Second jour pour notre escapade amiénoise au Festival Minuit Avant la Nuit après un vendredi qui aura tenu toutes ses promesses, autant dire qu’il allait falloir assurer pour maintenir la barre haut placée la veille.
Ouverture.
C’est donc avec le groupe lillois, June Bug, que va doucement démarrer la journée, enfin quand je dis doucement, c’est sans compter sur ce soleil d’été exceptionnel pour la région des Hauts de France et donc bienveillant auprès des possesseurs de Stan Smith. La bonne humeur est clairement de mise même si la foule est encore éparse pour ce set alternant entre guitare et percussions électros, appuyé par un guitariste bien sur ses jambes et la chanteuse Sarah June. D’ailleurs, certaines ne résistent pas et ainsi, les premiers danseurs au sein du public ont fait leur entrée sur une fin du set plus electro mais qui n’aura pas délaissé son univers rock pour autant.
Chaude ambiance.
Malgré un rhume prononcé pour la chanteuse Morgane, les (chouchoux) normands Concrete Knives vont alors prendre la relève sur la grande scène. Vus récemment sur Lille pour délivrer un enthousiasmant concert dédié au dernier album « Our Hearts », le groupe ne déçoit toujours pas et emmène rapidement le public avec lui. Il faut dire que week-end oblige, le site se remplit plus vite qu’hier, et ce n’est pas la tête d’affiche grand public hype totale Eddy De Pretto qui ralentira l’arrivée du public.
Mais tant mieux ! Morgane aura beau être écrasée par la chaleur, aveuglée par le soleil (sauvée de justesse par les lunettes de son bassiste), Nicolas le guitariste aura beau être cloué à son fauteuil roulant malgré un pied cassé, le groupe régale de son énergie et de ses rythmes exotiques. C’est donc un plaisir que de les revoir et ainsi fouler la scène d’un festival qui est déjà sur de bons rails avec un public en forme. La température continuera de monter sur le single « Our Hearts », le titre « Africanize » ou encore l’excellente « Wild Gun Man » et ce n’est pas la descente dans le public de Morgane (sûrement pour mieux refiler son rhume) qui va calmer les spectateurs présents. Chaude ambiance, merci les normands !
Moui…
Sur la petite scène, c’est le groupe français Pendentif qui va prendre la relève mais avouons-le tout de go, voilà bien un des rares sets auxquels je n’aurais pas du tout accroché pendant ces 2 jours au festival Minuit Avant la Nuit. Un peu électro, lorgnant du côté de la pop mais surtout un peu trop convenu au démarrage et trop « chanson française » pour moi (comprendre dans ses sons et ses paroles), je suis complètement passé au travers de cette électro branchouille très franco-française, je ne doute pas que le groupe aura ses amateurs mais malheureusement, je n’en ferai pas partie malgré des billets de presse avec des qualificatifs tels que « aérien », « perle », etc…
Caution grand public.
Eddy de Pretto. Seconde fois que je le vois sur scène en 6 mois et non, je n’accroche toujours pas plus là aussi même si le public est clairement là pour lui, tête d’affiche de ce samedi. Je ne vais pas m’étaler, on ne peut nier une approche très différente de la musique française avec lui mais là encore, il faut avoir une affinité pour le son à la française, ce que je n’ai que très peu. J’ai donc préféré me consacrer à « Et dis, je veux deux kro' ».*
*Cette blague foireuse est non remboursable.
Folie.
Retour aux hostilités avec le passage sur la petite scène du set musical le plus nihiliste et décalé vu depuis bien longtemps ! Sorti de nulle part, le presque sosie physique de Michel Houellebecq vêtu d’un pyjama, Usé (Nicolas Belvalette de son vrai nom) va prendre possession de la scène et d’un public connaisseur, ce que l’on me signale avant, pendant et après le set du gus désormais signé chez Born Bad Records (qui a signé JC Satan, Jessica93 pour ne citer qu’une partie des groupes du moment). Évoluant musicalement dans une électro minimaliste (il est seul sur scène), ce grand fou n’hésite pas à marteler sa guitare en guise de percussions, répétant encore et encore ses rythmes devant un public bon enfant mais attentif ! « PLUS DE VIOLENCE » crient les amateurs, définissant bien au passage la « structure déstructurée » des morceaux. On se demande même comment le mec va tenir un set complet à ce rythme effréné.
L’artiste s’exécutera sans trop qu’on le pousse, frappant, encore et toujours sa batterie tel un drogué sous amphétamine, pris parfois de convulsions sonores et de moments de schizophrénie musicale mais aussi mentale. Car si la consigne (habituelle) est de ne pas faire de photos avec flash, il est certain qu’il ne faudrait pas créer plus d’épilepsie encore ! Usé tombe même la chemise le temps d’un morceau en mode crooner « une nuit sans toi, c’est comme un enfant sans cartable », toucher de zizi préalable compris bien sûr et numéro de téléphone pour brancher derrière. Fou.
Trippant.
Sur la grande scène de cette journée bien chargée, ce sont donc les anglais de Slowdive qui vont assurer la relève en mode shoegaze. Détail un peu fun, il faut savoir que les groupes alternant les scènes, les uns font souvent leurs balances pendant que l’autre joue, on vous laisse deviner la galère que cela semble représenter et il sera plutôt drôle de voir les anglais mi-gênés (dans leur préparation), mi-WTF en voyant Nico de Usé se toucher les tétons au devant de son public. Mais une fois sur scène, les 5 musiciens vont, eux, officier dans un registre bien différent ! Plus planant, on ne peut que saluer le gros travail sur les lumières, la nuit est désormais bien tombée sur le festival Minuit Avant la Nuit et ne fait que servir un peu plus l’ambiance trippante de la formation qui va délivrer un set plein de maitrise et d’application. Le tout devant un public bien présent et toujours en masse pour une performance qui n’aura cessé de monter en puissance le temps d’une belle heure musicale.
Jouissif.
Les sales gosses du jour ne seront pas tout à fait passés inaperçus lorsqu’ils se baladaient au sein du public du festival mais sur la petite scène, c’est Warmduscher maintenant. Improbable assemblage musical punk/garage rock aussi improbable que le look de deux de ses membres, le frontman cow-boy et le guitariste dandy anglais typique. Rappelons que le groupe s’appuie aussi sur un ancien des trublions Fat White Family et vous aurez un portrait presque clair de la formation. Invectivant régulièrement le public à bouger, les bougres ne se ménagent pas et font vraiment plaisir à voir et signe clairement le côté barré/alternatif de la petite scène en ce second jour. Un peu de punk attitude qui fait du bien et qui bénéficie presque de cette balance approximative réglée en live pendant le set de Slowdive. Derrière le côté nonchalant se cache pourtant un groupe appliqué, très appliqué et bien remonté avec un second degré so british. On en redemande.
La classe.
Malheureusement, c’est déjà la fin de cette seconde journée (pourtant très riche en groupes) et c’est donc sur la grande scène que le trio de Son Lux va éclabousser de sa classe un public acquis à sa cause et encore très nombreux. La douceur fait donc place au côté brut du punk de Warmduscher. Presque religieux, le concert est même ponctué de personnes demandant le « silence » au sein des spectateurs. Cela en dit long sur l’ambiance et le respect qui se dégage de ce set ultra planant qui sait aussi, parfois, faire place à des guitares plus véhémentes, plus enlevées. À peine quelques mots du frontman Ryan Lott viendront ponctuer le set « Merci, bonsoir » et même, et même, quelques rires devant un public bien emballé par l’idée de voir son groupe préféré. Une belle manière de conclure notre présence lors de ces 2 premières journées (une troisième plus chill étant prévue le lendemain mais que nous aurons dû, là aussi, zapper pour des questions d’organisation personnelle).
Pour lire le report du premier jour, c’est ici Kamrades !