Avec ses 3 disques en 5 ans, Preoccupations tient la cadence et s’est imposé malgré ses changements noms incessants et autant de problèmes de référencement Google. Accompagnés de Moaning, les voilà prêts à démonter une nouvelle fois La Maroquinerie.
Signature Sub Pop issue de Los Angeles, Moaning vient de sortir son premier disque éponyme et découvre Paris ce soir. Ils sont jeunes, trois et pas besoin de chercher pour leur trouver des qualités. Un chanteur au grain féroce insoupçonné face à son allure juvénile, un certain talent à manier les morceaux énervés comme son label sait les dénicher et une section rythmique frontale et dansante parfaite pour les titres eighties dansants. En tournée depuis deux mois avec Preoccupations, déjà reconnus respectivement comme étant les meilleurs amis du monde : on ne pense pas se tromper à la vue de cette très maîtrisée demie-heure en disant que les petits jeunes sauront creuser leur trou comme leur tête d’affiche ou leurs grands frères Metz. On recommande pour commencer « Don’t Go » en clip ci-dessous et « Somewhere In There« .
Y’a pas de mal à se faire du bien.
La dernière fois qu’on avait croisé Preoccupations, c’était à la soirée New Noise au Trabendo et le souvenir d’un concert très court et froid persiste. Leur passage express à l’Olympic Café n’avait pas été non plus aussi marquant que lors de notre première rencontre à La Maro en 2015. Ce soir n’est pas passé loin de l’annulation après des vols successifs à Vancouver et San Francisco où le groupe s’est fait piquer du matos puis le van rempli. Une campagne de crowdfunding réussie plus tard et une belle histoire inespérée peut reprendre.
Même avec trois disques, les ex Women ou Viet Cong arrivent à sortir un morceau de leur premier EP de leurs manches et après une longue introduction, la machine est déjà en place avec un épique « Select Your Drone« . Dans une démonstration de puissance et d’unité impressionnante, le groupe paraît gigantesque et les têtes vers l’avant en direction de la scène prouvent que tout le monde est dedans. Et ça nous rappelle qu’on avait oublié la qualité de l’EP Cassettes. Les trois disques éponymes se rendent les coups en s’enchaînant dans la setlist et pas un d’eux n’est pris à défaut dans son interprétation. On voit un groupe resserré, très sûr de lui et qui renvoie quelque chose de plus généreux que sur ses précédentes prestations. A tel point que « Silhouettes » ou « Continental Shelf » sonnent comme si les Cure avaient été enfermés 30 ans en cage pour ressortir façon Old Boy prêts à tout fracasser.
Une batterie pour tous les gouverner.
Avec deux guitares / claviers toujours dans les bons coups en back et pour lancer les morceaux dansants, c’est bien la section rythmique qui tire la couverture sans même le chercher. Au chant, Matt Flegel s’arrache totalement et semble équipé d’un mégaphone dans la gorge tellement sa voix gutturale et profonde résonne et trône au-dessus des instruments, tout en s’occupant de la basse. Hélas, il côtoie encore plus fort que lui. Michael Wallace à la batterie est un véritable monstre, facile dans l’impression qu’il dégage, forcené dans ses frappes, il donne l’impression de tenir le groupe au bout de ses poignets. Partout, il en profite aussi en fin de concert pour distribuer bières et bouteille d’eau aux premiers rangs ou pour vanner son chanteur en lui demandant de ne pas foirer la suivante.
Si la réussite des efforts studio de Preoccupations n’a jamais été à démontrer, leurs lives laissaient parfois un goût de trop peu. Au vu de la baffe dans la gueule reçue ce lundi, plus de doute possible : ils sont là pour éclater avec fermeté toutes les mâchoires croisées avec sourires et décibels en prime. 12 petits morceaux pour trois ans de carrière, ça pourrait paraître peu mais l’intensité était au rendez-vous et la générosité aussi. On ne sait pas si les mésaventures ont rendu le groupe plus reconnaissant d’être, si c’est une coïncidence ou de la psychologie de comptoir mais putain ce que ça faisait du bien de les revoir à ce niveau ! Entre ça et New Material sorti cette année qui donne de l’air à leurs compositions, on ne voit pas ce qui pourra les ralentir dans leur entreprise de démolition.