Bonjour, ici les étoiles.
Car depuis mardi soir, je suis toujours en orbite.
Hier soir, c’était le concert de Beach House et on m’a envoyé dans une autre dimension. Je n’avais rien demandé, mais je me suis faite happer dans un tourbillon fantasmagorique et il m’est difficile d’en sortir.
Plongé dans la pénombre, le duo, accompagné d’un batteur et d’un claviériste/bassiste, a ouvert le bal sur Levitation. Le titre fut prémonitoire car les yeux se fermèrent instantanément pour que débute ce voyage vers d’autres contrées. Victoria Legrand, vêtue d’un manteau à capuche scintillant, fut sans nul doute l’enchanteresse de la soirée. Totalement envouté par sa voix, que dis-je, ce murmure lancinant, ce souffle mélodique, l’assemblée plongea dans un rêve éveillé.
Les titres choisis se fondent les uns dans les autres, et là où les détraqueurs pourraient dire que toutes les chansons de Beach House se ressemblent, non, définitivement, chaque chanson apporte son lot de sentiment, son impulsion, sa nuance à cette vision venue d’ailleurs.
Pour accompagner cette illusion, une mise en scène parfaitement millimétrée qui entretient le mirage du songe. Ces étoiles qui apparaissent sur PPP, ces spots qui éclatent au rythme des gémissements lascifs de Victoria sur All Your Yeahs, ces flashs sur 10 Mile Stereo, ces jeux de lumière laissant pensé à des apparitions fantomatiques, ces projections oniriques pendant tout le set… tout était fait pour plonger le spectateur dans un autre univers où ces sorciers de Beach House nous manipuleraient à leur guise. Pour contenter tout le monde, le groupe a puisé dans la plupart de ses albums, mais ce sont (comme toujours) les plus anciens titres qui ont fait l’unanimité : Master of None, sortie de nulle part, et plus largement les titres de Bloom, leur album phare. L’enchaînement Myth/Sparks ne laissera d’ailleurs personne indifférent, cette dernière gagnant en rondeur et profondeur grâce au concours de la basse.
Pour le final, la religieuse Days of Candy clôtura d’une main de maître cette soirée aux allures irréelles.
Alors oui, le concert fut plutôt court, la setlist avait ses défauts, et on n’a toujours pas vu ni le visage de Victoria, bien caché derrière sa capuche et son rideau de cheveux, ni celui d’Alex Scally, bien trop occupé à contempler ses cordes dans la pénombre de la scène. Mais est-ce vraiment important ? Dans un monde où l’image prime avant tout, Beach House a su prouver ce soir que la musique se suffit à elle-même.