles et des riffs que j’avais écris, ça nous a permis de donner une direction différente liée à l’humeur et l’ambiance que nous inspirait ce qu’on avait écrit.
Tu ne t’es donc pas entraîné ou a appris de nouveaux riffs pour ce disque ?
Non, c’est comme à l’époque de Modern Ruin qui était assez changeant par rapport au premier disque. Ca s’est fait naturellement et ca a son charme. Dark Rainbow ouvre une porte vers un nouveau style et j’aime bien l’idée de pouvoir reconnaître un disque par l’ambiance qu’il dégage.
Depuis le début du projet, vous vous engagez sur des sujets de société comme la place des femmes dans les moshpits, dans la musique en général et aussi sur la représentativité des genres. Est ce que tu vois une évolution depuis vos premières prises de paroles ?
Quelques années après nos débuts, j’avais l’impression que non. Aujourd’hui, c’est totalement différent : les choses ont vraiment bougées et ce serait fou de penser que c’est uniquement grâce à nous. Tu veux faire partie d’un mouvement qui va vers l’avant et ce que je vois comme changement majeur, c’est la présence des femmes à nos concerts. Au début, il y avait quasiment exclusivement des hommes. Pas seulement des hommes mais plutôt un type spécifique d’homme. Ce qui n’est pas un problème en soi mais c’était le cas. Maintenant, toutes les personnes sont représentées et c’est génial : la diversité amène la diversité.
L’autre changement, c’est la présence de femmes sur les scènes. Dans tous les styles de musique liés au rock. Dans le punk, ça a toujours été le cas et ça ne devrait pas être un sujet de discussion. Dans le rock en général, le genre est en train de se rattraper et c’est bien. Dans le métal, on voit une évolution aussi. Il y a des chanteuses mais c’est plus rare de trouver des femmes guitaristes. Tout ça est très important parce que pour que les choses bougent, il faut pouvoir se projeter. Et pour ça, tu dois voir les personnes sur scène pour croire que c’est possible. C’est pour quoi on essaie aussi de faire attention à ça pour nos premières parties sur les tournées prévues en 2024 où on essaie de se rapprocher d’un ratio 50/50.
Aussi, on ne doit plus trop insister pour que les femmes aient leurs places dans la fosse et ça, ca prouve un avancement. Il fut un temps où on entendait des insultes, des gens qui étaient contre et rendaient les interactions compliquées.
Vous êtes un groupe incroyable sur scène avec un bouche-à-oreilles extrêmement positif. Vous avez une tournée mondiale prévue entre les UK, l’Europe, l’Australie, les US et les festivals. Quel est l’endroit où tu préfères jouer ?
La réponse évidente est la France et c’est vrai. Une fois qu’un groupe comme le nôtre sort du Royaume-Uni, le premier pays qui vient en tête est l’Allemagne. Pourtant, c’est la France qui nous a donné rapidement les plus gros spots dans les festivals. Les Eurocks, le Download Festival, Rock en Seine, le Hellfest, c’est des moments spéciaux pour nous. C’était vraiment les premières fois où on a eu l’opportunité de jouer dans des endroits pareils et à des publics de cette taille. Sinon en Angleterre, j’adore Manchester. C’est l’endroit où je préfère jouer.
L’Australie, c’est quelque chose. On n’a pas encore eu l’occasion de jouer en Asie ou en Amérique du Sud mais en Australie, tu as vraiment l’impression d’être au bout du monde et chez toi en même temps. Il y a un lien culturel avec l’Angleterre, on a pu y jouer 4 ou 5 fois et se sentir à la maison quelque part fait toujours du bien. Rien que le fait de savoir où manger et de revoir des gens que tu as croisé là-bas font la différence.
C’était quoi le premier moment en tournée où tu t’es dit que quelque chose se passait ?
Il y a eu une époque où on commençait à remplir des salles de 200 personnes. Même si c’était dans une salle assez confidentielle, ça me donnait l’impression de passer un cap par rapport à ce que j’avais pu faire dans le passé.
Mais le vrai déclic, c’est la deuxième fois où nous avons joué à Reading. On avait joué une fois en milieu d’après-midi sur une petite scène mais là, nous devions ouvrir la scène principale le vendredi. J’y suis déjà allé en tant que spectateur à cette heure-là et normalement, tu ne vois pas grand monde dans le public car aucun autre groupe ne joue. Tu peux te retrouver avec 4000 personnes et c’est déjà très bien. Devant nous, il y avait 20 000 personnes et c’était incroyable. Même Frank qui peut avoir de grandes attentes était sur le cul. Ca nous a définitivement servi par la suite parce que des gens de l’industrie nous ont vu et ont entendu parler de notre concert. Et c’est aussi une étape personnelle puisque c’est le festival où j’allais quand j’étais plus jeune.
C’est la première fois que votre pochette d’album est une photo. Peux tu m’expliquer comment elle est arrivée là ?
Frank a été en charge de la direction artistique pour cette pochette. On a tendance à toujours le faire à deux. Sur Sticky, c’était plutôt moi. J’ai une expérience de designer graphique donc moins porté sur la photo. Là, Frank avait une vision très précise pour cette pochette. Elle n’existait pas mais il l’avait en tête et la description qu’il en faisait était étonnante. Un de nos amis, Ed Mason, l’a photographié. A la base, Ed travaille avec Architects. Il avait fait un magazine avec une série de tirages photos de petits bâtiments cachés dans la forêt en Finlande. Je suis tombé là-dessus, je l’ai envoyé à Frank en lui demandant ce qu’il en pensait et il m’a dit que ça convenait parfaitement.
Quelle est la chose qui t’as fait le plus rire avec le groupe en repensant au travail sur Dark Rainbow ?
Sans hésiter, notre bassiste Tank. Parfois, je me dis que c’est dommage que le monde n’est pas l’occasion de faire plus connaissance avec lui parce qu’il est hilarant. Il n’est pas sur les réseaux sociaux donc c’est un secret qui reste au sein du groupe. Au début de nos tournées, c’était aussi le conducteur de notre van. Au moment où on a commencé à enregistrer sur ce disque, c’était la cérémonie de couronnement du roi. On n’allait pas arrêter ou décaler la session d’enregistrement pour ça mais c’était dur de ne pas s’y intéresser. On a donc réussi à mettre une télé dans le studio pour qu’on puisse regarder sans le son tout en jouant. Tank s’est amusé à faire toutes les voix des gens qu’on voyait à l’écran. On a enregistré la moitié des basses du disque comme ça. (rires)
Ca fait du bien d’avoir ce genre de personnages parce que Frank, Elliot et moi pouvons être assez sérieux. On a besoin de Tank. Aussi en tournée, il est vraiment l’âme du groupe et celui qui amène l’énergie.
Avec Frank, vous avez des passions communes. Un jeu de cartes avec Halves, du tatouage et le design graphique : est-ce que ça a une influence sur la manière dont vous produisez votre musique ?
Quand on s’est rencontrés, j’étais designer graphique et Frank tatoueur. Lorsqu’on s’est dits qu’on allait faire de la musique ensemble, on s’est demandés si il fallait qu’on arrête ces autres activités. Au début, on se disait qu’on ne voulait pas nécessairement mettre tous nos oeufs dans le même panier si jamais la musique s’arrêtait du jour au lendemain. C’est en fait notre manager qui nous a encouragé à continuer de faire autre chose en disant que ça participait à notre inspiration. Ça nous permet aussi d’avoir nos univers distincts parce qu’on fait des choses très différentes et séparément, à part le jeu de cartes que l’on a sorti récemment. Avoir ces différents projets rend sûrement la collaboration sur Rattlesnakes plus facile car ce n’est pas notre seul travail artistique.
Ça permet aussi de tester de techniques et des envies différentes. J’aime beaucoup utiliser les technologies numériques dans mon travail visuel alors que Frank reste très analogique. Un exemple criant : j’utilise Google Agenda et lui, un agenda papier ! Il se peut que dans le futur on se retrouve aussi à avoir nos propres projets musicaux séparément et cela ne nous empêchera pas de se retrouver avec excitation pour les Rattlesnakes.
Même avec le ralentissement lié à la pandémie, vous avez toujours été super productifs avec des tournées non stop et 5 albums en 9 ans. Vous arrivez à composer sur la route ou vous ne vous quittez jamais ?
Personnellement, je ne le fais pas trop normalement car avec une guitare, ça réclame de la logistique.
Frank écrit beaucoup sur la route en prenant des notes sur son téléphone. Si je le vois écrire, j’ai aussi envie de pondre des riffs pour éviter d’être en retard et pour l’accompagner. C’est un effet domino. Quand on a démarré ce groupe, on s’est dit que c’était notre deuxième chance. Et Frank disait qu’on a rarement l’occasion d’en avoir une troisième.
Avec ce rythme, ça nous permet de toujours être sur le qui-vive, de ne pas perdre nos habitudes. En plus, on n’a pas de label qui nous dit que ce n’est pas le moment de composer pour un nouvel album. Avec AWOL, il y a bien sûr une période minimum où on ne peut pas sortir un album après une nouvelle sortie mais elle n’est que de 10 mois. Dans les majors, on se parle plutôt de deux ans sans écrire : ce qui nous paraît impossible. Cette productivité est donc en partie lié à une sorte d’indépendance et aussi parce qu’on n’a pas envie de gâcher notre chance.
Enfin, c’est surtout parce que c’est fun d’écrire ensemble. Nous n’avons pas de problème à trouver l’inspiration et c’est même personnellement une des parties que je préfère le plus dans mon travail.
Avec autant de disques, comment vous faîtes la sélection pour les sets à venir ?
On voit chaque nouvel album comme un don car ca nous permet d’avoir de nouvelles choses à jouer au public. Jusqu’au troisième album, on avait la place pour quasiment tous les morceaux qu’on voulait jouer. Maintenant, ça va devenir un cauchemar. Ou alors il faudrait faire comme les Foo Fighters et jouer pendant 3 heures. Mais on n’attend pas encore ça de nous et en plus on a pas le catalogue nécessaire pour tenir cette longueur-là ! (rires)
Pour le moment, on s’est dits qu’on allait jouer la totalité du nouvel album. Ce qui nous laisse 8 ou 9 titres pour le reste du concert avec une préférence pour End Of Suffering qui est celui qui partage le plus de similitudes avec Dark Rainbow. Ensuite, on devrait avoir un équilibre naturel qui se dessine pour la saison des festivals avec bien sûr une grande majorité des morceaux les plus populaires. Personnellement, je suis prêt à jouer n’importe quel de nos morceaux pour satisfaire le public. Même si j’aimais moins jouer tel morceau, l’important dans un live c’est la connexion entre l’artiste et le public et pour ça, tu dois choisir les chansons qui te permettent d’y arriver. Et ce même si ça met de côté certaines de mes chansons favorites. On a aussi parfois des surprises liées à des préjugés. On a tendance à croire que le public attend nos morceaux les plus agressifs mais en Europe et notamment en France, ils adorent End Of Suffering.
Pour cette prochaine tournée, on va emmener le public avec nous sur Dark Rainbow et on jonglera avec la partie du public qui a écouté ce nouvel album et l’autre qui est venue écouter un best-of.
La question la plus flippante pour finir : est-ce qu’il y a eu une fois sur scène où Frank t’as fait peur ?
Bien sûr, un million de fois ! (Rires)
Il faut savoir que Frank ait très conscient de ce qu’il fait en termes de capacité et de sécurité. Il peut avoir l’air un peu dingue mais il sait ce qu’il fait. A mon niveau, j’ai tendance à flipper quand je le vois grimper aux balcons dès les premiers morceaux de nos concerts et sauter dans la foulée. En général quand il grimpe sur des trucs, je ne suis pas serein. (rires)
On a aussi un historique vis-à-vis de ça puisqu’une fois à Berlin, on est sortis de scène en fauteuil roulant avec Frank. Lui s’était fait mal au dos et moi à une cheville. J’imagine que notre équipe sur le côté de la scène doit passer un mauvais moment parfois… Mais je ne m’inquiète jamais de ce que Frank peut essayer de faire.
Tu ne maîtrises pas toujours les réactions de la foule non plus. Il m’est arrivé une fois quand je suis allé dans la foule de slammer tout en jouant de la guitare et que mon pied tombe sur quelqu’un. C’est une piqûre de rappel. Même avec les meilleures intentions du monde, il y a toujours un risque. Pas de panique pour autant, la personne que j’ai touché a pogoté tout le reste du concert. Parfois, tu tombes aussi sur quelqu’un qui réagit de manière inattendue. Ça peut venir de la sécurité ou alors de quelqu’un du public qui décide de monter sur scène. Un concert, c’est un équilibre assez particulier où on essaie tous d’avoir un maximum d’adrénaline. Sauf le staff en charge la sécurité, ça on préfère éviter. (rires)