The Soft Moon a pondu l’un des disques de la rentrée avec Exister. Son retour en concert est ponctué par une tournée longue de 36 jours rythmée par seulement 3 jours de pause en cumulé. Heureuse coïncidence : son dernier show était à Paris, au Trabendo.
Pyrit fut la première partie du soir et quel magnétisme. Avec déjà trois albums au compteur et des travaux en tant que compositeur de musique de film, celui que Luis Vasquez qualifie de génie aura convaincu par sa prestance et son intensité.
Jonglant entre claviers et percussions, il a captivé la foule via une voix puissante et inattendue. Peu couvert avec son body ultra moulant démontrant un physique des plus skinny, il est difficile de ne pas penser à Bowie période Ziggy Stardust à la fois par l’apparence mais aussi par un univers commun en termes d’esthétique visuel et d’équilibrisme musical.
‘Sad Song‘ est le premier titre d’Exister et ce sera aussi le cas ce soir. La voix du chanteur nous épate par sa justesse et on se rappelle très vite à quel point Luis Vasquez aime ce rôle de frontman. Bien en place au chant, il ne manque jamais de faire le spectacle et de donner du mouvement dans le concert. Quelques pas de côtés guitare en main, des portés de gratte et des allers-retours en fond de salle pour aller chercher l’accessoire de la soirée : une poubelle en métal. Car non, cet instrument de fortune n’est pas réservé à STOMP! et The Soft Moon nous prouve que les percus peuvent venir de toutes parts. Pour ceux qui veulent savoir ce qui arrive, vous pouvez tomber sur de drôles de posts sur Instagram tout au long de la tournée… Bref, le trio n’est pas là pour trier les déchets et on retrouve bien cette atmosphère de dancefloor brumeux, percutant et eighties que l’on imagine quand on écoute leurs disques.
Un bassiste discret mais redoutable et un batteur à la frappe sèche et millimétrée, présent en live depuis 8 ans accompagnent remarquablement la tête et les jambes du groupe. Un supplément d’âme attendue sur scène qui décuple le coffre des compositions, bien aidée aussi par la générosité du chanteur très à l’aise aussi lorsqu’il faut donner plus de voix sur les titres plus mélodieux comme ‘Become The Lies‘. On pourrait presque reprocher au public de ne pas rendre les coups donnés avec une tendance à rester trop statique. Mais sur un style de musique très émo/cold wave, il n’y a rien d’étonnant à ce que les choses se passent plus à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Aucune pause ou trou d’air sur les dix-sept titres joués mais plutôt le contraire avec une température qui a tendance à aller vers le haut. Les morceaux les plus nerveux seront privilégiés et c’est tant mieux. Quelque soit ton album préféré, Luis et ses compères piocheront quasiment dans toute la disco de manière égale afin de servir les derniers arrivés comme les premiers fervents défenseurs puisque les deux titres du rappel leur sont dédiés avec ‘Die Life‘ et ‘Want‘. Le résultat donne un tout cohérent avec une ferveur commune à tous les titres, un sens de la percussion martiale douloureuse pour les cervicales et une belle dose d’emo laissant la porte ouverte à une interprétation écorchée et incarnée. Contents d’être là pour ce dernier show de la tournée et généreux à la fois dans la durée, les remerciements et la forme, The Soft Moon peut nous quitter avec la sensation du devoir accompli avec justesse et plaisir. Et la garantie de s’être offert un paquet de clients prêt à resigner pour la prochaine. La brutalité crue de Criminal, l’ampleur d’Exister, la cold wave speedée et dansante de Deeper, l’indus de Zeros ou le son claustro de son éponyme, c’est toute la disco du groupe qui tournera dans nos oreilles dans les semaines à venir.