Les Local Natives étaient de passage à Paris pour un concert de chauffe à la Boule Noire avant la sortie de Sunlit Youth prévu le 9 Septembre. On est allés discuter avec Kelcey (chant) et Nick (claviers) dans l’après-midi dans les coulisses de la salle.
Voyages, voyages
La politesse pour commencer : comment allez-vous ?
Avec des pays comme la France, vous pouvez apprécier des stops. Comparativement aux US où le pays est énorme et nécessite à chaque fois des heures de trajets. Sinon après cette longue tournée pour Hummingbirds, vous avez fait quoi ?
K : La tournée s’est terminée en 2014 et ensuite on a commencé à travailler sur le disque en prenant des jours de studios en Malaisie dans un lieu qu’une connaissance du label possède. On a fait un concert là-bas puis on a enregistré 2 semaines dans ce studio : ça a été le début de tout. C’était génial : dormir, se réveiller devant une plage magnifique et ensuite aller au studio. Ca nous a influencé à sortir plus de notre zone de confort, d’écrire dans des situations différentes. Avant, on écrivait surtout à Los Angeles ou à Joshua Tree. Tu vois où c’est ?
Oui bien sûr ! J’y suis allé justement cette année lors d’un trip en Californie. Je suis un énorme de fan des QOTSA donc après être passé à L.A, je voulais faire un détour par-là.
K : Ah, tu me donnes le mal du pays ! T’es allé au Rancho de la Luna ?
N : Oui, apparemment le gars est assez à cheval sur son intimité et il a un bon gros flingue. Disons qu’il a sa manière de voir les choses et de comment gérer les lieux. C’est le Wild West ! (rires).
Bouger d’endroits nous a permis de sortir de notre routine mais aussi d’être plus productif. Au final, tu restes moins bloqué sur ta chanson et les idées viennent plus facilement que si tu restais bloqué dans la même pièce pendant une journée complète. Par exemple, on a écrit 8 chansons en une semaine pendant l’un des voyages. Ce qui nous paraissait impensable 8 ans plus tôt.
Comment vous avez fonctionné ? Enregistrer quelques parties pour tout remettre en place une fois rentrés ?
K : Quelque soit l’endroit, on était équipés d’un ordi, de quoi enregistrer ou au pire on louait du matériel pour le faire. On faisait aussi avec les moyens du bord : parfois il y avait des instruments, parfois non. Ce qui est dingue, c’est que nous arrivons à trouver l’album cohérent malgré les différents lieux et contextes dans lequel il a été enregistré.
Cela nous donne aussi la preuve que l’on est capables de sortir une chanson « Local Natives » quelque soit la configuration. Ce qui nous permet de faire plus confiance au moment et à nos envies plutôt qu’à un contexte d’écriture en particulier.
N : La mémoire fait bien les choses également. J’arrive à me souvenir que telle partie de batterie est issue de notre voyage en Thaïlande ou que cette guitare est arrivée lorsque nous étions au Nicaragua. C’est un espèce de collage au final parce qu’une chanson peut vraiment être fait de tous ses éléments.
L.A Roots
Quand avez-vous fini le disque ?
N : Il y a 2 jours. (rires)
K : En mars. Il nous restait ensuite le mastering. Tu as pu l’écouter ?
Oui, j’ai reçu un lien via le label il y a quelques semaines. Je l’ai vraiment aimé. Je dois avouer que la première écoute était assez déroutante et que je ne m’attendais pas à ce genre de son. Mais dès la deuxième écoute au casque, j’ai accroché. Rétrospectivement, c’est très cohérent avec le reste de votre discographie. On sent l’évolution sans la répétition. Mais je ne suis qu’à quelques écoutes. J’ai lu que vous aviez 50 chansons en stock pour cet album, bien plus que pour les précédents. Comment avez-vous fait le tri pour la tracklist finale ?
C’est notre troisième disque, on approche tous de la trentaine. Nous sommes plus à l’aise avec nous mêmes et dans nos capacités en tant qu’artistes. Nous n’avons plus à se taper la tête contre les murs pour savoir si la chanson tient ou si elle est faite pour être sur un album des Local Natives. On sait maintenant que dès que cette chanson est écrite par nous, elle sera légitime.
Je parlais récemment avec Fidlar de Los Angeles. J’y suis allé cette année pour un trip en Californie et je trouvais la ville déroutante. Immense, uniquement visitable en voitures, qu’est-ce que vous appréciez dans cette ville et quels sont les spots que vous appréciez ?
Mais oui, c’est une putain de ville gigantesque, tu ne peux pas tout voir ou explorer mais tu as besoin d’y trouver ton propre coin. Où es-tu allé ? T’as été à l’Est de la ville comme à Silver Lake ?
Un autre coup dans le rétro : à la sortie de Gorilla Manor, il y avait deux accroches qui ressortaient. La nouvelle sensation indie rock et LE nouveau groupe dont la scène de L.A avait besoin. Comment vous vous souvenez de cette période où tout a eu l’air d’aller très vite ?
Politique et rap en sauce
Vous vous êtes fait remarquer avec votre passage chez Conan avec le message sur la guitare à propos de Donald Trump. Les artistes américains (Father John Misty, Young Fathers,…) en parlent beaucoup sur scène cette année lors de leurs concerts : comment vous voyez ces prochains mois ?
Question nettement plus légère : vous écoutez quoi en ce moment ?
K : J’ai fait marrer tout le monde dans le van en faisant un rap à propos de l’Apple Sauce avec un accent anglais, pour imiter la dame qui nous accompagne et s’occupe de tout pour nous. Elle a trouvé ça marrant donc je me suis permis. (rires).