INTERVIEW – GEESE

En compagnie de Fontaines D.C et des IDLES sur Partisan Records, Geese est prêt à conquérir les salles avec un premier disque efficace et bluffant, Projector.

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Comment vous vous sentez après ces premières semaines de tournées et avant votre premier show français ?

Plutôt bien ! On sommes excités, ce concert va être une émeute ! Même si nous sommes très, très fatigués : c’est notre première fois ici en tant que groupe. Et on est très excités de faire la première partie de IDLES lundi prochain !

Question classique pour un premier disque : comment ça a commencé ?

Geese, dans sa forme la plus basique, a commencé quand nous avions 15 ans. On était juste des lycéens qui faisaient de la musique, pour le plaisir. En fait, ça n’a commencé que lorsque Foster nous a rejoints quand nous avions environ 17 ans. A ce moment-là, on écrivait des chansons qui allaient finir sur Projector. On s’est rencontrés soit au collège, soit au lycée. 

Facile ! Vous avez été signé sur Partisan Records et produit par Dan Carey. Une sacrée équipe ! Comment ça s’est fait ?

Naturellement. Chez Partisan Records, ils savent vraiment ce qu’ils font et ils nous apportent beaucoup de soutien. Cela a été très facile car ils nous disent simplement ce qu’il faut faire ou nous présentent des gens pour le faire. Parmi les autres labels avec lesquels nous avons discuté, ils sont les derniers à nous avoir contactés. Tous les appels avec eux se sont bien passés : ils comprennent vraiment ce que nous faisons et ils étaient enthousiastes, c’est ce que nous voulons. 

​​On peut entendre sur le disque que Projector a beaucoup de styles et d’influences. Comment avez-vous commencé le travail avant de vous installer en studio ? Comme le dit la citation, tu as tout le temps de ta vie pour faire ton premier disque…

C’est drôle parce que c’est exactement ce que mon père m’a dit. Nous étions juste en train de courir après ce que nous pensions être cool. On n’y a pas vraiment réfléchi. Il y avait de l’ambition, mais sans savoir ce qui allait se passer. C’était très innocent. Heureusement, nous avons fait tout cela avant que le COVID ne commence et la sortie a été reportée jusqu’à ce que tout soit bon. 

Quel est le premier souvenir que vous avez concernant le groupe ? 

J’ai pris le ruban qui est accroché à l’arrière du Windmill à Brixton ! Nous regardions toujours des vidéos YouTube de gens qui jouaient là et puis, nous sommes entrés dans la salle et j’ai pensé que c’était une chose cool. 

Un autre souvenir est celui du premier jour où nous avons écrit le morceau Projector, c’était la veille de la rentrée des classes. Juste avant la terminale, une partie du groupe était chez moi et on a trouvé un riff. Ensuite, on a marché jusqu’à un autre endroit et on a enregistré la chanson. Ce n’est pas vraiment un souvenir en soi, mais c’est surtout le fait de traîner ensemble, de faire le con dans un sous-sol, tout en écoutant de la musique. Et en enregistrant.

Mon souvenir préféré, c’est lorsque nous avons enregistré « Bottle » et qu’au début, Dominic était endormi. Ensuite, on l’a mixé. Une fois terminé, on écoute le morceau et Dominic se réveille. C’était enregistré à 3 heures du matin. C’est pourquoi c’est la chanson la plus calme du disque, car on ne pouvait pas la jouer à voix haute. 

Vous êtes toujours en train d’étudier ? 

Seulement Foster, c’est le plus sérieux. 

Le disque commence fort dès le début. On se le prend vraiment en pleine gueule et ça ne s’arrête presque jamais. Le son est propre mais on sent aussi la chaleur d’une performance live. Que peut-on attendre de la version live de l’album ? Et avez-vous déjà d’autres morceaux dans la setlist ? 

Nous avons de nouveaux morceaux. Et nous aimons jouer ces chansons, pour les laisser vivre et se marrer. Dans une version beaucoup plus bruyante. J’aime toujours utiliser l’anecdote de LCD Soundsystem qui dit qu’ils sont le meilleur groupe de reprises de LCD Soundsystem. Parce que cela fait presque deux ans que nous avons écrit les chansons et la façon dont je joue mes parties est différente. Mais ce sont toujours les mêmes chansons. 

C’est juste plus cathartique. Nous aimons aussi jouer des reprises, mais personne d’autre ne les aime. Pendant le festival Shaky Knees, nous avons été hués. (Rires)

Quelle est l’histoire derrière votre premier single, Disco ? 

Nous voulions faire une longue chanson avec de l’ampleur. En fait, nous avons commencé par deux parties séparées que nous avons ensuite mixées ensemble. C’était un peu effrayant de sortir ce premier titre. Une discussion avec Tim Putnam nous a permis de comprendre qu’il s’agissait d’un aperçu pertinent de l’ensemble de l’album, avec beaucoup d’émotions et de sections différentes.

Comment avez-vous travaillé pour la couverture et tous les visuels qui vont avec ?

(Le chanteur s’y colle en français dans le texte)

J’ai imaginé la couverture et ensuite, nous avons travaillé avec un ami pour la réaliser. Il a dessiné pour illustrer chaque chanson. Le gars sur la pochette, c’est Foster : on l’a photographié dans les bois : il faisait froid et il y avait beaucoup de prises de vue. On avait de la peine pour lui ! Tous les dessins ont été réalisés par le même artiste. Nous avons ajouté un poème. Nous avions fini le disque et nous avons essayé d’intégrer un contexte visuel. C’était un défi intéressant car nous n’avions pas pensé avant à une sorte de campagne pour lancer l’album.

Vous pouvez voir tous les dessins, animés sur Spotify et le résultat est cool. 

Autre sujet, vous êtes de Brooklyn. La scène rock a été principalement britannique ces derniers temps avec IDLES, Fontaines D.C ou Shame pour n’en citer que quelques-uns. Y a-t-il une scène de Brooklyn que nous ne voyons pas encore arriver ?

Ouais ! Gustaf vient de jouer ici, de sortir un album et c’est un groupe post-punk assez dansant. Il y a Bambara bien sûr, The Muckers, Native Son

Il y a des groupes bien sûr à Brooklyn, mais si tu compares à Londres, c’est beaucoup plus structurée. La future scène de New York n’en est qu’à ses débuts. Ils viennent juste de commencer, de sortir leur premier disque. Ce n’est pas aussi établi que ce que nous avons vu à Londres mais il y a beaucoup de musique. Je dirais que la scène londonienne est intellectuelle : à Brooklyn, c’est plus physique. 

Je pense que la scène britannique est également liée à la localisation du label et à la situation politique. Ils sont tous impliqués politiquement et mentionnent directement la politique et les conséquences du Brexit. Autre question, quelle est la dernière chose qui vous a fait marrer en tant que groupe ?

Nous étions à Londres. Et nous parlions à quelqu’un qui logeait dans le même immeuble que nous. Quelqu’un a demandé quel âge nous avions et notre manager était là. Il a 24 ans. Et j’ai dit en plaisantant que nous avions tous 19 ans, sauf Willy qui en a 18. Et pendant tout ce temps, elle posait des questions, à propos de n’importe quoi et Willie n’arrêtait pas de répondre, et de revenir sur le fait qu’il était mineur avec ça. Il a essayé de ne pas craquer. A un moment, elle était genre : « Donc si tu as 18 ans, en quelle année es-tu né ?” 

Il a répondu en 2001,ce qui n’a aucun sens.

Il a fini par lui montrer sa vraie carte d’identité en disant qu’elle était fausse. (rires)

Ca donne quoi de faire une tournée aux États-Unis sans avoir 21 ans ? 

C’est amusant. 

Nous avons joué dans une salle à Manhattan, nommée Berlin. Le gars qui dirigeait la salle nous a donné les accès et il nous dit : « Si je vois l’un d’entre vous tenir de l’alcool, je ferme cette merde et vous êtes tous virés ! » 

Ils sont très sérieux à ce sujet. Nous avons entendu des histoires horribles sur des groupes qui se sont fait payer des shots ou autre chose à leur propre concert et qui se sont fait virer avant de jouer. Et il y a d’autres endroits où ils s’en foutent. (rires)

Comment écrivez-vous vos chansons ? Avec une démo, en improvisant ? 

Ca dépend : Cameron arrive généralement avec une idée, quelqu’un a quelques parties ou une chanson complète. Ensuite, nous savons qui va jouer quoi. Lorsque nous entrons dans la pièce, cela dépend de nos styles de jeu et de notre personnalité. La version finale finit par être assez différente et sonne comme une fusion de votre vision.

Sur « Disco », c’était « voici ce que tu dois faire ». 

Mais sur « First World Warrior », Cameron avait un riff et nous avons fait la chanson entière avec seulement 3 personnes. Maintenant, nous pouvons injecter nos personnalités dans les chansons en live. C’est pour ça qu’elles ont tellement changé en live, parce que nous sommes plus disposés à tout mélanger. La façon dont nous jouons Disco sur disque est différente de la façon dont je le fais en personne parce que j’ai enregistré la guitare le jour même où je l’ai apprise. Ensuite, quelques années ont passé à la jouer…

Geese a joué son premier concert en France à L’Internationale, la salle était bondée et le groupe était déchaîné ! La version album a été déchirée pour une virée folle, incluant des reprises, des rappels et des breaks façon At The Drive In qu’on n’avait pas vu venir. Moins d’une semaine après avec IDLES à La Machine du Moulin Rouge, ce groupe va devenir énorme. Encore un grand merci à Marine et à PIAS pour l’accès à l’album, l’interview et la date !

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With Fontaines D.C and IDLES on Partisan Records, Geese is ready to conquer the halls with an effective and bluffing first record, Projector.

Your tour just started in the US a couple of weeks ago. How is it going? 

Pretty good! We are excited to be there, this show is going to be a riot! Even if we are very, very tired: it is our first time here as a band. And we are just very excited to open for IDLES next Monday for the surprise gig.

Classic question for a first record: how does it started?

Geese in his most basic form started when we were 15. We were just high schoolers making music, for the fun of it. Basically, only getting started when Foster joined when we were like 17. At that point, we were writing songs that would end up on Projector. We met either in lower school or high school. 

Easy peasy! You were signed on Partisan Records and produced by Dan Carey. Quite a great team! How did it happened?

Seamlessly. Partisan really know what they are doing and give us a lot of support. It has been really easy as they are just kind of telling us stuff to do or introduce us to people to do it. Among other labels we have been discussing with, they were the last ones that came up to us. Calls with their people went well as they really get what we do and they were excited, that’s what we want. 

We can hear from the record that Projector has a lot of styles and influences. How did you start the work before settling in the studio? As the quote says, you have all the time in your life to do your first record…

 

It’s funny because that’s what my father told me the exact same thing. In fact, I don’t know. We were just sort of chasing what we thought was cool. We didn’t put that much thought into it. We were writing it from a very different perspective. There was ambition but not anything to the scale of what is happening, right? It was very innocent. Hopefully, we did it all before COVID started and the release have been rescheduled until everything was right. 

What is the first souvenir that you have regarding the band? 

I took the ribbon that is hanging in the back of The Windmill in Brixton! We were always watching YouTube videos of people playing there and then, we get into the venue and I thought it was a cool thing. 

Another memory is over the first day when we wrote Projector, it was the day before school started. Right before senior year and a part of the band were together at my place where we got a riff. Then, we walked all the way to another place to flush it out and actually recorded the song. 

That’s not really like a memory per se, but it’s mostly just a lot of us hanging out and having fun in his basement, listening to music. And also, making some music. 

My favorite memory is when we recorded “Bottle” and the start was Dominic, asleep. And then we were mixing it. Once it’s done, we are listening back and Dominic wakes up. It was recorded at 3 in the morning. This is why it’s the quiet song on the record because we couldn’t play aloud. 

Are you guys still studying? 

Only Foster, he is the serious one. 

The record starts right from the get go! Really in your face and it basically never stops. The sound is polished but we can still feel the warmth of a live performance. What can we expect from the live version of it? And do you already had some other tracks to the setlist? 

We have new stuff. And we do like to play these songs live for sure, to let them go out and have fun. In a lot noisier version. I always like to use the anecdote from LCD Soundsystem where they say they are the best LCD Soundsystem cover band. Because it’s been almost two years since we wrote the songs and how I play my parts is different. But it’s still the same songs. 

It’s just more cathartic. We also like playing covers but nobody else likes them. During the Shaky Knees festival, we have been boo’ed. (laughs)

What is the story behind your first single, Disco? 

We wanted to do a song, which was big and extended. Basically, we started with two separated parts we mixed together afterwards. It was scary a bit to release it as a first track. A discussion with Tim Putnam helped us to figure out it was a relevant sample of the whole record with lots of emotions and different sections.

How did you work for the cover and all the visuals that goes with it?

Explaining in French the whole thing.

I imagined the cover and then, we worked with a friend to achieve it. He drew to illustrate each song. The guy who is on the cover is Foster, we photographed him in the woods: it was cold and there were a lot of shots. Sadly for him! All the others drawings have been done by the same artist. We added a poem. We were making the record so trying to fit it into that context and it was an interesting challenge as we did not think before about any sort of campaign to launch the album.

You can see all the drawings animated on Spotify too and it looks great. 

Other topic, you are from Brooklyn. The rock scene has been mostly british lately with IDLES, Fontaines D.C or Shame just to name a few. Is there a Brooklyn scene that we are not seeing yet coming?

Yeah! Gustaf just came over here, they just released an album and they are a pretty dancey post punk band. There is Bambara of course, The Muckers, Native Son. There is bands playing in the Brooklyn scene but if you compare it to London, it’s definitely much more of a defined thing. The actual group of bands that hang out and play together in New York is still kind of like in its infancy of what? They are just starting, releasing their first record. It is not as established as what we saw in London but there is definitely a lot of music playing. I would say the London scene is intellectual: in Brooklyn, it’s more physical. 

I think that I the British scene is linked as well to the label localization and the political situation. They are all involved politically and directly mentioning politics and Brexit consequences. Other question, what is the last thing that made you laugh as a band?

We were in London. And we were talking to somebody who was staying in the same building as we were. Someone asked how old we were and our manager was there. He’s 24. And I said jokingly we’re all 19 except Willy’s 18. And then the entire time she was asking questions, just about whatever and Willie kept answering, and looping it back to how he was underage with this. He tried to not crack up. At one point she was like : “So if you’re 18, what year were you born in? He answered in 2001, which doesn’t make any sense.” 

He ended up by showing her his real ID saying it was fake. (laughs)

How is it to tour the US without being 21 year old? 

It’s funny. 

We played this venue in Manhattan called Berlin.The guy who was running the venue gave us access and he goes by: “if I see any of you holding alcohol, I’m shutting this shit down and all of you are getting kicked out!” 

They are pretty serious about it. We heard horror stories about bands that got bought shots or something at their own show and getting kicked out before they play. And there are other places where they don’t care. (laughs)

How do you write songs: With a demo, jamming? 

It depends: Cameron will usually come in with an idea, someone will have a couple of parts or a full song. Then, we know who’s going to play what. When we get in the room, it depends on our playing styles and personality. The final version end up pretty different and sounds like a nice fusion of your vision.

On “Disco”, it was like “this is what you do”. But on “First World Warrior”, Cameron had a riff and we made the whole song with only 3 people. Now, we can inject our personalities more to the songs live. That’s why they have changed so much in a live performance, because we’re more willing to sort of mix it all together. How we play Disco on record is different from how I do it in person because I just recorded the guitar the same day I learned it. Then, a couple of years went by playing it…

Geese has been playing its first live show in France at L’Internationale.The place was packed and the band was wild! The album version has been torn apart for a crazy ride, including covers, encore and At The Drive In style breaks we did not see coming. Less than a week after with IDLES at La Machine du Moulin Rouge, this band will become huge. Thanks a ton to Marine and Pias for the anticipated access to the record, the interview and the gig!