MARK LANEGAN ★ L’AÉRONEF

Second soir en deux jours à l’Aéronef et après Archive, c’est un Mark Lanegan plus proche des 35 ans de carrière que des 25 qu’on est donc venus voir. Et si Archive est issu de la peuplée capitale anglaise, Londres pour les nuls de la géographie, Lanegan est issu lui du grand Ouest américain. Une sorte de Mad Max des temps modernes né de la poussière du désert même s’il vient plutôt d’une ville tout aussi pluvieuse et grise que Londres, c’est-à-dire Seattle.

Toc toc ! « Qui est là ? »

Revenu d’entre les drogues et l’alcool, l’artiste accroché à son micro tel un rempart à l’aridité du monde moderne semble toujours aussi allergique aux lumières de la scène. Ne bougeant pas, ne parlant pas, Lanegan semble toujours disposer d’un corps aussi rouillé que le panneau de la Sky Valley. Reste alors sa voix. Profonde et assurée, permettant à l’artiste de nous emmener avec lui au coeur d’une traversée du désert comme nulle autre, le frontman entamant son set devant un Aéronef à la jauge honorable en termes de fréquentation.

C’est donc avec un très bon round de trois titres que le Mark attaque son concert lillois, honneur à son dernier album « Somebody’s Knocking » et la très rock « Disbelief Suspension » en ouverture suivi des titres « Nocturne » et « Hit The City », on pense alors le concert lancé tel une vieille muscle car sur les routes sans fin du désert des États-Unis. Arpentant les longues lignes droites de ces mythiques routes aux côtés du roi de la fête et entonnant ses chants rocailleux (« Beehive ») voire chamaniques (« Sister »). On se surprend même, à deux doigts de lancer une chenille endiablée sur l’efficace « Stitch It Up », dentier de métal du chanteur en avant ! Le Roi de la Fête semblait donc prêt à se dérouiller (pour preuve le clip, très second degré, assez inhabituel en regard de la personnalité plutôt austère du musicien).

« C’est Mark Lanegan, le Roi de la fête… »

Soit ! On sort alors les cotillons, on gonfle les ballons, la fête est lancée. C’est ce que l’on a cru car si Mark aime faire l’andouille dans un clip, sur scène, il aime surtout se fondre dans le décor car c’est un roc, une muraille impassible à vous faire pleurer un clown d’anniversaire. S’il pouvait jouer toutes lumières éteintes, je pense qu’il le ferait. On ne va pas lui nier ce droit, Maynard James Keenan cultivant lui-même ce type de prestation scénique. Mais si ce second propose aussi un show, le premier n’en fait rien et d’entendre dans le public « quand même Mark Lanegan, c’est le seul artiste qui semble se faire chier à ses concerts ». Et ce n’est pas la bande de fans remontés comme un vendredi soir (on est mercredi) qui le déridera. Le concert semble donc mené pied au plancher mais le souci des vieilles muscle cars, c’est qu’il faut parfois savoir repérer les bons millésimes et malheureusement, Lanegan va tout de même décevoir car le dernier millésime musical n’est pas forcément son plus réussi. Sa discographie étant assez éclectique, cela peut aboutir à un show assez inégal, les compos électro que semblent kiffer le grand frontman ne sont pas, à mon humble avis, ses meilleures compositions (« Dark Disco Jeg », « Ode To Sad Disco » et leurs rythmiques passéistes qui lui font pourtant, FOLIE, taper du pied).

« … J’ai pris des Tucs et de l’Oasis ! »

Et finalement, si le début du set fut bien enlevé, on en vient à trouver le temps long coincé entre « Harborview Hospital » ou encore la reprise, à la limite du slow, du titre « Deepest Shade » des Twilight Sisters. De plus, le petit dernier, son album « Somebody’s Knocking » n’aide pas non plus. Des titres comme « Penthouse High » ne brillant pas plus en live que sur album, pas plus que ne le fait à mes yeux le single « Night Flight to Kabul ». On se plaira toujours à entendre « Bleeding Muddy Water » ou encore « Come To Me », titre originellement enregistré avec PJ Harvey et chanté en duo, ce soir-là, avec sa moitié Shelley Brien. Mais non, le souvenir de sa prestation en 2015 à Lille reste ancrée de façon plus positive. La faute sûrement aussi à un « Phantom Radio » plus inspiré et une setlist mieux balancée.

Cela fait toujours un peu mal de le dire mais ce soir, le roi de la fête n’était pas à la fête malgré une prestation scénique égale à lui-même. C’est bien dans le choix des titres mêmes que l’on s’avère un peu déçus, le temps aura semblé long, un peu comme une fête d’anniversaire que l’on aurait étirée artificiellement, retardant l’arrivée du gâteau pour garder les convives alors qu’on bossait tous le lendemain.

MERCI
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