King of The Chill
A l’aube de la trentaine, Mac DeMarco a conquis le trône de roi de la folk indé placée sous le signe du chill. Après le carton de Salad Days en 2014, disque parfait pour glander sous le soleil ou pour regarder les paysages défilés, il nous revient avec This Old Dog. Entre temps, le canadien a quitté le Queens pour s’installer à Los Angeles et son nouvel album continue de creuser le sillon de la chanson qui détend. Les guitares et les variations de tempo sont mises de côté, au profit des synthés. Une orientation déjà amorcée avec Salad Days, puis amplifiée avec Another One. Pour une fois de trop ?
Coup de vieux ?
Il paraît loin le temps du petit chanteur à la gueule de bois passant du blues à la balade sautillante avec une voix rocailleuse. L’ami Mac est en constante phase de décompression avec un enchaînement de titres de 3 minutes où sa voix se pose sûrement et calmement sur une musique jamais affolée. Les refrains très marqués identifiables dès la première écoute, comme les thèmes concentrés autour de l’amour et de la famille, renforcent l’impression d’avoir un album de crooner. Avec ses claviers low-fi, on pourrait presque penser à du Sébastien Tellier, à la variété italienne ou à lui-même sur « Chamber of Reflection » et Another One en 2015. Dommage que ce penchant soit autant omniprésent dans une setlist un poil longue et monolithique.
Toujours très personnel dans ses textes et dans l’évolution logique de sa discographie, DeMarco est un adulte qui vieillit. En prenant conscience de sujets plus graves pour laisser de côté les bluettes de ses deux derniers disques.
C’est la vie
Sur « Watching Him Fade Away », il s’étend sur la fin de vie de son père. L’ayant abandonné très jeune, leurs rapports sont inexistants et si il est triste devant l’issue, il ne peut s’empêcher de penser que ça fait bien des années que son père était déjà parti. Dans son esprit. Un registre très mélancolique qui prend la suite de la nostalgie de Salad Days reléguant la déconne caractéristique du personnage, ici au second plan. Son regard amusé et léger sur la vie s’en trouve ici dénué d’insouciance et proche du conseil d’un « vieux » sage. Attention, la déprime n’est pas au rendez-vous et on retrouve quand même quelques titres innocents comme « Baby You’re Out » et « For the First Time ».
Dans les morceaux ressortant du lot, on note la bien nommée et dispensable « One Another » semblant sortir d’un mode automatique, l’interlude « Sister », la piano bar « One More Love Song » ou côté positif « On The Level » figurant de loin comme la plus rythmée du disque. L’échappée belle, c’est « Moonlight on the river ». Une longue piste de plus de 7 minutes où les instruments dérivent et se lâchent dans leur deuxième moitié, quitte à laisser 10 secondes de conneries vocales à base de pédales à effets en fin de morceau comme DeMarco nous a déjà habitué.
« Ce ne serait pas l’album de la maturité ? » 😴
Lover, observateur, flâneur, Mac DeMarco joue donc de son registre en allant plus loin dans la lenteur. Pas très éloigné de son pote Connan Mockasin, on l’aurait bien secoué pour accélérer la cadence. Ces mélodies au synthé sont parfois si simples qu’elles ressemblent aux demos pré-enregistrés présentes dès l’achat. Sa voix et le clavier empiètent sur les autres instruments pour laisser plus de place aux textes et à l’interprétation. Heureusement, il n’a jamais été aussi sûr au chant. Ce qui ne nous empêche pas de trouver le temps un peu long et de regretter la période où il savait marier balade faussement glandouille, petite réussite pop et expérimentations rétro sans verser dans le mou du genou. A l’image de Father John Misty, le plus grand défaut de Mac DeMarco est lié au fait que sa personnalité et sa vie est irrémédiablement lié à sa musique. A passer pour un branleur, on pourrait croire que ce qu’il produit est facile à sortir. Ce serait minimiser la qualité et l’efficacité, malgré la sensation se déjà entendu. En demeure un album maîtrisé mais un peu chiant.
Pour boucler ça, on vous laisse avec le Concert à Emporter de La Blogothèque.