Pour leur troisième opus, les post-hippies de Karkara ont osé le concept album et choisi de nous raconter leur version de la fin du monde.
La proposition est donc bien de marcher pieds nus dans un état second, mais pas dans le sable, plutôt dans les ruines de l’ancien monde. Le psych n’est pas la destination mais le véhicule et Karkara parvient à manier des sonorités communément associées à la paix intérieure pour traduire une profonde angoisse existentielle.
L’histoire raconte la quête d’un survivant qui dans un monde post-effondrement cherche la cité mythique d’Anthropia. On ne vous spoilera pas la conclusion, mais le titre du dernier morceau qui donne son nom à l’album devrait vous permettre de deviner comment tout ça se termine.
Il se dégage un sentiment d’urgence de ce « All Is Dust ». Comme son protagoniste, les tracks suivent une perpétuelle fuite en avant, s’accordant un bref repos sur le doux « Moonshiner », pour s’éveiller en sursaut et repartir de plus belle.
Tous les qualificatifs psyche, acid, kraut… sont valables. Tout repose sur ces boucles propres au genre qui depuis des siècles permettent aux dervishs et aux yogis d’atteindre la transe. Mais Karkara tente ici beaucoup de choses, entre synthés vangéliens, sax et trompette incandescents, phase flamenco… tout en parvenant à proposer un cheminement cohérent. Et surtout, l’anxiété et la rage qui se dégagent de certaines pistes permettent au groupe d’atteindre des sommets inaccessibles à ceux qui se contentent d’appliquer les codes à la lettre.
Le point culminant de l’album est assurément sa dernière track, où les hurlements d’un homme arraché à ses illusions sont moqués par quelques notes d’une trompette effrontée.
Alors bien évidemment si on les écoute ils nous expliqueront que ce cauchemar cache en réalité l’espoir d’un monde meilleur. Nous, on rêverait presque de les voir pousser le truc encore plus loin, en faire un nouveau projet et appeler ça Colour Hate.