Autre disque ayant rythmé notre 2022, il était temps pour nous de parler du deuxième disque de Nilüfer Yanya. Découverte lors d’une émission Echoes d’Arte, elle a sorti à 26 ans un magnifique album de rupture dont la production, l’écriture, l’interprétation et la collection de titres nous ont envoûté toute l’année.
Adieu suspense, Painless est de ces disques qui s’écoute en boucle. Même si les tubes y sont évidents, il est très complexe de ne pas l’écouter en entier. La faute à une interprète talentueuse avec cette voix voilée qui semble nous conter avec la plus grande des sincérités ses peines de coeurs et l’énergie dépensée dans une relation qui a fini par s’arrêter. Des thèmes évocateurs et universels comme la solitude, la difficulté de prendre des choix et de les comprendre, l’envie de revenir à des moments vécus tout en sachant qu’ils ne seront plus là. Un album profondément mélancolique contre-balancé par une production riche, chaleureuse et précise qui fait honneur à chaque partition. Un bel exemple de mise en valeur de compositions intimes qui aurait pu vivre en acoustique et qui se retrouve ici à leur donner encore plus de chaleur et d’ampleur.
Le son des guitares sur ‘midnight sun‘ rappelle parfois le côté emo d’Adore des Smashing Pumpkins, tout comme les rythmiques peuvent sonner comme le Radiohead d’In Rainbows. Tout cette attention très particulière aux percussions discrètes et au saxophone donnant encore plus de corps aux mélodies. Et dans le registre des mélodies, ce disque contient certaines des pistes les plus contagieuses de l’année, comme ‘belong with you‘ ou ‘stabilise‘ et ses percussions entêtantes.
Un deuxième disque d’une maturité et d’une assurance folle qui tranche avec son prédécesseur par une certaine gravité sans être plombant. Une occasion de plus de reparler de cet immanquable de l’année. Le nom du disque fait référence au fait de devoir souffrir pour créer de l’art, ce que son interprète réfute. Bien entourée par une famille d’artistes avec sa soeur aînée en charge des clips et son oncle derrière les manettes pour l’enregistrement, Painless offre un tout cohérent produit dans un cocon propice pour que Nilüfer Yanya se livre. Avec pour résultat, une sorte de vortex qui peut paraître redondant pour ceux qui restent en dehors mais qui en fait l’un des albums les plus consistants et touchants de l’année.
Painless est ressorti récemment dans une édition agrémentée de 3 morceaux en version live acoustique, 2 remix par King Krule et Sampha ainsi qu’une cover de PJ Harvey ‘Rid of Me‘ jouée en live sur toutes les dates dans une tournée incessante de mars à décembre avec des passages à Glastonbury, Coachella et dans tous les talks-shows du monde. Après une année chargée et une période de repos bien méritée, on se demande déjà ce que la suite va nous donner et pour sûr nous serons là pour l’écouter.