Les Queens of the Stone Age sont venus présenter leur In Times New Roman… fraîchement sorti aux Nuits de Fourvière dans un théâtre gallo-romain. Un écrin sur-mesure pour des bêtes de scène en pleine forme.
C’est Coach Party qui a eu la lourde tâche d’ouvrir pour les stars du soir. Ce groupe anglais n’a pas encore d’album mais une bonne dizaine de singles sortis de manière isolée. Leur écoute ne nous a pas forcément ému donc notre niveau de curiosité est mitigé. La première partie n’a jamais été la qualité principale des Queens et pourtant dès les premières minutes, leur présence fait effet. Énergiques, sympathiques et déterminés à ne pas gâcher une minute de cette demie-heure. Même si on n’entend pas toutes les voix, notamment les backs du batteur, l’effort est là et quelques mini tubes comme ‘All I Wanna Do Is Hate‘ se dégagent du set. On aime les riffs du guitariste lead comme la faculté de Jess à tenir sa scène. Connu pour avoir assuré la première partie d’Indochine lors d’un récent Stade de France et originaire de l’île de Wight comme les Wet Leg, leur album est prévu le 8 septembre, on y jettera une oreille sans aucun doute.
Six ans d’absence en studio et à peine deux semaines après la sortie de leur nouvel album, nous voilà privilégiés à assister au grand retour des Queens of the Stone Age en France. Que dire ? Voir un groupe de cet ampleur dans un tel cadre et dans une jauge de moins de 4000 personnes est un véritable cadeau. Les Queens n’étant pas du genre à rater leurs concerts, ils ont fait honneur à cette date calée au milieu d’une tournée des festivals européens. Commençons par la scénographie avec des lumières prenant une forme de triangle servant à la fois de cadre et de podium aux showmen, le tout rehaussé par une trentaine de spots en façade. Une configuration réussie, notamment sur ‘The Evil Has Landed‘ et ses ponts violents qui brillait de 1000 feux.
La formation est la même depuis dix ans et la tournée Like Clockwork… et quel bonheur. Quasiment tous sapés comme pour un mariage dont on n’aurait pas reçu le faire-part, les membres sont appliqués, rodés et dégagent individuellement un charisme scénique mélangeant puissance et confiance.
Comme à leur habitude, le groupe débarque après une intro décalée toute en country avant d’évacuer leur tube le plus évident d’entrée. ‘No One Knows‘ débarque donc toute de rouge vêtue et envoie la couleur d’entrée. Le son sera fort, la danse de mise et le public compact. Une setlist grand public s’annonce et avec l’enchaînement sur ‘My God Is The Sun‘, incontournable des concerts depuis son existence. Entre tubes et morceaux dansants alliant séduction et parties déglinguées, le show est partout et le groupe comme le public déambulent dans tous les sens. Pourtant, il est quasi impossible de décoller les yeux d’un seul homme. Comme il se présente ce soir, Monsieur Homme est magnétique. Souriant, bavard ce qu’il faut, chef d’orchestre des chœurs du public, distributeur de câlins auprès de Michael Schuman et bien sûr maître du déhanché, du falsetto et des solos penchés. Ce qui frappe, c’est aussi la place laissé au chant lead sur les nouveaux titres lui laissant encore plus les honneurs de tenir la scène.
Malgré tout, ses compères ne sont pas en reste. Troy Van Leeuwen est toujours cet extraterrestre qui se permet de porter le costard sans suer une goutte tout en enchaînant les riffs, les danses farfelues et le porté d’une double 12 cordes par moments. Jon Theodore est d’une facilité déconcertante à la batterie et il faudra un solo en fin de ‘A Song for the Dead‘ ou une version rallongée d »In The Fade‘ pour encore une fois constater l’étendue de son talent. Plus esseulé, Dean Fertita est fidèle à son registre : discret et appliqué dans son rôle d’homme à tout faire et prêt à jongler entre guitare, basse et claviers. Mention spéciale au sous-estimé Mikey Shoes dont l’impassible visage ne reflète pas l’impeccable performance à la basse et aux choeurs aiguës comme graves. Celui qui fête déjà 16 piges de présence au sein du groupe du haut de ses 37 ans…
Le tout était retransmis sur Youtube, ce qui donne une saveur particulière à la diatribe de Josh Homme avant ‘Straight Fitting Jacket‘ prêt à tirer sur le gouvernement américain, les GAFAM et tout ce qui nous éloigne du moment présent. Un titre qui gagne en live, pour son jeu avec le public comme pour l’envolée au micro de son chanteur pour une fois démuni de guitare. Aucun bémol à déplorer le long du show, à part quelques moments où les guitares de Dean ou Troy semblaient sortir trop du mix. Peut-être était-ce dû à notre place à quelques mètres à peine de la scène.
Aucun doute, nous étions bien là dans l’épicentre du volcan de la fosse. En 8 concerts, jamais nous n’avons été aussi près de la bête et les temps forts n’ont pas manqué. Le double hommage à Mark Lanegan avec ‘In The Fade‘ et la très rare et inattendue ‘God Is In The Radio‘ était LA parfaite rampe de lancement pour l’orage ‘Go With The Flow/A Song for the Dead‘. Hydre à deux têtes générant 15 minutes de rebonds, de circle pit et de furie qui terminent d’essorer une fosse rincée et scotchée. Une démonstration si impressionnante qu’elle pousse à se demander si nous ne sommes pas devant l’apogée de leurs prestations. Toujours appréciable et étonnant de pouvoir se le demander après 25 ans d’existence… Pour un fan invétéré et pour tous les autres, ce concert avait toutes les allures de Noël en été.