Quelques semaines après notre découverte des MSPaint et leur post-hardcore synthétique, Model/Actriz met un coup de pied dans la noise avec un premier album fiévreux.
Difficile de ne pas penser à la vague de groupes que forment Gilla Band, The Psychotic Monks et quelques autres à l’écoute des Model/Actriz. A ceci près que ces derniers y ajoutent un caractère sexy qu’on ne voyait pas venir dans ce genre. Dogsbody dispose sûrement du meilleur enchaînement de morceaux de 2023 avec 4 premiers titres absolument délirant. Pas une pause entre les titres via une science aïgue du fondu et une emprise sur l’auditeur qui sera à coup sûr étudié un jour en psychologie. La tension déployée sur ce disque est étouffante et sulfureuse. Excitée et galvanisante en début d’album, elle vient s’écraser sur nos frêles épaules dès la funeste ‘Divers‘. Leur son repose sur un usage démoniaque d’influences électros sur les percussions pour ne laisser aucune respiration côté tempo. A cela s’ajoute bien sûr des guitares en fusion, prêtes à découper tout mur du son pour se faire un chemin au sein de ce champ de bataille que représente chaque titre. L’approche des instruments a été pensé pour mimer le son d’une voiture en plein démarrage ou encore le passage d’un train.
Une agression sonore de tous les instants, portée par un chanteur au flow étrangement sensuel, Cole Haden. Susurrant des paroles relatant violences, addiction sexuelle ou délire religieux avec la même énergie captivante et déroutante. Un chant théâtral et diabolique donc, accompagné d’une bande-son apocalyptique. Parfois sombre mélodie en sourdine dont on peine à distinguer les instruments ou à l’inverse, tant mis en avant dans le mix que l’on se prend tout en pleine gueule.
Une virée qui pourrait tourner à l’oppression mais qui se transforme en trip défouloir et fascinant. Et en expérience sensorielle une fois le casque vissé sur les oreilles.
Model/Actriz est un groupe que l’on avait découvert via le titre ‘New Face‘ dispo depuis 2017 pour mieux l’oublier ensuite… A l’image de DITZ, leur premier album a pris son temps pour arriver mais maintenant qu’il est là, on ne veut plus le laisser partir. A l’heure où ses lignes sont écrites, on voit difficilement quel autre album pourrait déloger cet OVNI du statut de disque de l’année. La faute à des morceaux incendiaires comme ‘Mosquito‘, à l’uppercut ‘Crossing Guard‘, à l’indécente montagne russe qu’est ‘Slate’ et à la totalité d’une tracklist vraiment pas comme les autres.
Merci Model/Actriz.