Dans une tentative longtemps reprochée à James Murphy de mettre fin à son groupe, LCD Soundsystem en est à sa phase de résurrection. Après deux ans de tournée, le nouveau disque est enfin disponible après de longs mois d’enregistrement. Et on comprend pourquoi. 70 minutes de musique, d’aventure et d’étincelles montrant à tous qui est l’unique songwriter de l’électro. Pas un chant du cygne mais une célébration qu’est cet American Dream.
8 ans d’attente récompensés par une richesse sans pareille dans la disco du groupe, des singles de 7 minutes et une recherche sonore bien au-delà de ce que pouvait proposer This Is Happening. Là où il avait réussi à reproduire les guitares de Robert Fripp sur Heroes, il appelle ici autant les Cure, que New Order, Joy Division ou les Gang of Four. Références déjà vues et entendues dans le groupe accompagnées par des plages instrumentales monstres et une variété jamais entendue dans un seul disque chez LCD.
Déjà vu ?
Bien sûr, le MC tient son inspiration des thèmes qui l’ont toujours alimenté : l’amour, l’amitié, les soirées, la vie. Aussi à l’aise au chant que sur son album précédent, il ralentit le rythme allègrement pour poser sagement sa voix (« oh baby« ) ou nous renvoyer vers la fête des cloches, des claviers et de la gouaille (l’excellente « other voices« , cousine de « Get Innocuous » avec l’incroyable Nancy Whang). Non, LCD ne s’est pas contenté de revenir, ils nous assènent de nouveaux titres imbattables en live et d’autres moins évidents. Aux premières loges, « i used to » avec un touché plus organique et une section rythmique bien groovy et une petite guitare solo débarquant comme pour rire aux 4 minutes. Dans le même genre dégingandé « change yr mind » déploie des guitares pétées à la Bowie époque Scary Monsters/Lodger, « how do you sleep? » et ses lourdes percus tribales sonnent comme la bande-son d’un film de flippe perdu dans les années 80. Pour mieux décoller passée 3 minutes et faire débarquer d’énormes claviers et avec eux l’électro lancinante auquel James nous a habitués. Clairement l’un des coups de maîtres de ce retour.
Alors, alors ?
Pour un quatrième disque, on se retrouve avec une nouvelle pièce de choix dans une disco au fil entre ce qui fait de mieux dans le songwriting rock et l’électro. Sound of Silver n’est pas détrôné de sa place de préféré avec ses perles autant dans l’introspection que dans ses morceaux les plus dansants. Ici, il s’agit sûrement de l’album le plus poussé, travaillé, sombre et définitif dans le travail des compos et du son. Mais aussi le moins dansant et enjoué, ce qui le pénalise un peu sur la ligne d’arrivée. La gravité est au menu, plus que d’habitude. Si on la sentait dans les paroles, elle se ressent maintenant clairement dans les compos. « black screen » ou son titre éponyme portent une mélancolie pouvant parfois plomber l’appréciation générale d’American Dream mais il serait bien dommage de lui reprocher vu sa qualité.