Malgré la récente prise de participation minoritaire d’Universal Music, PIAS est et reste l’un des labels indépendants référents aussi bien dans la production que dans la distribution d’artistes de qualité et aux univers variés. Et l’on sait que les fameuses Pias Nites ont toujours été l’occasion de belles découvertes live. Rendez-vous était donc pris dans l’ancienne capitale des Comtes de Hainaut pour une soirée en trois temps avec la folk soyeuse d’Halehan, la musique métissée de Ladaniva et la Pop cinématographique de Warhaus.
Le Manège de Mons est une salle spectaculaire, ancien bâtiment militaire du début du XXe siècle complété par une immense verrière moderne , une belle terrasse nous accueille sur le parvis de la salle où sont installés transats et bar extérieur et l’on se doute déjà que c’est le lieu idéal pour accueillir une soirée riche et pleine de contrastes.
On démarre donc cette triplette en douceur avec le bruxellois Halehan qui délivre des balades folk d’une belle simplicité. Un moment contemplatif qui appelle à flâner dans son imaginaire d’enfant, là où tous les rêves sont encore possibles.
C’est une toute autre ambiance à laquelle nous allons avoir droit ensuite avec le groupe Lillois Ladaniva (oui oui comme le 4×4 russe !) . Leur musique mélange allègrement les origines arméniennes de leur chanteuse Jacqueline Baghdasaryan et les influences pop et jazz pour un set endiablé. A l’image de titres comme Vay Aman, Jako, ou leur récent single Shakar , on retrouve de la musique des balkans, des touches anatoliennes, des parties de saxophone free jazz intégrées avec intelligence dans une musique d’une grande sensibilité mise en avant par le magnétisme et la bonne humeur communicative de Jacqueline qui est capable de faire passer du rire au larmes en quelques instants. Elle communique d’ailleurs beaucoup avec le public en nous racontant avec humour par exemple comment sa maman a raté leur premier concert en Belgique. Pendant ce temps, Louis , l’autre tête pensante du groupe enchaîne les instruments: guitare et trompette en tête mais également un surprenant passage solo de flûte avec toujours un réel plaisir dans le partage. Un groupe à suivre et à vivre donc. D’autant plus lorsqu’ils nous annoncent que leur album arrive et qu’il est produit avec l’aide du touche à tout Jasper Maekelberg membre de Warhaus et homme de l’ombre de Balthazar également aux manettes pour d’autres artistes de la scène belge. (Mintzkov, Warhola, Mauro Pawlowski…)
La transition est donc toute trouvée pour pouvoir profiter comme il se doit des têtes d’affiche de cette soirée. Et vous le savez forcément en nous lisant régulièrement, le troisième album de Warhaus Ha Ha Heartbreak faisait partie de nous chouchous de 2022.
Il est un peu plus de 22 heures quand l’orgue de Barbarie entame l’air d’Open Window au moment de l’entrée en scène des cinq musiciens. Et ce n’est pas pour avoir vu le groupe récemment au Grand Mix que l’on va bouder notre plaisir de les retrouver si vite. La bande de Maarten Devoldere ne cesse de tourner et même s’ils ont assuré l’un des rares sets de Balthazar cet été quelques jours avant, le groupe ne semble pas se lasser de toutes ces prestations et va piocher dans ses trois albums tout au long d’un set à la fois tendu et sexy accentué par la mise en scène circulaire et un jeu de lumière et d’ombre toujours bien pensé.
Son « Break-up » album comme Maarten aime le rappeler se prête particulièrement bien au jeu de la scène et des titres comme When I’m with You ou Desire placés en début de prestation s’intègrent parfaitement à un Control ou un Good Lie qui font chalouper les spectateurs du soir.
Mais ce qui fait le piquant de Warhaus sur scène, c’est cette faculté à étirer ses morceaux dans une ambiance aussi Jazz que Rock comme sur la bien nommée Time Bomb qui semble devoir exploser si elle se termine. Le groupe semble d’ailleurs vouloir se couper du temps sur toute la fin de concert. Sur l’instrumental Beaches , mené par la trompette et le trombone, Maarten se la joue « Bono façon pochette de Rattle & Hum » et arpentant la scène, plongée dans le noir, projecteur en main et éclairant tour à tour les musiciens.
Après un Mad World lui aussi étiré et marqué par les jolis choeurs des premiers rangs le groupe entame Open window afin de boucler la boucle de la plus belle manière. Et même si elle n’est pas habillée des somptueux arrangements de cordes, elle n’en reste pas moins magnifique et déjà un classique du répertoire du groupe. Peu importe l’habillage, les émotions procurées restent les mêmes , c’est bien là la marque des grands morceaux.
Ladaniva comme Warhaus écument les festivals un peu partout cet été et seront encore en tournée cet automne, alors go and see them live !