Un clochard au théâtre
Sept ans après la découverte du bonhomme pendant Rock Werchter 2009, nous revoyons Seasick Steve dans ce lieu cossu qu’est le Trianon. D’un ancien sans-abri à un artiste aux tickets à 39,50€, il y a une ironie que le chanteur ne se manquera pas de soulever. Le sourire bien visible dans son imposante barbe.
Pour reprendre la formation de la tête d’affiche, Black Box Revelation sont deux avec un line-up batterie et guitare/voix. Là sur les 6 semaines de tournée européenne, ils tirent leur révérence ce soir. Si l’entrée en matière est un peu molle, on sent qu’ils sont plus efficaces lorsque le bruit se fait imposant. Loin d’être un manche à la guitare, le set manque un peu de présence et d’énergie pour décoller vraiment. La fin semble assez prometteuse pour y jeter une oreille en album. Au passage, le groupe n’est pas tout neuf puisqu’il vient de dépasser les 10 ans de carrière.
Accompagné de son fidèle batteur Dan, Steve nous arrive seul pour démarrer avec une mise en bouche politisée. Une cover évoquant le destin des défunts Lincoln, Luther King et frères Kennedy, tous assassinés pour leurs idées. L’occasion pour notre MC de souligner sur toute la population US, ils ont réussi à se retrouver avec Hillary Clinton et Donald Trump. Vivement que cette élection se termine, que l’on arrête de polluer les concerts de ses apartés, même si celle du soir s’est faite avec le sourire. Tous les 2/3 morceaux, Steve jongle avec les guitares. Artisanales pour la plupart, elles possèdent une, voire 3 cordes et possèdent un corps improbable. Comme cette gratte métallique, ressemblant à une turbine plus qu’à un instrument de musique. Un délire cohérent avec le set-up du show, ressemblant à un concert ayant lieu dans un salon. Mais un putain de salon, avec 2 amplis, un gros son de guitare et un batteur au diapason.
Au Trianon ce soir pour #seasicksteve pic.twitter.com/xXEurJoGDl
— VisualMusic (@visualmusicorg) November 4, 2016
Balades au coin de la fosse
Toujours le sourire au coin et l’oeil malicieux, le papy oscille entre blues et morceaux plus agités et parvient même à nous faire la pub de son nouveau vinyle. Joli moment du set, l’invitation d’une demoiselle sur scène pour lui conter « Walkin Man » : heureux hasard, elle en connaissait même les paroles et repartira avec le vinyle dédicacé.
Très attachant et généreux, Seasick Steve porte cette bonté sur sa tête et le son qu’il arrive à sortir de sa collection de grattes apporte autant de caractère à un personnage authentique plaisant à regarder et presque touchant. L’avant rappel est ponctué du retour de la première partie pour un doublement des instruments, montrant d’ailleurs toutes les qualités de soliste du guitariste de Black Box Revelation. Un des meilleurs moments du set, calé à côté de « Summertime Boy » par exemple.
Présent sur le dernier disque du bonhomme, elle fait aisément partie de ses perles. Steve, qui introduit quasiment chaque titre d’une petite histoire replaçant le contexte. 15 morceaux pour 2 heures de show, pas mal pour quelqu’un qui dépasse les 70 ans. De quoi remettre en lumière la flemmardise des Slaves, arrêté après 55 minutes. Il peut donc partir ému, le poing fermé et content d’avoir conquis toute la salle avec un concert parfait pour clôturer sa tournée dans le continent.