Les strasbourgeois de Last Train nous avaient pris de court avec dès leur premier EP. Avec de beaux passages à Rock en Seine ou à Paris, nous les tenions en joue : leur retour était maintenant attendu et The Big Picture est sorti à la rentrée pour confirmer qu’ils n’étaient pas là pour un braquage mais pour durer.
Bandit Bandit partage avec le groupe principal du soir un goût pour les grosses guitares un peu cowboy à la BRMC et une sensualité proche dans le son proche de The Kills. Sans rentrer plus loin dans le jeu des 7 différences, le duo crache un son solide faisant du bien par où ça passe. Pour un groupe qui a six mois de boutique en live et un an d’existence, on peut dire qu’ils ne perdent pas de temps. Chacun dégage une présence scénique déjà bien en place, notamment à la voix où Maëva Nicolas enchaîne les danses et cris, engage le public et fait bien le lien avec les autres membres. « Maux » prouve que le couple s’est mis en musique pour une belle mauvaise idée comme ils aiment le dire. Dans les titres à écouter pour se convaincre de leur potentiel, « Fever » marque des points automatiquement. Sexy, déjà bien rodé et généreux pour un set de première partie, on les conseille chaudement et d’ailleurs ils ont déjà un Point Ephémère annoncé en février prochain. Sûrement l’occasion de dévoiler encore de nouveaux titres car seuls 4 des 8 titres joués ce soir-là étaient issus de leur unique EP.
Label, agence de booking et festival, Last Train a décidé de prendre en main eux-mêmes leurs affaires et le live du soir nous prouvera que cela ne s’arrête pas là. Un rideau blanc en fond de salle, quelques minutes d’installation et le groupe débarque. Grand trench, cravate, coupes de cheveux très dégagées sur les côtés, les vannes sur les Peaky Blinders fusent dans la salle. 1500 personnes pour un show blindé et une salle bien compacte pas là seulement pour dire « j’y étais » au vu de leur empressement pour être proche de la scène. En place, Jean Noël et sa bande attaque avec « All Alone », premier contact avec la tracklist de The Big Picture. Gros break avec des riffs cinglants que des gros noms du rock US ne renieraient pas. Une belle entrée en matière qui ne retombera pas avec « Way Out », tube d’une efficacité redoutable présent sur Weathering. La balade « House on The Moon » marque le premier coup d’arrêt et permet l’arrivée d’ »On Our Knees » dans la foulée. Le tempo des morceaux du groupe s’est ralenti avec leur deuxième disque, au profit de compositions plus longues et de morceaux à tiroirs donnant une autre lecture sur les capacités du groupe. Ils s’amusent d’ailleurs à marier leurs deux disques en permanence pendant le set, en enchaînant rarement les morceaux d’une même galette. En sortant même deux titres des premiers EPs pour les fidèles.
Impressionnant.
Avec 12 morceaux, on pourrait dire que Last Train aurait pu en ajoutant quelques-unes. Pourtant, difficile de leur reprocher quoique ce soit ce soir : la prestance dans l’interprétation, la qualité de la preste au chant comme aux instruments, le boulot effectué en 3 ans pour en arriver là. A part les Liminanas récemment, peu de formations françaises rock peuvent se targuer de remplir un Trianon et le transformer en chaudron prêt aux pogos les plus acharnés. « Between Wounds » a agité les foules et notre morceau préféré « Disappointed » aux excellents relents de NIN période The Fragile a mis un beau bordel. Après avoir balancé avec grande classe le morceau « The Big Picture », ils remercient leurs proches présents ce soir-là pour assister à un bel accomplissement d’un genre musical si peu apprécié dans nos contrées. En tournée à Hamburg, Berlin et sûrement bientôt par chez toi, Last Train garde son statut de groupe étonnamment costaud malgré son jeune âge. Bardé de références bien digérées, ils arrivent à y ajouter cette patte qui fait d’eux un groupe si plaisant à croiser.