Bruxelles ma belle. Avouons, c’est toujours un plaisir de se rendre à l’Ancienne Belgique, salle située dans le coeur de la ville (à deux pas de la grande place) et entourée de rues piétonnes. Alors il n’a pas trop fallu se faire prier pour retourner voir Refused, quatre années s’étant écoulées depuis un album qui aura divisé les fans (« Freedom » pour ne pas le citer) et leur dernier live à Anvers. Il était donc primordial de voir comment le public allait accueillir ce nouveau « War Music » qui semble avoir réconcilié le groupe avec une partie de sa fanbase à coup de revendications dans la face !
PIF !
Ce soir, Refused n’est pas seul. Plus étonnant, le groupe n’est pas tête d’affiche et joue avant Thrice pour une double affiche exceptionnelle. Moui… On parle de Thrice quand même qui casse pas trois pattes à un canard dans un goulag. Parce que nous, on est venus voir du gaucho, du contestaire, du révolutionnaire, avec « War Music » le groupe annonce la couleur. Sont pas venus enfiler des perles même si le groupe doit jouer à 19h30. Une heure de set étant prévue, on sait déjà que l’on sera sortis à 20h30 pour une mitraillette boulettes (pain frites bien gras digne de ce nom). Non, Thrice ? Vraiment ? BREF ! Alors petit passage par les casiers de la salle et nous voilà dans la salle déjà bien remplie mais pas sold out (déception, le groupe l’affichait à Anvers malgré un public tout juste traumatisé par les tragiques événements du Bataclan).
PAF !
Quoi qu’il en soit, les mecs ne vont pas y aller par 4 chemins, une heure de set, c’est une heure pour bousculer les consciences à coup de hi-kicks, l’entrée se fait sur la délicate intro de « REV001 », « One more revolution, my love, One more time through the fire, One more revolution, once more, We’ll march into enemy fire » avant que Dennis n’apparaisse surmonté d’un béret et gueulant « REVOLUTION ONE !!! » Autant vous dire que c’est total Mélenchon approved tant les paroles sont des paroles de prolo. De quoi vous transformer un honnête partisan du Lion’s Club en punk à chien. Et il a raison le Dennis ! D’autant plus que la révolution ne se fera pas sans secouer un peu le cocotier, Refused n’hésitant pas à faire de l’album « The Shape Of Punk To Come » le mieux représenté avec « War Music » bien sûr. La couleur, « Blood Red », est annoncée !
ZBOUM !
Alignés en 4-2-4 très frontal (les amateurs de foot – un sport de prolo- apprécieront), les musiciens jouent au même plan de la scène (sauf la batterie) mais c’est bien Dennis le leader de cette révoliution sonore-, il saute, il hi-kicke plus haut que Zlatan, il jette son micro à des hauteurs stratosphériques, il invective le public mais toujours avec un grand sourire. Il revendique le droit de se révolter contre les institutions qui oppressent, au Chili, à Hong Kong et d’enchainer un furieux « Malfire » clamant « Wolves are at the door […] A toxic state, we watched it roll, That downward slope like ancient Rome ». Prends ça l’establishment !!! Il revendique le droit d’être différent, un freak qui n’aime pas l’école et le Yop fraise ! Fuck la politique ! Fuck les religions ! Et fuck les nazis en rappelant l’impact des Dead Kennedys sur lui via le titre « Nazi Punks Fuck Off » clamant « It’s up to us to fuck them up and punch them in the face », parfaite illustration du titre « I’m a violent reaction, To a world that’s gone to shit, I’m a violent reaction to you !»
VLAN !
Bondissant tel le justicier vengeur du socialisme, (mais non pas Zorro, je vous rappelle qu’il est patron dans la vraie vie Don Diego de la Vega), Dennis plonge dans la foule, armé de son micro et appuyé par un groupuscule musical toujours aussi solide dans son jeu et sa précision. On boude difficilement son plaisir devant tel spectacle et un final prévisible au possible. Oui mais bon, j’avoue putain, même moi, je ne peux résister à entendre « New Noise » une 1000e fois. Titre qui a l’impact d’une bouteille de cocktail molotov sur le public de Refused, la salle est en feu (mets tes mains en l’air comme si t’en avais rien à faire) mais c’est déjà la fin. Une heure au compteur et une énergie sans défaut d’une formation toujours aussi bandante en live. Faut dire que le groupe aura bien chauffé son électorat musical avec la rageuse « Economy of Death » (« The working class is betrayed while capitalists do the bidding, your occupation becomes that you die for a living, You’re so fucked, You’re so fucked »).
Refused n’avait pas menti et a donc su revenir à des bases plus hardcores. Et s’ils auront autant glandé qu’un Zach de la Rocha (18 ans s’étant écoulés entre « Freedom » et « The Shape Of Punk To Come »), ils semblent bien décidés à revenir aux affaires et éveiller les consciences aux joies des richesses partagées. Kamarades Suédois, le Parti vous salue et vous remercie pour la manif sonore ! L’État dira que vous étiez 5 sur scène mais vous aviez l’énergie de 100 selon un décompte du Parti.
J’en profite pour remercier Dennis lui-même pour le pass photo et son aide auprès de Raw Power Management. 🙌🏼
🔥 SETLIST 🔥
REV001
Worms of the Senses / Faculties of the Skull
Elektra
I Wanna Watch the World Burn
Violent Reaction
Rather Be Dead
Coup d’état
Malfire
The Shape of Punk to Come
The Deadly Rhythm (Raining Blood section)
Turn the Cross
Economy of Death
New Noise