Quatrième round entre nous et Protomartyr à l’occasion de leur nouvel album, Formal Growth In The Desert. A la cool dans les locaux parisiens de leur label Domino, Joe Casey et Greg Ahee ont pu nous raconter les coulisses de la création d’un disque synonyme de renouveau et de plaisir retrouvé.
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Comment a commencé le travail pour le nouvel album ? Ultimate Success Today est sorti en mai 2020, juste après les premiers lockdowns et au milieu du COVID…
Greg : D’habitude, c’est un processus très défini. Tu fais l’album, tu fais la promo et tu pars en tournée plusieurs fois. À cause du COVID, la promo a duré une semaine et nous n’avons pas pu tourner du tout. Joe et moi avons été en dépression et nous n’avons plus parlé du groupe pendant un certain temps. Je n’étais pas intéressé à faire quoi que ce soit de créatif pendant environ un an. A un moment donné, nous avons pensé que le groupe était peut-être sur le point de se séparer ou que je ne serais pas intéressé par un autre album. C’était une période sombre.
Après un certain temps, nous avons parlé au téléphone et nous avons décidé de travailler sur quelque chose qui était sans enjeu et sans pression. Rebondir sur des idées sans même penser à faire des trucs à la Protomartyr.
‘Nous avons juste essayé de faire quelque chose de nouveau pour réinitialiser le groupe. Nous n’avions pas à nous mettre la pression et à sortir quoi que ce soit si nous n’étions pas satisfaits. C’était un bon point de départ.’
C’était en 2021 et il nous a fallu plus d’un an pour mettre de l’ordre dans tout ça. Nous avons utilisé cette période difficile comme un avantage pour appuyer sur le bouton « reset ». Cela a permis de briser un cycle et essayé de remettre les choses à plat.
Pour cet album, tu as commencé à écrire sur un piano et des synthés.
Greg : J’ai composé quelques musiques de films et cela m’a permis de retrouver une activité créative. Je ne sais pas comment cela fonctionne pour les autres, mais pour moi, il faut toujours du temps pour reprendre confiance. Il faut vraiment avoir confiance en soi pour écrire, car il y a tellement d’accords, de notes et de possibilités. Ce n’est pas difficile d’assembler tout cela, mais il faut avoir la confiance nécessaire pour savoir ce qui est juste ou non. Il m’a fallu beaucoup de temps pour retrouver cette confiance, alors j’ai commencé avec un ordinateur et des claviers. Mais ce qui a vraiment déclenché ce qui est devenu l’album, c’est un vol vers New York pour voir notre batteur Alex Leonard.
Nous y avons passé trois jours et nous voulions terminer au moins une chanson pendant cette période. Finalement, nous avions « Rain Garden », la dernière chanson de l’album, et 20 parties pour d’autres chansons. C’était le point de départ de toutes les autres chansons. À partir de là, j’ai écrit à la maison, mais nous avons aussi improvisé en tant que groupe. Sur la base des enregistrements que j’avais sur mon téléphone, le défi était plutôt de voir comment nous pouvions faire en sorte que les morceaux s’emboîtent.
‘Rain Garden’ est une chanson intéressante sur l’album, car elle fait très Protomartyr mais remplie des spécificités de ce nouvel album en termes de production et de rythme. Pour cet album, c’est la première fois que tu es officiellement coproducteur. Comment avez-vous décidé de le faire ?
Greg : Le travail en studio est toujours collaboratif. Ce n’est pas parce que je suis coproducteur sur celui-ci que je demande aux gens d’exécuter ce que je dis. Tout le monde lance des idées et nous savons tous ce que nous savons faire, nous nous faisons confiance. Je ne donne aucune idée à Joe, mais parfois nous demandons des rythmes différents ou nous essayons d’enregistrer les voix de cinq façons différentes. Nous nous guidons tous les uns les autres.
Alex a suggéré que mon nom soit davantage mentionné en tant que producteur, car c’est quelque chose qui m’intéresse davantage, peut-être pour d’autres groupes dans le futur. J’étais toujours dans le studio, discutant dès le début de la façon de façonner ces chansons avec Jake Aron, notre coproducteur. Nous avons passé beaucoup de temps là-bas à ajouter des éléments et il s’est chargé aussi du mix de l’album.
Joe : Jake était aussi impliqué que n’importe lequel des producteurs que nous avons eus par le passé. Mais Greg était vraiment le membre du groupe qui était toujours là avec lui. Nous jouons chacun notre rôle, mais il serait absurde que l’album soit produit par l’ensemble du groupe.
Joe, c’est le disque où tu m’as le plus impressionné dans ton interprétation. Tu as l’air très à l’aise et ouvert pour essayer des choses que tu n’as jamais faite avant. Je pense à des morceaux comme « Elimination Dances » et « Fun in Hi School » qui ont un nouveau flow. Ou encore « Fulfillment Center », qui est rempli de blagues. Ces morceaux sonnent très différemment de ce que vous avez déjà fait. D’habitude, tu arrives en dernier dans tout le processus d’écriture. Comment as-tu vécu l’enregistrement de cet album ?
Joe : C’est la première fois que nous avons autant de temps d’enregistrement. On entend toujours parler de groupes qui enregistrent pendant des mois et je ne sais pas comment ils font. Dans le passé, c’était deux jours pour la section rythmique, une semaine pour les guitares et j’avais deux jours pour le chant. Ici, nous avons eu deux semaines, mais nous avons commencé par la production sonore globale. C’était plus rapide que jamais et j’ai pu commencer à chanter très vite, puis revenir sur ce que j’avais fait. Au lieu d’écrire tout en studio sur la fin et de faire la première prise. C’était bien d’avoir le temps de faire plus d’efforts, je n’avais pas plus d’excuse. (rires)
Greg : C’était bien pour moi aussi d’avoir les prises plus tôt car j’avais la possibilité de construire des chansons autour du chant pour la première fois. Parfois, il pouvait chanter sur une mélodie faite de basse, de batterie et de guitares inachevées. Ce qui était beaucoup plus facile pour trouver ce dont la chanson avait besoin à la fin.
Joe : C’était aussi un peu flippant. Avant, j’avais des chansons qui étaient terminées et mon rôle était de mettre la cerise sur le gâteau. Sur cet album, il y avait plus de « squelettes » de titres et j’ai donc dû travailler davantage dessus.
Greg : Et j’ai pu mettre la cerise sur le gâteau pour une fois ! (rires)
Vous écrivez toujours vos textes en studio ?
La plupart du temps. J’avais 4 esquisses de chansons que nous avons tournées en Amérique. Je trouve que c’est plus intéressant d’un point de vue créatif d’être dans cet espace de travail, « Rain Garden » est par exemple un truc de dernière minute. Vous êtes plus à même de rebondir sur ce qui se passe et de répondre aux derniers changements musicaux.
Quels sont les thèmes de l’album ?
Joe : En sortant du trou dans lequel nous étions pendant la quarantaine, je pense que dans le passé, nous serions restés dans cette atmosphère d’anxiété. Pour cet album, je voulais discuter en chantant de la façon de sortir de ce trou. Sans donner de réponse directe et en disant que c’est la seule réponse et que je vais vous expliquer comment faire et comment mener une vie heureuse. Je ne sais pas comment faire. Il s’agit plutôt de gérer les séquelles et les différentes choses qui se produisent en général. On passe d’un endroit très sombre à un endroit plein de lumière et d’amour.
« C’est peut-être la première fois que les chansons de Protomartyr se résolvent d’elles-mêmes : nous avons été en quelque sorte les rois de la tension, sans jamais la relâcher. C’est la première fois qu’il y a plusieurs points de relâchement. Probablement parce que nous en avions besoin. »
Greg : Nous avons aussi écrit l’album précédent avant COVID, mais beaucoup de gens l’ont considéré comme prophétique. Nous pensions que ces choses étaient déjà là, mais que certaines personnes préféraient les ignorer. Il aurait été redondant de parler de choses que les gens ont déjà vécues ou sont en train de vivre.
Et la presse est devenue folle à propos de la maladie étrangère mentionnée dans Processed By The Boys…
Joe : Nous avons été bannis de la BBC à cause de cela. Je me souviens que pendant une semaine, j’étais super énervé parce que je ne savais pas qu’ils pouvaient faire ça. C’était vraiment un enchaînement de tragédies à cette époque.
Depuis septembre dernier, il est tellement appréciable que tous les groupes américains soient de retour en Europe. Ça m’a personnellement marqué sur le fait d’être reconnaissant sur la chance de pouvoir assister à des concerts.
Greg : C’est l’une des bonnes choses que nous avons peut-être tous apprises du COVID : apprécier le sens des choses. Sans les lockdowns, nous aurions tourné pendant 10 ans sans nous arrêter. Pour moi, à un moment donné, ça a perdu de son éclat et je ne l’ai plus beaucoup apprécié. Les annulations étaient horribles, mais une partie de moi était soulagée. Lorsque nous avons pu repartir en tournée, je l’ai apprécié à sa juste valeur, encore plus que lors des dix dernières années. J’essaie de ne plus considérer cela comme acquis.
Vous avez une tournée prévue cet été en Europe, non ?
Joe : Oui, nous allons être blasés très rapidement. (rires)
Notre première tournée est en Amérique. Il y a quelques années, nous pensions faire le pays d’un côté du Mississippi, puis de l’autre. Lorsque vous faites les deux côtés à la fois, même si c’est génial de voir toute la beauté de notre pays, c’est énorme ! Vous faites huit heures de route pour jouer un concert, puis la même chose pour en jouer un autre. Ca use n’importe quel groupe.(rires)
Vous allez tourner à 4 ou Kelley Deal est de retour ?
Joe : Elle a sorti un disque avec son groupe, qui est un duo. Et les Breeders jouent à Coachella et sont occupés à faire la première partie des Foo Fighters. » Kelley, tu veux jouer dans des stades avec les Foo Fighters ou dans le fond d’un bar punk merdique avec nous ? » Nous sommes encore en train d’essayer de nous organiser avec les calendriers.
Ce qui frappe toujours dans votre discographie, c’est l’attention portée au tracklisting. Le sens de la narration du début à la fin est toujours au rendez-vous.
Greg : Nous y pensons toujours pendant que nous écrivons. Cela peut changer, mais quand nous sommes sur une chanson, nous nous demandons quelle est sa place sur l’album. Une fois que nous savons que nous sommes sur le point d’écrire un album, nous travaillons toujours dans ce contexte. Lorsque la première chanson a été terminée, je l’ai envoyée à Joe et il a semblé l’approuver. Dès le début, nous savions que « Rain Garden » allait soit commencer, soit terminer l’album. C’était un peu comme la première ou la quatrième page de couverture d’un livre. Ce n’est que lorsque nous avons terminé « Make Way » qu’il est apparu logique qu’elle commence l’album. C’est amusant de jouer avec ça tout au long du processus et de voir comment ça va fonctionner.
Joe : Chacun a sa propre vision des choses. Pour celui-ci, Alex a beaucoup participé au séquençage en pensant à l’évolution des rythmes de batterie tout au long de l’album. Chaque membre du groupe a son propre point de vue, mais au final, nous sommes très doués pour faire des compromis. Par exemple, je pensais que « Polacrilex Kid » était au début de l’album et c’est pourquoi je chante « I’m back baby ». Après coup, j’ai pensé qu’il était encore plus drôle de la placer à la moitié de l’album. Ca donne une autre lecture des paroles : il faut du temps pour construire la confiance, en mélangeant le doute et la remise en question.
Greg : C’est toujours génial aussi quand il y a une chanson qui existe en tant que single mais qui trouve une autre place et une autre signification dans le contexte de l’album entier. C’est le but.
Je suis tout à fait d’accord pour ‘Make Way’, car je trouve qu’elle s’intègre mieux à l’album qu’en tant que single.
Joe : C’est peut-être une chanson déroutante en tant que single. Je pense que c’est une bonne introduction aux idées de l’album. Je suis heureux que l’un des prochains singles soit « For Tomorrow » : les deux morceaux avaient été écrits ensemble mais nous les avons séparés pour l’album. Cela rend l’enchaînement plus intéressant, car il y a une continuité.
L’album est très divertissant, du début à la fin. Parce qu’il y a toujours quelque chose de nouveau et de différent. En particulier entre ‘Elimination Dances’ et ‘Fulfillment Center’, où l’on sent les chansons rebondir les unes sur les autres. C’est peut-être votre album le plus accessible à ce jour.
Joe : C’est marrant parce que sur le dernier album, j’ai lu beaucoup de critiques disant que c’était notre album le plus sombre. Même s’il y avait des moments de clarté. Ce nouvel album a beaucoup d’énergie et de mouvement, nous aimons arriver à quelque chose de nouveau.
On a l’impression que vous vous amusez sur cet album.
Greg : Nous avons profité du fait d’avoir à nous remettre à zéro. Dans l’ensemble, le groupe a toujours été amusant, mais je me sentais épuisé. Ça nous a permis de nous rappeler pourquoi nous avons commencé ce groupe, et ça fait vraiment du bien.
Joe : Nous avions aussi la liberté de faire d’une chanson de Protomartyr ce qu’elle voulait. Nous n’avons absolument pas pensé à l’héritage de notre son, s’il y en a un. Lorsque quelque chose vous est enlevé, cela devient une source d’inspiration pour repartir à zéro.
Un mot sur la pochette, c’est quelque chose d’assez important pour toi Joe et c’est la première fois que c’est une photo faite par quelqu’un d’autre que toi. C’est Trevor Naud, responsable de vos dernières photos, qui s’en est chargé. Pouvez-vous nous expliquer sa signification ?
Joe : Je voulais qu’il le fasse car sur les 5 albums précédents, nous avions une solide cohérence avec une image comprenant une seule personne. Pour celui-ci, dès le début, j’ai eu l’idée de vouloir deux personnes. C’était presque devenu une blague : “Sur le prochain album, il n’y aura pas une mais 2 personnes !”
Lorsque le moment est venu de le faire, j’ai pensé à utiliser ma méthode habituelle de collage. Mais c’était une bataille interne entre avoir l’idée en tête et la réaliser. J’ai dpnc demandé à Trevor de prendre une photo d’une femme embrassant une statue avec ses bras, car je pensais que cela couvrirait certains des thèmes abordés dans l’album. Il a trouvé le modèle, a pris la photo, puis je l’ai imprimée et j’ai essayé de jouer avec l’arrière-plan pour ajouter du noir et blanc. Cela ajoutait une métaphore visuelle en rapport avec le passage de la lumière car c’est ce qui se passe entre le début et la fin de l’album. Les gens pensent que cette pochette est très différente des précédentes, mais je pense qu’elles sont assez similaires.
Je suppose que vous avez fait un livret complet pour le vinyle, comme d’habitude, n’est-ce pas ?
Joe : Oui ! Beaucoup de collages, j’adore faire ça, c’est amusant. Dans le groupe, nous avons tous des rôles. Greg est le producteur, Alex fait notre merch, notre bassiste Scott est notre technicien, il s’occupe de tout notre matériel.
Greg : Même si j’aime travailler sur le son et la production, je ne suis pas du tout un passionné de matériel. Scott collectionne les trucs et il s’y connaît très bien. Chaque fois que j’ai une question, je m’adresse à lui. Et c’est aussi et de loin le type le plus drôle du groupe ! (rires)
Ultimate Success Today était un album marqué par des collaborations. Y en a-t-il dans ce disque ?
Greg : Comme l’album était basé sur l’improvisation jazz, il était normal de faire appel à tous ces incroyables musiciens de jazz pour rehausser toutes les chansons. Ce qui s’en rapproche le plus sur ce nouvel album, c’est la pedal steel. J’avais écrit des parties pour la pedal steel, mais c’était plus pour combler ce que je ne pouvais pas faire à la guitare ou au synthé. Il y avait quelques chansons sans pedal steel et nous avons fini par jouer en tapant et en jouant avec des tonnes de pédales. A partir de là, Jake a pris le temps d’éditer comme il l’a fait dans ses productions avec L’Rain. Dans cette musique, il se passe beaucoup de choses et je n’aurais pas eu la patience de mixer quelque chose comme ça. Il a été capable de le faire en sculptant ce son et c’est ce pourquoi vous pouvez sentir la différence en écoutant les chansons au casque.
Comment avez-vous rencontré Jake ?
Greg : Comme d’habitude, le label et les autres artistes avec qui nous discutons nous donnent des noms et nous avons une liste de 4 ou 5 personnes. Bien sûr, nous avons aimé son CV pour son travail dans le rock, mais peut-être encore plus pour ce qu’il a fait dans des projets expérimentaux et pop. Lorsque nous nous sommes rencontrés au téléphone, il semblait avoir une vision similaire et ce qu’il était prêt à faire pour nous : ouvrir des possibilités en studio. Rapidement, nous avons compris que nous étions exactement sur la même longueur d’onde.
Joe : Et c’est aussi un ingénieur brillant avec la console d’enregistrement. La console sur laquelle nous avons travaillé était la plus grande que nous ayons jamais utilisée, car c’était une combinaison de deux cartes. Il a réussi à la faire fonctionner si facilement. La façon dont il enregistre la batterie est incroyable, avec 10 micros différents. Nous n’avons pas toujours tout utilisé, mais c’était génial de jouer avec les ambiances et d’avoir toutes ces textures à disposition.
Comme tu l’as dit Formal Growth in the Desert, c’est « un album joyeux de Protomartyr », quelle est la dernière chose qui vous a fait rire en tant que groupe ?
Joe : Lors de la dernière tournée, nous avions une soirée de libre à Los Angeles et nous sommes allés voir le dernier film de John Wick, en 4D X. Il serait peut-être logique que quelque chose vous touche lorsque John Wick reçoit un coup de poing, mais là, c’était le cas à chaque fois que quelqu’un recevait un coup de poing dans le film. Tu as de l’eau constamment projetée dans le visage. Les gens changeaient de siège quand certains étaient cassés, c’était n’importe quoi !
Greg : J’ai eu l’impression que le film durait 12 heures ! J’ai eu des bleus après et j’ai reçu un jet dans l’œil. Ce n’était pas une soirée de tout repos, mais c’était amusant. (rires)
Cet été, vous reviendrez en Europe pour une tournée des festivals. Où en êtes-vous dans la construction des futures setlists ?
Greg : Nous ne savons toujours pas si Kelley sera avec nous mais nous aurons certainement besoin d’un cinquième membre dans tous les cas. En tournée, je veux toujours apporter les meilleurs éléments de l’album en les ré-interprétant, car c’est amusant. Surtout pour celui-ci, car nous ne pourrons probablement pas emmener de pedal steel en tournée. Il va falloir les adapter. Nous n’avons pas encore trouvé de solution, mais ce sera la première chose sur laquelle nous travaillerons.
Tout en haut du rock indé depuis une décennie, les Protomartyr semblent prêts à repartir de plus belle avec un disque excellent et une joie de vivre qui fait plaisir à voir. Un grand remerciement à Jennifer et aux équipes de Domino France.
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With Formal Growth in The Desert available on June 2nd, Protomartyr was in Paris for a promo day. Joe Casey and Greg Ahee told us about the context and the construction behind this refreshing and joyful new record.
How did the work start for the new album? Ultimate Success Today was released in May 2020 right after the first lockdowns and in the middle of the COVID…
Greg: Usually, it’s a streamline process. You are doing the record, promoting it and going on tour multiple times. Because of COVID, promotion lasted a week and we couldn’t tour it at all. Joe and I suffered from separated depressions and we didn’t speak about the band for a bit. I wasn’t interested in doing anything creative for about a year. At some point, we thought the band was maybe about to break up or I won’t be interested in doing another album. It was a dark time.
After some time, we spoke on the phone and we settled on working on something which was low stake/ low pressure. Bouncing back on ideas without even thinking about making Protomartyr stuff. Just trying to do something new as a reset for the band.
‘We don’t have to put any pressure on ourselves and to release anything if we are not happy with it. It felt like a good starting point. It was in 2021 and it took more than a year to put these things in order. We used this horrible point as an advantage to push the reset button. Break a cycle and try to make things fresh again.’
For this album, you started to write on a piano and synths.
Greg : I scored a couple of scores for films and it got me active creatively again. I don’t know how it works for other people but for me, it always takes time to gain confidence again. You really need confidence to write as there are so many chords, notes and possibilities. It’s not hard to put all this together but you have to have the level of trust to know what feels right or not. It took a long time to get that back so I started on a computer and keyboards. But what really started what became the album is a flight to New York to see our drummer Alex Leonard.
We spent 3 days and we wanted to finish at least one song during this period of time. In the end, we had ‘Rain Garden’, the final song of the album, and 20 parts for other songs. It was the starting point for all the other songs. From there, I wrote from home but we also jammed as a band. Based on recordings I had on my phone, the challenge was more to see how we can make the pieces fit together.
Rain Garden is an interesting song on the record as it’s super Protomartyr but filled with the specificities from this new record in terms of production and pace. For this album, it’s the first time you are officially co-producing. How did you decide to do it?
Greg: The work in the studio is always collaborative. It’s not because I’m a co-producer here that I’m asking people to execute what I say. Everyone is throwing ideas and we each know what we are good at, we trust each other. I’m not giving Joe any ideas but sometimes we ask for different rhythms or we try to record the vocals in 5 different ways. We all guide each other.
Alex suggested we could put my name as a producer more because it’s something I’m more interested in doing, maybe for other bands. I was always in the studio room, discussing from the beginning on how to shape these songs with Jake Aron, our co-producer. We spent a lot of time there, adding subtle elements and he mixed the album too.
Joe: Jake was as committed as any of the producers we had in the past. But Greg was definitely the band member who was always there with him. We do our parts individually but it would be a non-sense to have the record produced by the whole band.
Joe, this is the record where you impressed me the most in your interpretation. You sound very comfortable and open to try things you haven’t done before. I think of tracks like ‘Elimination Dances’ and ‘Fun in Hi School’ which have a new flow. Or ‘Fulfillment Center’ which is full of jokes. In fact, these tracks sounds very new. Usually, you are arriving as the last one in the whole process. How did you feel for this record?
Joe: This is the first time where we had that time for recording. You always hear about bands who are recording for months and I don’t know how they do that. In the past, it was 2 days for the rhythm section, a week for guitars and I had 2 days for vocals. We had two weeks here but we started with the overall sound production.
‘It was faster than ever and I was able to start to sing and then go back on what I did. Instead of writing everything in the studio and going for the first take. It was nice to have the time to put more effort into it, I had no excuse. (laughs)’
Greg: It was nice for me too to have the takes earlier as I have the possibility to build songs around the vocals for the first time. Sometimes, he was able to sing on a melody made from bass, drums and unfinished guitars. Which was way easier to figure out what the song needs in the end.
Joe: There is also fear here as in the past, I had songs which were done and my part was like putting the cherry on top of everything. On this record, there were more skeletons so I needed to work more on them.
Greg: And then I was able to put the cherry on top for once! (laughs)
You are always writing your lyrics in the studio?
For the most part: I had 4 sketches of songs we toured in America. I find it more interesting creatively speaking to be in that workspace, ‘Rain Garden’ is for example a last minute thing. You are more able to bounce on what is happening and answer the last musical changes.
What are the themes of the album?
Joe: Coming out of the hole we were in during the quarantine, I think in the past we would have stayed in that mood of anxiety. For this record, I wanted to discuss through singing on how to get out of this hole. Not giving a direct answer and saying that this is the only answer and let me explain how you should do it and how to run a happy life. I don’t know how to do that. It’s more about dealing with the after effects and the different things which are happening in general. It goes from a very dark place to being full of light and love.
‘It’s maybe the first time where Protomartyr songs are resolving themselves: we have been the kings of building tension and not releasing it. This is the first time where there are a couple of release points. Probably because we needed it.’
Greg: Also, we wrote the previous record pre-COVID but a lot of people considered it as prophetic. We were thinking these things were already there but some people prefer to ignore them. It would have been redundant to speak about things people already experienced or are experiencing.
And the press went crazy about the foreign disease mentioned in Processed By The Boys…
Joe: We were banned from the BBC because of this. I remember during a week I was so pissed because I didn’t know they could do that. It was tragedy after tragedy at that time.
Since September, it is amazing now that all the American bands are back in Europe. We should be precautious about seeing live shows.
Greg: It’s one of the good things that we may all have learned from COVID: to appreciate things. Without lockdowns, we would have been touring for 10 years without stopping. For me at some point, it lost some of its luster and I didn’t appreciate it very much. Cancellations were horrifying but there was a part of me which was relieved. When we were able to tour again, it made me appreciate it in any way I had for the last 10 years. I’m trying to not take that for granted anymore.
You have an upcoming Summer tour in Europe, no?
Joe: Yeah, we are going to be jaded very fast. (laughs)
Our first tour is in America. Years ago, we were thinking about doing the country with one side of the Mississippi River and then, the other side. When you do both sides at once, even if it’s great to see all the beauty of our country: it’s big! You drive eight hours to play a show and then do the same to play another show. It sucks the life of any band. (laughs)
You will tour as a 4 piece or Kelley Deal is back?
Joe: She released a record with her band which is a duo. But The Breeders are playing Coachella and are busy opening for the Foo Fighters. ‘Kelley, do you want to play stadiums with Foo Fighters or play in the back of a shitty punk bar with us?’
We are still trying to figure out the schedules.
What is always striking through your discography is the attention to tracklisting. The sense of storytelling from start to finish is always on point.
Greg: We are always thinking about it as we are writing. It can change but when we are on a song, we are asking ourselves where it fits on the record. Once we know we have an album about to be written, we are always working within that context. When the first song was finished, I sent it to Joe and he seemed on board with it. Early on, we knew ‘Rain Garden’ was either starting or ending the record. It felt like a bookend. It was only when we finished ‘Make Way’ that it made sense that it should start the album. It’s fun to play with this through the whole process and see how it’s going to work.
Joe: Everyone has its own take. For this one, Alex has a lot to do with the sequencing as he was thinking about the evolution of the drum patterns through the record. Each band member has its take but in the end, we are really good at compromising. For example, I thought ‘Polacrilex Kid” was early on the record and this is why I’m singing “I’m back baby”. Afterwards, I thought it was even funnier to have this at the half of the album. It takes that time to build confidence, mixing with self-doubt and questioning.
Greg: It’s always great as well when there is a song which exists as a single but finds another place and meaning within the context of the whole album. That’s the goal.
I totally agree for ‘Make Way’, as I find it fits better on the album than as a stand-alone.
Joe: It might be a confusing song as a single. I think it’s a good introduction for the ideas of this album. I’m excited as one of the next single will be ‘For Tomorrow’ and they were written together, we ended up splitting them for the album. It makes it more fun with the sequencing as there is a continuity to it.
The album is super entertaining, from top to bottom. Because there is always something new and different. Specifically between Elimination Dances & Fulfillment Center where you can feel the songs bouncing on each other. It’s maybe the most accessible record yet.
Joe: It’s funny because on the last album, I read a lot of reviews saying it was our darkest album. Even with moments of brightness. This new one has a lot of energy and movement, we love to get to something new.
It feels like you are having fun on this record.
Greg: It’s us taking advantage of having to reset. Overall, the band was always fun but I felt exhausted. Using this as an opportunity to remember why we started this band and it has been really good.
Joe: We had the freedom to make a Protomartyr song whatever it would be. We totally didn’t think about the legacy of our sound, if there is any. When something is taken away from you, it becomes an inspirational tool to start over.
A word about the cover, it’s something that’s quite important to you and it’s the first time that it’s a picture made by someone other than you Joe. It’s Trevor Naud in charge of your last pictures who took care of that. Can you explain its meaning?
Joe: I wanted him to do it as on the 5 previous records, we had a solid consistency with an image with one person. For this one, early on, I had the notion of wanting 2 people on it. Almost as a joke. When it was time to do it, I thought about doing the usual collage I used to do. But it was a battle between having an idea in your head and making it happen. Then I asked Trevor to take a photograph with a woman embracing a statue as I thought it would cover some of the themes displayed in the record. He went away, found the model, took the picture and then I printed and tried to play with the background to add black & white to add a visual metaphor, as it’s what is happening from the beginning to the end in the record . People think it’s very different from the previous artworks but I think it relates to them.
I guess, you made a a full booklet for the vinyl as usual right?
Joe: Yeah! Lots of collages I love to do it, it’s fun. In the band we all have roles. Greg is the producer, Alex makes our merch, our bassist Scott is our tech guy in charge of all of our gear.
Greg: For much as I like the work on the sound and the production, I’m not a gearhead at all. Scott collects stuff and he’s very knowledgeable. Every time I have a question, I go to him. And he’s hands down the funniest guy in the band! (laughs)
Ultimate Success Today was an album marked by collaborations. Is there any in this disc?
Greg: As it was based on improvisational jazz, it felt right on the previous record to bring all these incredible jazz musicians and elevate all the songs. The closest on the new record will be the pedal steel. I had written parts for pedal steel but it was more to fill all I can’t do on guitar or synths. There were a few songs without pedal steel and we ended up playing on tap and messing around with tons of pedals. From this, Jake took time for editing as he used to do with L’Rain. In this music, a lot of things are happening and I would not have the patience to mix something like this. He was able to provide this by sculpting that sound and you can feel the difference by listening to the songs with headphones.
How did you meet with Jake?
Greg: Usually, the label and other bands give us names and you have this list of 4 to 5 people. Of course, we loved his résumé for his rock work but maybe even more for what he did on experimental and pop projects. When we met on the phone, he seemed to have a similar vision and what he was willing to do for us: open possibilities in the studio. Quickly, we understood he was on the exact same page.
Joe: And he is a brilliant engineer too with the board. The board we worked on was the biggest we ever worked on as it was a combination of 2. He was able to make it work so easily. The way he mic the drums is wild, with 10 different mics. We didn’t always use everything for sure but it was great to play with ambients and have all these textures available.
As you told Formal Growth in the Desert is a happy Protomartyr record, what is the last thing that made you laugh as a band?
Joe: On the last tour, we had an evening off in L.A and we went to see the last John Wick movie. On 4D X. It would maybe make sense if something was touching you when John Wick is punched but it was done whenever anybody in the movie was punched. You were shot in the face with the water constantly. People were switching seats as some were broken, it was wild.
Greg: It felt like a 12 hour long movie! I had bruises afterwards and I had a shot into my eye. It wasn’t a relaxing night but it was fun. (laughs)
This summer you will come back to Europe for a festival tour. Where are you on the construction of the future setlists?
Greg: As we still don’t know if Kelley is going to be with us, we will definitely need a fifth member. On tour, I always want to bring the best elements of the record with reinterpretation as it’s fun. Especially for this one as we probably won’t be able to bring a pedal steel on tour. We didn’t figure it out yet but it will be the first thing we will work on.