The Mars Volta, l’avant split
Pas des plus mainstream, Omar Rodriguez-Lopez avait quand même attiré le chaland quand il a annoncé la sortie d’un de ses douze disques annuels. Après une première fournée déjà chroniquée ici, ce dernier devait contenir le line-up originel des survivants des Mars Volta dans un album enregistré avant leur séparation en 2012. Entièrement chanté en espagnol, voilà donc Aranas el la Sombra. Quand on retire ses morceaux d’ambiance d’introduction et de conclusion, qu’en reste-t-il ?
Sans spoiler, nous sommes clairement dans une ambiance à la Frances The Mute. Comprendre des morceaux qui s’étirent, parfois sans raison, sur une tracklist ressemblant presque à l’exercice de style. La preuve en est la reprise quasi systématique d’un riff sur un tiers des morceaux, celui-ci devenant le squelette du disque à tel point qu’on s’attend toujours à l’entendre débarquer. Embrayant par trois titres familiers mais efficaces, ORL joue la carte de la balade avec « Un Mar Arago ». Toutes 4 très réussies, elles lancent l’album sans décevoir.
Une statue pour Jon Theodore
« Primitivo y Barbaro » sonne comme Amputechture avec une batterie sur le point d’exploser sous les coups de Jon Theodore, tapant tellement vite qu’on a l’impression qu’il y a 3 batteurs derrière. Comme d’habitude, son impulsion est dingue dans cette configuration et son talent n’a jamais été aussi bien mis à contribution qu’avec les Mars Volta. Sa prestation, et notamment ce morceau, légitime à lui seul l’existence de ce disque. Musicalement, les claviers de feu Ikey Owens valent aussi leur quota de louanges, se tirant parfois la couverture dans des titres plus planants comme « Metamorfosis ». Un excellent titre psychédélique, à la fois mélancolique et générateurs de riffs héroïques. Dans les morceaux malades, « Semillas de Hez » prend la suite avec une longue interlude où les guitares semblent se parler et les percussions essayent de s’échapper de Bogotá pour mieux faire éclater le refrain du morceau précédent refaisant irruption.
Le morceau titre s’offre un peu de groove dans la basse, toujours avec une touche latine très ancré et des guitares encore plus vrombissantes, pour ne pas dire abrasives. Les jeux de Frusciante et Rodriguez-Lopez sont si complémentaires, se répondant constamment, qu’il est si difficile de discerner quand l’un commence et l’autre termine. L’inconvénient reste le chant voilé en permanence, comme souvent hélas sur les productions Omar Rodriguez-Lopez en solo. Un choix sûrement effectué une fois de plus à cause de l’absence de Cedric Bixler-Cavala. Si le style et leurs voix se rapprochent une fois la pédale à effets enclenchée, les notes sont loin d’être les mêmes.
ON EN VEUT PLUS.
Malgré cela, cela n’entache pas la cohérence d’un vrai disque dans Aranas en la Sombra. Pour avoir exhumer le cadavre d’une formation culte 4 ans après son enregistrement, la dissection se fait sans heurts. A part sur la grandiloquente « Voluntad de Los Ciegos », l’expérimentation n’est pas aussi rebutante qu’elle l’a pu être, la folie est vraiment au niveau de ce que l’on attend de TMV. Rarement too much et jamais trop mou comme ont pu l’être leurs titres acoustiques, ce disque inattendu nous rouvre l’appétit pour la suite.
Pour finir, on vous laisse avec l’album partagé sur YouTube par Omar en grand prince.