Trois longues années sans faire la traversée vers Boulogne-Billancourt pour refouler la pelouse de Rock en Seine. Une programmation débordante remplie de groupes à ne pas rater, un nouveau format 4 jours et l’envie de retourner dans un festival à l’ADN retrouvé. Commençons par la première journée où on a pu goûter une bonne partie de ce que le rock à nous offrir en 2022.
La RATP décidant de faire courir ses métros en semaine jusqu’à minuit et pas beaucoup plus, cette journée placée sous le signe du rock anglais démarre et finit tôt. Les très populaires Yard Act jouent donc à l’heure du goûter et pour un retour, on n’a pas souvenir d’avoir vu les files de ReS aussi remplies ! Vus au Trabendo et à Lille, les nouveaux chouchous de beaucoup font le show. Bien revigorés par un break nécessaire et l’annulation de quelques dates avant de passer notamment par la Route du Rock, ils ont défilé leur album avec détente et gouaille. James Smith est l’incarnation du lad au flegme britannique vissé au corps et se balade entre blagues pour les interludes, couplets/refrains revisités selon le flow qu’il a envie d’assurer. Au talent ou sur l’énergie du moment, c’est le genre de groupe qui nous laisse à penser que tout ça leur est facile et naturel. Leur popularité ne fait que croître, leur sympathie y participe et on parie sans trop de risque sur leurs venues prochaines à un horaire de plus en plus tardif et des salles toujours plus grandes. La suite du programme continue sévèrement crescendo et se dessine sur trois noms que l’on connait bien.
IDLES est un habitué des tournées et a été l’un des premiers artistes à reprendre son rythme incessant entre émissions promos et tournées mondiales sold out. Bien connus de Rock en Seine et au lendemain d’un concert brûlant à Bruxelles dont Ross vous parle ici, les voici à 19h20 prêt à en découdre. Comme d’hab. Dans la rigolade et l’esprit bon enfant bien sûr. Avec une foule de fans déjà chauffée à blanc avant le départ avec des cris gutturaux et une envie d’être bien placée pour les pogos. Le set est rôdé avec deux titres lancinants pour démarrer : ‘Colossus’ et ‘Car Crash’ posent l’ambiance tout en faisant balancer les têtes sur les breaks. Le groupe paraît petit sur la scène mais ne perd pas de temps pour prendre toute la place. Grâce à un son lourd, au charisme et à l’assurance du duo Joe Talbot / Mark Bowen et au reste de la troupe qui n’est jamais à prendre en défaut. Leur quatrième disque fête bientôt sa première année et CRAWLER occupera le tiers des morceaux, tout comme Joy as an Act of Resistance. Les temps forts restent les mêmes avec toujours la ferveur autour de ‘Danny Nedelko’ et le moment pour Bowen de monter sur la fosse, tout comme il y a toujours une petite minute pour glisser une cover de Mariah Carey. Le set se termine par ‘Rottweiler‘ avec un petit goût de trop peu et l’envie que le groupe déconstruise un poil cette recette efficace mais que l’on a peut-être trop vue. Enfin changer le morceau de fin, aller chercher d’autres morceaux de leur catalogue, encore plus varier les ambiances ? Il n’empêche sans jouer les pisses-froids qu’IDLES reste aujourd’hui la plus grande kermesse que le rock anglais récent peut nous offrir et elle est servie avec générosité et qualité. Et ce même si c’était sûrement la huitième fois qu’on la voyait en moins de 5 ans.v Et comptez sur nous pour être là pour la prochaine fois !
Tout ce beau monde ira finir sa route lors d’un DJ set au Supersonic orchestré par Joe lui-même jusqu’au bout de la night.
Autre énorme morceau, Fontaines DC était à nouveau devant nos yeux pour honorer leur excellent Skinty Fia, grand prétendant au titre de meilleur disque de l’année. Dans la lignée de leur tournée salles à Lille et de leur passage au Primavera, ils ont délivré un show à la fois sobre et puissant. Comme tous ses compères, Grian Chatten dégage une aisance imperturbable. ‘Roman Holiday’, ‘Televised Mind’, ‘How Cold Love Is’, ‘Big’ ou la géniale ‘Skinty Fia’ sont autant de pépites qui s’enchaînent, le tout sous un ciel parfait pour remplir Instagram de #skyporn.
Dogrel, A Hero’s Death et Skinty Fia se marient élégamment au long de la setlist sans aucune faute de goût et nous permettent d’observer la cohérence et la justesse de leur disco. Au sein d’une foule compacte et chargée sur la Scène de la Cascade, on restera jusqu’à la fin pour ‘I Love You‘, un des morceaux de bravoure de leur dernier album. Une fosse qui se videra en partie pendant la deuxième moitié du set pour aller se placer voir le mastodonte de cette première journée…
Revu en 2018 en salle et à Nos Alive à la suite du fumeux Tranquility Hotel Base + Casino, ils nous tardaient de voir si les Arctic Monkeys allaient enfin sortir de la nonchalance qui les caractérisent sur scène. Eloigné de Rock en Seine depuis 2014, c’est devant une foule délirante que le groupe ouvre avec ‘Do I Wanna Know ?’ dans une scénographie démesurée et classieuse. Avec cet énorme écran de fond en forme de miroir, la scène est transformée en club dans une ambiance très années 70. Ce qui semble allait comme un gant au futur nouvel album The Car annoncé 24 h plus tôt et dont le premier extrait joué ce soir ‘I Ain’t Quite Where I Think I Am’ dégouline de groove. Entre force tranquille, usine à tubes et crooner, le set passe à une vitesse folle. Les 21 titres joués sont généreux, exécutés et piochent de manière équilibrée et rythmée dans toute leur carrière. Avec le bon goût de nous épargner Suck It & See & leur dernier effort. Autre plaisir de taille, les Arctic savent à nouveau jouer vite et fort sans donner l’impression de jouer au ralenti leurs vieux titres. ‘Brianstorm’, ‘Teddy Picker’ ou ‘From the Ritz to the Rubble’ sonnent presque comme avant ou en tout cas assez pour que notre mémoire fasse le reste. C’est AM qui se tire la part belle de la setlist et c’est tant mieux puisque le disque sait totalement rendre le change grâce à ces titres dansants qui secouent quelques dizaines de milliers de bassins. Surprise de retrouver ‘Knee Socks‘ avec une fin modifiée pour mettre en avant les backings de Josh Homme, présent sur le morceau en studio à la guitare comme au micro. Son ombre plane aussi sur le concert avec quatre titres d’Humbug, troisième album qu’il avait produit avec eux dans le désert de Joshua Tree en 2009 et que l’on n’attendait pas autant dans cette setlist. En fin de concert se pointe au-dessus de leurs têtes, une énorme boule à facettes : un détail qui n’en est pas un pour le Domaine de Saint-Cloud qui s’était déjà transformé en piste de danse géante dans un set fédérateur qui nous a définitivement réconcilié avec les prestations lives des Arctic Monkeys et nous a donné envie de vite découvrir The Car le 21 octobre. Il était impossible de les voir de trop près vu la taille et la densité de la foule, nous n’avons pas eu de problème de son visiblement entendus par ceux qui étaient au devant de la fosse. Une foule assez comprimé et difficile à traverser à cause de la controversée Golden Pit dont on a déjà pu voir des équivalents chez Mad Cool en Espagne et qui a fait râler tout le week-end…