The Soft Moon is Luis Vasquez. Pour sa dernière date de tournée européenne suite à la sortie d’Exister dispo depuis le 23 Septembre, nous avons pu discuter de ce cinquième album. Personnel, mélodieux et impactant, c’est l’un des disques de l’année pour un groupe qui ne ralentit pas.
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La tournée européenne se termine ce soir à Paris. Comment ça se passe ?
C’est dingue, j’ai l’impression que le premier concert de la tournée a eu lieu il y a un an. On a commencé en Allemagne, puis en Pologne et maintenant, ça fait 36 jours. C’est complètement fou. On joue tous les soirs, on n’a que 3 jours de repos pendant toute la tournée. (rires)
En parlant de villes, tu as l’habitude de déménager régulièrement et pour cet album, tu t’es installé dans le désert de Joshua Tree avec plus de liberté et d’espace. Ce qui a un impact direct sur votre voix et sur la batterie. Comment cette opportunité s’est-elle présentée ?
Après avoir vécu à Berlin six ou sept ans, c’était incroyable. Comme tout le monde le sait, c’est la fête tous les soirs. Après tant d’années, c’était trop pour moi. Je voulais tout le contraire et je voulais aussi rentrer aux États-Unis après avoir vécu si longtemps en Europe. J’ai toujours eu une sorte d’attirance pour Joshua Tree. Ce qui est étrange car j’ai vécu une petite partie de ma vie, pendant mon adolescence, dans un désert. À une heure et demie de Joshua Tree. Et je détestais ça, mais je ne sais pas pourquoi j’y suis retourné et j’ai eu l’impression de boucler la boucle.
Pour la première fois, j’ai pu jouer de la vraie batterie sans avoir à me soucier des voisins. Sur le premier album, je devais chuchoter parce que je ne pouvais pas déranger les gens. En fait, c’est drôle parce que ça m’a profité d’une drôle de manière et c’est devenu mon style en quelque sorte. Je suis parti parce que j’étais prêt à quitter Berlin, à retourner dans le désert et à voir comment ma vie a changé depuis l’époque où je détestais ce coin. Je l’ai apprécié un peu plus pendant presque deux ans et maintenant je suis à Los Angeles.
La première chose qui frappe à l’écoute d’Exister, c’est son ouverture en termes de son et de mélodie. A quoi associes-tu ce changement d’orientation ?
Ce qui s’est passé, c’est que je l’ai produit moi-même. J’ai décidé que je voulais reprendre le contrôle. C’est encore lié au fait de boucler la boucle. Le premier disque, je l’ai écrit et produit : je n’avais aucune putain d’idée de ce que je faisais. Ça marchait à l’époque et je me souviens qu’il y avait une sorte de tendance lo-fi. Captured Tracks sortait des disques lo-fi. Et c’est sur ce label que j’ai signé.
Avec Exister, je voulais tout faire moi-même et j’ai beaucoup appris au fil des ans. J’étais très attentif à la façon dont il sonnait, car je pense que la façon dont il sonne est tout aussi importante que les chansons elles-mêmes. Des petites choses comme les hi-hats ou si je les fais sonner plus fort, c’est de la personnalité. Pareil pour le mixage. C’est juste moi à la production, je m’expose davantage et aussi le fait de ne plus être contraint d’être dans un appartement. J’étais dans une maison, ce qui aide car le spectre du son y est plus large.
C’est ton album le plus personnel. Pour autant, c’est aussi la première fois que tu fais des featurings. Comment ça s’est passé ?
C’est intéressant parce que je ne voulais pas le faire. Mais de nos jours, cela fait partie des nombreuses tactiques à dispo pour faire connaître ta musique à un public plus large. Le label me l’a recommandé et a insisté.
Avec Fish Narc, je ne savais pas qui il était avant. Le label a dit qu’il était prêt à travailler avec moi. Puis, j’ai découvert sa musique, j’ai vraiment ressenti une connexion avec lui et maintenant c’est un de mes meilleurs amis. Bien sûr, c’est formidable de pouvoir rencontrer d’autres personnes et d’entrer en contact avec des gens qui n’auraient jamais entendu ta musique auparavant.
Même chose avec Alli Logout. En tant que chanteuse de Special Interest, ils sont l’un des groupes du moment sur la scène rock. Si je dois être 100% honnête, c’est l’industrie de la musique : la collaboration est bénéfique des deux côtés en donnant accès à notre musique à nos publics respectifs et il y a une pertinence dans l’association de nos deux musiques.
« Je voulais que les gens sachent que je mets une photo de moi enfant parce que c’est un disque très honnête. Très direct avec les auditeurs et transparent sur ma vie. »
Le processus d’écriture du disque a été particulier avec des événements familiaux liés à ton oncle qui se sont produits en cours de route.
Ouais, c’est pourquoi je porte ça (montrant une menotte sur son poignet gauche).
Il est sorti de prison après 40 ans de détention. Il n’aime pas que je porte ça, évidemment. Il en a probablement peur et je le porte comme un accessoire de mode. Mon oncle est la première personne qui m’a acheté une guitare alors qu’il était en prison. J’avais 12 ans et il était censé aller en prison à vie. Mais ils ont changé les règles : si tu as été en prison pendant un certain temps et que tu as atteint un certain âge, tu as le droit de sortir tellement les pénitenciers sont remplis. Maintenant, il a 67 ans. A sa sortie, il est venu à Joshua Tree et je vivais déjà là-bas. Il est un grand fan de ma musique et il est le seul à m’avoir soutenu en tant que membre de la famille. Et ce, depuis le début.
Cela a-t-il eu un impact alors que vous étiez au milieu du processus ?
En fait, j’avais presque fini l’album quand il est sorti de prison. On a commencé à parler profondément de la famille et j’ai découvert un tas de trucs dingues. Des trucs vraiment dingues que je ne détaillerai pas, mais qui concernent ma famille et ma mère. J’ai fini par laisser tomber quelques chansons et en écrire de nouvelles. Même la couverture de l’album a un rapport avec lui, sa sortie de prison et la révélation de secrets de famille.
C’était la première fois que j’avais de vraies conversations avec lui. J’avais l’habitude d’aller le voir en prison depuis que je suis tout petit. Mais ce n’était pas le même contexte, j’ai donc voulu écrire à nouveau. J’avais en tête quelque chose de conceptuel pour le disque. Je voulais écrire quelque chose de froid et de sombre. Finalement, c’est devenu un disque très émotionnel et j’ai mis une photo de moi enfant sur la pochette.
La raison pour laquelle j’ai choisi cette photo de moi est que lorsque toute cette merde est arrivée avec mon oncle, j’ai commencé à me déconnecter encore plus de ma mère. Et puis elle m’a envoyé la photo par courrier. C’était sa façon de me dire « je t’aime ». J’avais toujours cette photo mais je n’ai jamais ouvert l’enveloppe. J’ai écrit, j’ai fini d’écrire Exister et je ne l’avais pas encore ouverte. J’avais peur de l’ouvrir. Je ne savais pas ce que c’était et quand il a fallu travailler sur la pochette, j’ai essayé toutes sortes d’idées différentes. A la dernière minute, j’ai dit, tu sais quoi, laisse-moi ouvrir cette enveloppe et c’était la photo de moi.
Et je me suis immédiatement dit que c’était la couverture !
Tu es toujours en charge des pochettes, non ?
Bien sûr. Je voulais que les gens sachent que je mets une photo de moi enfant parce que c’est un disque très honnête. Très direct avec les auditeurs et transparent sur ma vie. Il est authentique, sincère et complètement dans le lâcher prise. Encore récemment, c’est quelque chose qui manquait dans la société. Maintenant, les gens s’ouvrent sur leur santé mentale et c’est tout à fait naturel.
C’est vrai que c’est encore nouveau et on le voit pour les artistes mais aussi pour les athlètes. En ce qui concerne l’écriture, tu creuses assez loin dans tes expériences, tes émotions, mais quelles sont tes autres sources d’inspiration ?
Le sabotage, sans hésiter.
J’ai l’impression d’être un peu à côté dans ce monde : je ne sais toujours pas ce qu’est l’amour, je n’ai jamais dit je t’aime à un membre de ma famille et vice versa. J’ai l’impression que je pourrais quitter ce monde à tout moment et que je m’en moquerais. Alors j’ai tendance à essayer de me faire ressentir quelque chose. Je me sabote en buvant beaucoup. Ce qui est mauvais et je ne le fais plus depuis que j’ai fini Exister. J’essaie juste de me pousser à ressentir des émotions très intenses, presque jusqu’au point de rupture. Peut-être au point de vouloir mettre fin à ma vie ou autre. Et ensuite j’écris. C’est torturé. J’aimerais que ce soit amusant pour moi d’écrire de la musique, mais jusqu’à Exister, c’était une chose très tortueuse car je devais me faire du mal pour écrire.
Il faut que tu arrives à un état où l’écriture est une sorte de solution.
Oui, une solution à la culpabilité, à la tristesse, à la dépression ou quoique ce soit d’autre. Mais je suis en train de clore ce chapitre avec Exister.
Tu travailles déjà sur de nouveaux morceaux ?
Non, pas encore. Maintenant, je me concentre sur la tournée parce qu’ensuite nous allons aux États-Unis. Une fois que nous aurons terminé la tournée, je commencerai à envisager la prochaine étape. Si je continue avec The Soft Moon, j’ai l’impression que la prochaine étape sera quelque chose de plus valorisant. Plutôt que d’essayer de trouver qui je suis. Maintenant, j’ai l’impression de savoir qui je suis.
Par rapport à ça justement, en 2021 tu avais sorti un disque solo sous ton propre nom avec A Body of Errors. Pour autant The Soft Moon est aussi ton propre projet. Comment tu dissocies les deux en termes de création et d’intention ?
Je sais que j’embrouille tout le monde. The Soft Moon est un projet, A Body Of Errors en est un autre et peut-être que j’en ferai un autre. Qui sait ?
Après 4 albums, j’avais besoin de faire pause avec The Soft Moon. Je voulais faire quelque chose d’un peu différent. Plus d’instrumental, expérimental et ça fait du bien. Quand tu es un artiste et que tu es coincé à faire la même chose… C’est la même chose avec les acteurs : si tu es un acteur comique, à un moment donné, tu en as assez d’être un acteur comique et tu veux jouer un rôle dramatique. C’est la même chose avec la musique. Je voulais juste faire un pas de côté. Je veux aussi montrer que je peux faire d’autres choses musicalement.
Avec Exister, chaque chanson est presque un genre différent d’une certaine manière. C’est du Soft Moon, bien sûr. Mais il y a un morceau techno, un trash punk avec Stupid Child, j’aime juste être créatif et partager d’autres parts de moi-même.
Sur chaque projet, c’est toi qui es au premier plan. Avoir un autre nom t’aide à te mettre dans un autre état d’esprit.
Bien sûr, et en fin de compte, je veux juste que les gens sachent que j’aime vraiment la musique et que je ne veux pas être catalogué dans la scène dark wave ou EBM. Ce qui est génial car j’aime ces scènes et j’aime cette fanbase. Ils sont très loyaux. Mais je suis, et je peux faire, plus que ça.
On peut entendre sur l’album que tu voulais faire quelque chose de plus mélodique ou de plus dansant en fonction des morceaux.
Dès la première chanson, Sad Song, c’est la chose la plus intime qui soit. Quand je crée de la musique, vous devez être capable de danser dessus et de pleurer en même temps. (rires)
J’ai lu que la cuisine t’aider aussi à te concentrer.
Honnêtement, quand je cuisine, c’est le seul moment où mon cerveau ne s’emballe pas. Même quand je dors, mon cerveau devient dingue. Mais il y a quelque chose dans la cuisine. J’ai une passion pour ça. Je ne sais pas d’où ça vient. Ma mère est une très mauvaise cuisinière. Ma grand-mère était une grande cuisinière : elle faisait des plats cubains traditionnels qui mettaient quatre heures à cuire dans la marmite. Je suis plus dans les plats raffinés, ce qui est assez drôle. Mais ça doit être ma partie perfectionniste… Je trouve juste de la tranquillité dans la cuisine, j’adore ça. Je fais en sorte qu’il faille deux heures pour préparer un plat, avec un petit verre de vin. J’aime vraiment la préparation. Quand le plat est fini, je me dis « c’est fini maintenant… »
Peut-être un prochain livre de cuisine, alors ?
Je l’espère, même un restaurant peut-être. Un petit restaurant à L.A. un jour…
Le mois prochain, cela fera 12 ans que le premier album est sorti. Comment tu te sens lorsque tu regardes en arrière ?
Ça me fait halluciner. Je me sens vieux, putain ! (rires)
C’est quelque chose que j’ai compris pendant cette tournée, je vieillis. J’ai une personnalité jeune et je me sens bien, mais de savoir ça me fait sentir vieux, c’est tout ce que je peux dire ! (rires)
La dernière fois que l’on vous a vu, c’était au festival Pointu en 2018. Comment tu t’es préparé pour cette tournée ?
Le sabotage, encore ! J’ai essayé de faire du sport, pour essayer de me remettre en forme après 3 ans de COVID et d’avoir pris quelques kilos. Puis, quelques jours avant la tournée, c’est parti en vrille. C’est bizarre. Je veux toujours détruire les choses qui sont bonnes pour moi. Même si je veux le meilleur pour moi, j’ai peut-être l’impression de ne pas le mériter. En grandissant, ma mère me disait toujours qu’on ne pouvait pas faire ça : elle rendait tout très dur et difficile pour moi. Tout était un défi, je m’y suis habitué.
Tu joues toujours avec le même groupe ?
Exactement : 8 ans pour le batteur et 6 ans pour le bassiste. Les mêmes gars, la même équipe.
Ta musique peut être très cinématographique, surtout les instrumentaux. As-tu déjà pensé à composer une bande originale ?
J’ai toujours voulu faire des bandes originales depuis le premier album et les gens disent toujours que ma musique marche bien pour les films. Et ma musique est dans beaucoup de séries et de films. Ça marche. C’est quelque chose que j’aimerais faire. J’ai fait une musique pour un film indépendant mais personne n’en a entendu parler. J’ai vraiment envie de le faire mais j’entends beaucoup de cauchemars sur les gens qui font des bandes originales.
C’est comme lorsque tu travailles avec de grandes sociétés de production : elles veulent tout changer tout le temps. Au bout du compte, tu ne t’exprimes pas vraiment. Mais en même temps, c’est incroyable parce que travailler pour moi-même m’amène à me torturer pour écrire. Écrire pour quelqu’un d’autre est comme un rêve pour moi, c’est facile : « oh, tu veux que ça sonne comme ça, ok, c’est cool ». Cela m’intéresse car pour être honnête avec toi, je ne veux pas tourner éternellement. Je veux jouer dans des festivals après cette tournée. Dans ce genre de cas, ta musique fait sa vie et tu n’as plus aucun contrôle : si les gens accrochent et que la fanbase s’agrandit, tu continues à tourner.
Quelle est la dernière chose qui t’a fait rire ?
Nous rions toujours dans le van, mais être sarcastique et cynique à propos de la vie me fait vraiment rire. J’aime l’humour noir et l’une des choses que je préfère dire est « tu es déjà mort ». Parfois, j’ai envie de le dire à la foule en plein concert. (rires)
Franc, drôle et modeste, Luis Vasquez a envoyé un set féroce le soir même avec The Soft Moon et on attend déjà la prochaine date avec impatience. Si tu ne les connais pas, tu peux y aller les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes.
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The Soft Moon is Luis Vasquez. Exister is out since September 23rd and Paris was the last gig of the European Tour in Paris. As the 5th album is its most personal and melodic, let’s talk about one of the best records of 2022.
The European tour comes to an end in Paris tonight, how has it been?
It’s crazy, it feels like the first show was like one year ago. We started in Germany, then Poland and now, it has been 36 days. Fucking crazy. Every day we play, we only had 3 days off for the whole tour.
Speaking about cities, you are used to moving regularly and for this record, you were settled in Joshua Tree with more freedom and space. Which has a direct impact on your voice and on the drums. How did the opportunity arise?
First of all after living in Berlin between six and seven years, it was crazy. As everyone know, Berlin is a party city. Of course. After so many years, it was just too much for me. I wanted the complete opposite and I also wanted to go back home to the States after living in Europe for so long. I just always had a sort of attraction to Joshua Tree. Which is strange because I lived for a small portion of my life during my teenage years in a desert. One hour and a half away from Joshua tree and I hated it, but I don’t know why I went back and I I just felt like it was a full circle.
For the first time ever, I was able to play real drums and not have to worry about neighbors and apartments. On the first album I had to whisper because good I couldn’t bother anyone. Which actually it’s funny because it benefited me in a weird way and became a sort of style. I left because it was I was ready to go from Berlin, go back to the desert and see how my life has changed since the time that I hated it. I enjoyed it a little bit more for almost two years and now I’m in Los Angeles.
On Exister, the sound is wider and you can feel the difference with the new record. How do you explain this shift?
What happened was I produced it. I decided I wanted to take control back. It’s another thing with the whole idea of going full circle. The first record I wrote and produced it I had no idea what the fuck I was doing. It worked during that time and I remember there was a kind of a lo-fi trend happening. Captured Tracks was putting out low-fi records. And that’s the label I got signed to.
With this record, I wanted to do everything myself and I learned a lot over the years. I was very particular about the way it sounded because I think the way it sounds is just as important as the songs themselves. Little things like the high hats or if I make them louder, that’s personality. There’s a personality in the mix. Just me producing it, more exposing and also not being constrained to being an apartment anymore. I was in a small home, which helps as the spectrum of sound is larger.
It’s also the first time that you are doing featurings on a record.
This is an interesting thing, I never really wanted to. But nowadays there’s so many different tactics with getting your music to larger audiences. The label was pushing it.
With fish narc, I never knew who he was before. The label said he’s willing to work with me. Then, I got into his music and really felt the connection with him and now we are like best friends. The outcome is that I got a lifelong friend out of it. And of course, it’s great to reach into other people’s worlds and connect with people that would never hear your music before.
Then with Alli Logout: same thing. They’re up with Special Interest as an upcoming band. This is just the music industry. If I’m gonna be 100% honest, it’s the music industry, the band is coming up, collaborating will benefit them and it shows I’m staying relevant.
‘I wanted people to know that I’m putting a picture of me as a child because this is going to be a very honest record. Very upfront with the listeners and transparent about my life.’
Did you meet physically or not?
I never met Alli but we hang out with fish narc as he’s closer. We spent some time together doing the music video together and he came back to perform a show. We have a great friendship.
The writing of the record was a particular process with family events with your uncle which occurred along the way.
Yeah, this is why I wear this. (showing a handcuff on his left wrist)
He came out of prison after 40 years. He doesn’t like that I’m wearing this obviously. He’s probably scared of these things and I’m wearing it as a fashion statement.
My uncle was the first person who bought me my guitar from prison. I was 12 years old and he was supposed to go to prison for life. But they changed the rules and he was a certain age now. Now, he’s 67. If you had been in prison for a certain time and you’re at a certain age because the penitentiaries are so full of people, you have the right to get out. He came to Joshua Tree when I was still living there. He’s been a big fan of my music and he’s been the only one who supported me, in terms of a family member since the beginning.
Did it have an impact as you were in the middle of the process?
I was almost finished with the record actually when he came out. We started to talk very deeply about family and I found out a lot of crazy shit. Real crazy shit I won’t go into detail, but it was about my family and my mom. I ended up dropping a few songs and writing new ones. Even the album cover has to do with him, coming out of prison, revealing secrets of the family.
Because it was the first time I was having real conversations with him. I used to go visit him in prison since I was a little kid but it wasn’t the same context, so I wanted to write. I had in mind something conceptual for the record. I wanted to write something cold and dark. It became a very emotional record in the end and I put a picture of myself as a kid on the cover.
The reason why I picked the picture of me was because when all this shit was happening with my uncle, I started to disconnect further from my mother, right? And then she sent me the photo in the mail. It was her way of saying I love you. I still had this photo of you, but I never opened the envelope. I wrote, I finished writing Exister, I never opened it. I was scared to open it. I don’t know what it was and then when it came time to work on artwork, I was trying all kinds of different ideas. Last minute I said, you know what, let me open that envelope and it was the picture of me.
And I went, that’s the cover!
You’re always in charge of the covers, right?
For sure. I wanted people to know that I’m putting a picture of me as a child because this is going to be a very honest record. Very upfront with the listeners and transparent about my life. It’s going to be genuine, sincere and that’s what I was trying to give up. That’s something that’s used to be lacking in the world. Now, people are opening up about their mental health and it’s just natural.
True it’s new and we see it for artists but also for athletes. Regarding your writing, you look quite far into your experiences, your emotions but what are your other sources of inspiration?
Sabotage is probably the biggest one.
I feel I’m a little bit numb in this world: I still don’t know what love is, I never said I love you to a family member or vice versa. I just feel like I could leave at any moment in this world that I wouldn’t care about. So I tend to try to make myself feel something. I’ll sabotage myself by drinking a lot. Which is bad and I don’t do that anymore since I finished with Exister. I just try to really push myself to feel very intense emotions almost to a breaking point. Maybe to a point where I want to end my life or whatever. And then I write. It’s a torturous process. I wish it was fun for me to write music but up until Exister, it has been a very torturous thing as I have to hurt myself in order to write.
You have to get to a state where writing is kind of a solution.
It’s a solution to the guilt and to the sadness, depression or whatever. But I’m closing that chapter with Exister.
You are already up to something else?
No, not yet. Now I’m focused on touring because then we go to the States. Once we’re finished with the touring, I’ll start to contemplate the next step. If I continue with The Soft Moon, it feel like the next step will be something more empowering. Rather than trying to find who I am. Now, I feel like I know who I am. My message will be more empowering.
About that, in 2021 you released a solo record under your own name with A Body of Errors. However, The Soft Moon is also your own project. How do you separate the two in terms of creation and intention?
I know I confuse everyone. There are two projects. The Soft Moon is a project, A Body Of Errors is another one and maybe I’ll do another one. Who knows?
After 4 albums, I needed a break from The Soft Moon. I wanted to do something a bit different. More instrumentals, experimental and it just feels good. When you’re a creator and you get stuck doing the same thing, same thing with actors. If you’re a comedy actor at one point, they get tired of being the comedy actor and they want to do a dramatic role. Same thing with music. I just wanted a step outside. Also, I want to show that I can do other things musically.
With Exister, every song is almost a different genre in a way. It’s all Soft Moon, of course. But there’s a techno track, a trash punk with Stupid Child, I just like to be creative and to share other parts of myself.
On each project, it’s you upfront. I guess having another name helps you to have another way of thinking too.
For sure and ultimately, I just want people to know that I really love music and I want to separate myself from being pigeonholed to the dark wave scene or EBM scene. Which is great because I love these scenes and I love that fanbase. They’re very loyal. But I’m more than that.
We can hear on the record you wanted to do something more melodic or dance-able.
From the first song, Sad Song is the most intimate thing ever. When I create music, you have to be able to dance to it and cry at the same time. (laughs)
I read that you went into cooking to get some headspace.
Honestly, when I cook, it’s the only time my brain is not going crazy. Even when I’m sleeping my brain’s crazy. But there’s something about cooking. I have a passion for it. I don’t know where the hell that comes from? Because my mom’s a terrible cook. I guess my grandmother was a great cook: she would make rustic Cuban dishes that took four hours to cook in the pot. I’m more into refined dishes, which is kind of funny. But it could be the perfectionist part of me… I just find tranquility in cooking, I love it. I’ll make sure that it takes two hours to make a dish with a glass of wine. When the food’s over and I’m finished: I’m like “it’s over now…”
Maybe an upcoming cooking book, so?
I hope so, even a restaurant maybe. A tiny one in L.A someday…
Next month, it will be 12 years since the first album. How do you feel when you’re looking back?
It’s tripping me out. It makes me feel fucking old! (laughs)
It’s something I figured out during this tour too, I’m definitely getting older. I’m youthful personality-wise and I feel great but getting old is all I can say.
Last time we saw you was at the Pointu Festival in 2018. How did you prepare for this tour?
Sabotage, again! I tried to work out, trying to get in shape after 3 years of covid and getting fat. Then, a few days before the tour it started to get crazy. It’s weird. I always want to destroy the things that are good for me. Even though I do want the best for myself, maybe I feel like I don’t deserve it. Growing up my mother was always like we can’t do that or she always made everything very hard and difficult for me. Everything was a challenge, I got used to that.
I can’t enjoy myself because if I’m having fun, that’s not right. And preparing for a cool tour, coming back with a new album, I don’t deserve that. I’m working on that but the same things are still happening.
You are still playing with the same band?
Exactly: the drummer has been with me for 8 years and the bass player for six years. Same guys, same team.
Your music can be very cinematic, especially the instrumentals. Have you ever thought about composing a soundtrack?
I have wanted to do soundtracks ever since the first album and people always are always saying it works well for film. And my music is in a lot of TV shows and movies. It works. It’s something I would like to do. I’ve done a score for an independent film but no one’s heard of it. I really want to do it but I hear a lot of nightmares about people who do soundtracks.
It’s like when you work with big production companies: they want to change everything all the time. At the end of the day, you’re not really expressing yourself. But at the same time, it’s amazing because working for myself leads to torture myself in order to write. Writing for someone else is like a dream to me, it’s easy: ‘oh you wanted to sound like this, okay cool!’. I’m interested in that as to be honest with you, I don’t want to tour forever. I do want to play festivals after this tour. These things take a life on their own and you have no control: if the fans want it, and the fanbase gets bigger you continue with it.
What is the last thing that makes you laugh?
We are always laughing in the van but being sarcastic and cynical about life is really funny to me. I love dark humor and one of my favorite things to say is ‘you’re already dead’. Sometimes, I want to say it to the crowd. (laughs)