Une fois n’est pas coutume, la Maroquinerie nous balançait une programmation 100% francophone ce soir-là avec les suisses The Animen et les très attendus Last Train. Découverts lors de l’édition 2015 de Rock en Seine, j’avais pris une petite claque, ce genre d’électrochoc musical qu’on a que rarement mais qui, quand il arrive, est assez sensationnel à vivre. Entre temps, le quatuor est passé au Petit Journal mais a surtout fait la première partie de Johnny Hallyday. Un parcours qui semble irréel tant il est fulgurant, mais somme toute logique tant le talent est là.
La date de la Maro était donc très attendue, aussi bien par moi que par la salle, remplie à ras bord de fans, autant de la première heure que fraichement débarqués de leur escapade avec le taulier. La moyenne d’âge est d’ailleurs étonnamment haute et majoritairement masculine. ça va sentir la sueur ce soir !
Une soirée animale
e bal avec un rock rétro un peu déjanté, un appel du pied aux années 60 avec une pointe de The Hives dans l’attitude. Très efficaces, les compositions du groupe sont entrainantes, portées par la voix éraillée de Théo. Les solos sont travaillés, carrés et avec un son typiquement rock ‘n roll, bref, un vrai plaisir pour les oreilles qui chauffera parfaitement la salle.
Et puis Last Train débarque sur scène. L’ambiance change radicalement. Fini le rock rigolo, place aux blousons en cuir, la cigarette au bec et regards de braise. Malgré leurs visages encore poupins, leurs mines grave prouve que ce qu’il va se passer dans quelques minutes est on ne peut plus sérieux. On est pas à la kermesse du coin, ça c’est clair.
Les premières notes résonnent, et là, c’est l’ouragan auditif. C’est puissant, profond, rythmé, tellement rock ! La transformation est totale, la Maroquinerie est prise dans un tourbillon qui traverse
le temps et les âges. Car dans Last Train, on entend du Led Zeppelin, du Arctic Monkeys, du Radiohead, des vieux groupes américains, du blues et tellement d’autres groupes encore qu’il serait difficile d’en faire la liste. On sent que le quatuor a ingurgité un nombre incalculable d’influences pour créer ce son crasseux et classieux, mené à la baguette par la voix rocailleuse de Jean-Noël.
Les titres ne sont pas présentés, mais qu’importe : ce qui se passe sur scène est tellement intense qu’on se laisse juste porter, totalement envouté. Chaque chanson est étirée à l’extrême, remodelée, malmenée, pour notre plus grand plaisir. On reconnaîtra évidemment The Holy Family et tous les autres titres de l’EP du même nom, mais quand arrive Jane, le groupe se fait plaisir avec un petit boeuf qui rappelle les grandes heures du hard rock des années 60. C’est beau putain.
L’émotion est palpable du côté du groupe, c’est leur vingtième concert parisien et ils n’en sont pas peu fiers. Fire termine la première partie du set d’une main de maître avant un rappel des plus endiablées contenant la fameuse
Cold Fever. ça casse pas les instruments mais presque. A la place, quelques larmes de joie coulent, on se prend dans les bras comme si c’était le dernier concert de toute une vie, ou bien le premier concert d’une nouvelle vie. Peut-être un peu des deux. En tout cas, ce set d’une heure aurait pu en durer dix, personne n’aurait vu la différence, et cela faisait longtemps que le rock français n’avaient pas autant senti le cuir et la cigarette. Merci Last Train de redorer un blason resté trop longtemps terne.
Pour ceux qui auraient pu rater l’expérience, le groupe tourne tout le temps un peu partout en France et sera notamment en première partie de Muse aux Arènes de Nîmes le 18 juillet prochain. Pour les parisiens, trois dates de prévues à l’automne : le 07 octobre au Point Ephémère, le 07 novembre à la Flèche d’Or et 07 décembre au Trabendo.
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