Les RENDEZ VOUS font leur grand retour avec leur deuxième album, Downcast le 24 mai. Rencontre avec Elliot et Max pour discuter des nouveaux morceaux et de ce qui vous attend en live.
Vous êtes restés très discrets depuis votre Cigale en 2020. Cela faisait donc quasiment 4 ans d’absence pour RENDEZ VOUS. Comment vous avez organisé vos retrouvailles ?
Elliott : Pour nous, cette Cigale c’était l’apogée avant une période de repos qui s’est éternisée avec le COVID. A l’époque, on a eu besoin de faire nos trucs chacun de notre côté où on a beaucoup tourné pendant 18 mois. On a refait de la production chacun de notre côté et Francis avait lui aussi son projet solo.
Max : Créativement, on n’avait plus grand-chose à dire avec RENDEZ VOUS après cette tournée donc on s’est mis en pause pendant un an. On avait besoin de renouveau.
Elliott : Après le COVID, on a recommencé à s’y mettre ensemble et l’album s’est dessiné comme ça.
DES SYNTHÉS AUX GUITARES.
Cet album est un changement radical au niveau musical, aussi bien dans la production que dans le son. A quoi vous associez ce nouveau cap ?
E : Ça s’est fait de manière assez organique. Dans le sens, où on n’écoute plus forcément la même chose que ce que l’on écoutait il y a 5/6 ans. Ça a donc influencé notre musique et on n’avait pas envie de dire la même chose qu’il y a 10 ans quand on commencé avec le côté cold wave.
E : On ne s’est pas dits qu’on voulait faire autre chose ou arrêter de faire un style.
M : On pensait avoir fait le tour de ce genre et des synthés notamment. C’est en faisant des démos que le truc s’est fait tout seul. On n’est pas du genre à trop conceptualiser à l’avance ce que l’on veut faire. On essaie plein de choses et au fil des bouts de morceaux, on trouve une certaine cohérence. C’est un processus assez classique et on avait envie de quelque chose de nouveau et d’excitant, ce qui nous donne l’envie de jouer de la musique tous ensemble.
C’est drôle parce qu’on découvre via les interviews le décalage entre nos deux albums. On ne s’en est pas rendus compte en faisant le disque.
Quand tu écoutes rétrospectivement le premier album, tu retrouves des similitudes en termes d’éléments musicaux ou votre capacité à désarticuler les morceaux. Musicalement, est-ce que ça vous a obligé à apprendre de nouvelles techniques ou à tester du nouveau matériel ? Une question qui vaut à la fois pour les instruments comme pour la voix.
E : L’approche de la guitare pour moi oui. Je ne suis pas le meilleur des guitaristes au sein du groupe et ce disque m’a poussé à mieux jouer.
M : Ça joue aussi pour la retranscription des morceaux en live. Avant qu’on répète les chansons pour la tournée, elles n’existent pas en version live. On enregistre tout de manière séparé. Maintenant qu’on doit les jouer, ça nous permet de voir l’évolution. Sur cette nouvelle mouture, on est 3 à jouer de la guitare. Avant, il n’y avait que Simon. Au moment de la composition, on pouvait sentir parfois qu’on allait dans des terrains qu’on n’avait jamais fait. Au chant, peut-être que Francis ‘chante’ plus qu’avant. Il a aussi toujours eu plus tendance à écouter des sons plus calmes et mélodiques donc naturellement, ça l’a amené à travailler différemment.
Il y a une vraie couleur shoegaze, voire grunge sur le disque. Est-ce que vous pouvez revenir sur le morceau qui porte le nom du disque, Downcast ?
E : C’est le dernier qu’on a fait. A un moment, on pensait avoir fini l’album et on trouvait qu’il nous manquait un truc.
M : Il y a eu plusieurs mois d’écarts entre les autres titres et celui-là. On a eu de ce fait plus de temps pour intégrer les évolutions. Quand on s’y est remis, on est arrivés sur une teinte années 2000 pour cette chanson que l’on ne retrouve pas vraiment sur le reste de l’album. Ce sera peut-être une indication pour les prochains morceaux, on verra.
On y retrouve aussi des balades comme ‘The House Has Burned Down’.
E : C’est une chanson qui tenait vraiment à coeur à Francis, c’est rare qu’il démarre des morceaux seul et c’est ici le seul qui est né comme ça. C’est un titre très personnel, sans qu’on puisse te dire clairement ce qu’il raconte. On avait de toute façon cette envie générale de ralentir les tempos, d’éviter de ne compter uniquement que sur la rapidité.
M : On n’a jamais écouté que des trucs énervés non plus donc ça se ressent maintenant. C’est un titre que Francis aurait pu faire tout seul pour le côté doux, mélodique et vaporeux mais les arrangements et la production sont propres à RENDEZ VOUS.
D’ailleurs, comment se passe aujourd’hui la composition d’un morceau de RENDEZ VOUS ? Est-ce qu’il y a eu un changement de process ?
E : C’est très électronique, tourné autour de la production. On travaille sur des boucles via nos logiciels. De basse, de guitare et on construit autour de ça. Au bout d’un moment, un morceau s’écrit. On n’est pas du tout dans une écriture rock où on va jouer ensemble ou séparément avec nos instruments.
M : Simon et Francis travaillent de manière plus ‘classique’ avec des instruments mais le reste du groupe a une approche plus ‘informatique’.
On est dans une époque où il se dit que la musique nécessite d’être productifs et présents constamment. Ça passe par des sorties régulières, des tournées, des featurings. Vous étiez vous absents depuis quelques années même si vous n’avez pas chômé. Est-ce que vous a fait peur ce retour ?
E : C’est partagé.
Ce qui nous a donné aussi envie de refaire des morceaux, c’est de voir que les gens étaient en demande. On voyait que les streams prenaient bien et allaient à la hausse, ça nous a motivé.
Forcément après les choses évoluent et on ne sait pas comment les gens vont réceptionner le disque. Il y a une partie du public qui risque d’être perdu mais c’est le jeu.
Le disque sort sur votre label Artefact, comme le premier. Comment voyez-vous ça ? Une structure pour vous ou vous le voyez aussi comme un moyen de soutenir d’autres artistes ?
M : On n’a pas une grande ambition là-dessus. C’est surtout un moyen pour nous de sortir nos albums de manière autonome et d’être libre de ce qu’on fait. C’est notre identité pour sortir les disques mais ça n’a pas de vocation à produire d’autres artistes. Avec WEDGE, on forme un bloc indépendant et c’est notre but.
Comment avez vous approché la partie visuelle de l’album ? On voit des clips/visualizers épileptiques.
E : Je gère cette partie-là et c’est juste que je kiffe produire du visuel. C’est important que ce soit un tout et j’ai moi-même était toujours attentif aux groupes qui proposaient un package. C’est super impactant d’avoir une identité visuelle cohérente. Avec les réseaux sociaux, tu as besoin de produire du contenu. Ça devient un jeu que je trouve drôle et je m’aide de l’intelligence artificielle. C’est devenu une sorte d’obsession. Comme on est assez exigeants sur ce qu’on veut, ça permet d’avoir un rendu qui satisfait tout le monde et plus facile dans la collaboration.
PAYER SA TOURNÉE.
Vous avez énormément tourné à la suite du premier disque. En Europe, notamment dans les pays de l’est mais aussi en Chine. Avec des jauges importantes, des contextes surprenants. Cette année, vous allez joué pour la première fois aux Etats-Unis ou en Amérique du Sud. Vous en retenez quoi de tout ça ?
E : On sait que sur certaines dates, on va jouer dans des festivals assez ‘Goth’. Ce qui va nous amener à jouer notre répertoire plus cold wave. Ailleurs, on va pouvoir se permettre d’être plus orienté guitares. Les Etats-Unis, ça va être une expérience nouvelle et on se dit que le pays pourrait être assez réceptif à l’album. On a hâte car on adore découvrir de nouveaux endroits. Tu te demandes toujours comment va réagir le public. En Chine, c’était très spécial. En Europe de l’Est, on a ressenti quelque chose, une connexion vis-à-vis de notre musique.
M : Via le streaming, on peut déjà avoir des tendances par pays sur les morceaux les plus écoutés. Par expérience, on connaît aussi les lieux où on suscite plus d’intérêt. A Paris forcément, on a toujours été très bien accueillis puisque le groupe est né ici mais en général en France, on garde d’excellents souvenirs. Même si notre musique est assez nichée en France.
Comment préparez-vous cette tournée ?
M : On est en train de la préparer, de faire le choix des morceaux et comment s’intègre le tout de manière logique et solide. Ce n’est pas si facile car on doit gérer les compromis. Ce qui nous excite actuellement, c’est de jouer les nouveaux morceaux mais on va bien sûr aussi en garder quelques anciens. On ne veut pas décevoir le public et on préfère jouer devant un public excité donc ce sera un équilibre à trouver, qui s’affinera sûrement au long de la tournée. Il y a eu aussi quelques dates l’an dernier où on a pu tester les nouvelles chansons.
Dans le rock, la scène française a aussi beaucoup évolué en 4 ans. Comment vous sentez-vous au sein de celle-ci et avez-vous senti du changement ?
E : Pour être honnête, on n’a pas l’impression de faire partie d’une scène. Sans snobisme, on n’a jamais eu cette impression et on a plutôt la sensation d’avancer seuls.Bien sûr, il y a des groupes avec qui on est potes, comme les Bryan’s Magic Tears et on adore ce qu’ils font. On va aussi tourner avec eux sur quelques dates.
M : La tonalité globale de la scène française ne nous fait pas spécialement tripper. On n’écoute pas forcément de musique française et il y a plein de trucs qu’on ne connaît pas non plus. Ça ne nous empêche pas d’aimer lorsqu’il y a un groupe qui poppe mais ça ne nous pousse pas à cultiver une sorte d’affinité. C’est aussi une question de rencontres.
E : A Paris par exemple, il y a eu une scène garage assez forte. Aujourd’hui, je ne crois pas que ce soit le cas dans un domaine qui soit proche de nous. Ce qui fait que lorsqu’on a organisé notre Release Party prévue à Paris au Point Ephémère le 24 mai, on a choisi de jouer avec des groupes qui ne sont pas en rapport avec ce qu’on fait. Il va y avoir Le Diouck en rap et d’autres artistes plutôt rap. On a choisi des artistes avec qui on est proches parce que le but, c’est de faire la teuf.
C’est quoi la dernière chose qui vous ait fait marrer en tant que groupe ?
E : Avant la sortie d’un disque, ce n’est pas la période la plus fun pour nous. Mais ça va venir, on n’est pas si chiants ! (rires)
De manière générale, on est sérieux quand on bosse. On est contents d’être ensemble mais on reste très focalisés sur le résultat. Le processus global de la création de l’album a été assez compliqué, notamment au niveau du mixage.
E : Ce sont des petites subtilités dans les productions qui font les morceaux. Les arrangements font déjà partie de la base des morceaux donc ce serait très difficile d’avoir un producteur qui puisse apporter une patte supplémentaire. Ça nous paraît impossible de déléguer la production.
M : Au final, c’est David Cukier qui s’est chargé de l’enregistrement et du mix. C’est l’ingénieur du studio Delta où on a enregistré. Ce disque nous a confirmé qu’on n’était plus capables de travailler à distance : on a essayé au départ de choisir des personnes qui étaient plus dans notre style musical mais la collaboration a été très compliquée. En fait par notre manière de composer, énormément de décisions sont prises au moment des démos. On sait ce qu’on veut et on aime bien le faire donc il n’y a pas vraiment la place pour quelqu’un d’autre.