Nilüfer Yanya ✖︎ My Method Actor

Troisième disque en cinq ans pour l’une des perles du circuit indépendant anglais. Avec un PAINLESS placé bien haut dans la plupart des listes de l’année 2022, Nilüfer Yanya était attendu au tournant et comme à son habitude, le résultat est sensible, intrigant et chaleureux.

Du haut de ses 29 ans, Nilüfer Yanya est multiple. Complètement ancrée dans sa génération via les questions soulevées par ses chansons, son utilisation des réseaux sociaux et sa productivité accrue, elle porte également en elle les traces d’une artiste marquée par une certaine scène rock indé, des effets de guitare teintés de shoegaze et une sensibilité profondément nineties. C’est ce mix qui rend ces mélodies si accrocheuses, le tout enrobées d’une belle portion d’un saxophone jouée par Jazzi Bobbi aujourd’hui aussi détentrice d’un EP à son nom sorti récemment. Dès l’entrée, ‘Keep On Dancing‘ embarque rapidement son auditoire avec l’impression qu’on arrive directement dans le refrain. Une tendance à ne pas laisser les choses traîner qui s’étend à l’album entier. Non pas que le rythme soit des plus chevronnés ou que les titres servent une formule mais il ressort des trois premiers morceaux un sens de l’évidence et de la cohérence avec ce qui a ponctué la jeune carrière de l’artiste. Si harponner l’auditeur était la mission cachée de cette intro, elle est accomplie. Co-composé et produit une nouvelle fois par Wilma Archer, on ne peut que reconnaître le talent du binôme pour allier immédiateté et profondeur à des morceaux qui parviennent dès la première écoute à soulever le sourcil.

Si on le sentait depuis ses premiers morceaux, le ralentissement de tempo et une mise en avant encore plus marquée de la voix de son interprète nous évoquent encore plus Sade. Plus synthétique et moins portée sur les guitares, le son laisse encore plus de place à la voix. Dans la construction de sa tracklist, My Method Actor en donne sûrement trop d’un coup. A peine lancé, les deux plus gros tubes sont déversés avec ‘Like I Say(I runaway)‘ et le morceau titre. Au plus le disque se dévoile, au plus l’étreinte mélancolique et intimiste se resserre sur l’auditeur. Seulement, on peine à retrouver le caractère universel l’exutoire et l’envie irrémédiable d’y revenir que l’on retrouvait dans les albums précédents. Il faudra donc laisser du temps à ‘Binding‘ ou ‘Mutations‘ pour devenir les prochains ‘L/R‘ ou ‘Belong With You‘. Se questionnant tout du long de sa carrière sur les relations humaines et amoureuses, Nilüfer Yanya avance avec des certitudes. Si PAINLESS sonnait comme un album de rupture, c’est ici l’oeuvre de quelqu’un qui continue d’apprendre et s’affirme encore plus comme une artiste sur laquelle il faut compter. Ce son de guitare propre et caractéristique, cette touche mélodique imparable et sa voix voilée alliés à sa sensibilité sont autant de raisons pour revenir à cette nouvelle cuvée pour mieux la comprendre et s’y perdre.

Nilüfer Yanya sera à la Bellevilloise les 28 et 29 novembre pour deux dates complètes.

 

 

NOTE FINALE
Moins percutant et ravageur que son prédécesseur, My Method Actor continue de placer Nilüfer Yanya sur la carte des artistes dont on écoute le travail avec attention et excitation.
4