Ayant quitté Arcade Fire avant leur dernier album WE, Will Butler poursuit ses aventures après trois disques solos sortis entre 2015 et 2020.
Première question : qui sont les Sister Squares ? Ce groupe est composé de sa femme Jenny Shore, Julie Shore, Sara Dobbs, Miles Francis. Un groupe qui l’accompagne en tournée depuis 2015, accompagné d’une section de cordes de trois personnes. Une assemblée dont on entend les qualités dès les premières écoutes pour un disque ambitieux et gourmand de 14 titres. Bien loin de se cantonner à de l’indie rock, cette troupe s’amuse à proposer de la pop sucrée, des balades folk et d’autres expérimentations longues à énumérer, qui font que la découverte de l’album est synonyme de curiosités et de surprises. Sa première moitié est plutôt là pour satisfaire ceux qui savent ce pourquoi ils sont venus, là où la suite abrite la groovy et surprenante ‘Sunlight‘. Ou l’excellente ‘I am Standing In A Room‘ où un fond de piano épileptique sert de toile de fond pour un spoken word rempli de second degré. Parmi les chansons qui fusionnent toutes ses envies, ‘Arrow of Time’ est sûrement la meilleure carte de visite pour apercevoir ce que le disque a de mieux à offrir.
Will Butler a toujours été un interprète à fleur de peau, au chant exacerbé prêt à faire un pas de côté et à surprendre son auditoire. Pour le meilleur ou pour le pire avec un goût pour le too much en solo parfois difficile à digérer. Ici, la pièce tombe souvent du bon côté pour un résultat qui sonne à la fois captivant, personnel et authentique. Seules les balades ‘Car Crash‘ et ‘The Window‘ auraient pu rester à la porte du studio et appellent au zapping.
Il est impossible de ne pas parler de ce disque sans évoquer l’incontournable ressemblance vocale que Will a avec son frère Win. Sur ‘Stop Talking‘ ou ‘Good Friday, 1613‘, le timbre comme l’interprétation sont à s’y méprendre. Tout comme les choeurs féminins font office de contrepoids à la Régine Chassagne. La mélodie dansante et disco entendue sur ‘Long Grass’ invoque aussi le Reflektor d’Arcade Fire. Comme des références aux univers musicaux de Talking Heads, David Bowie ou Bruce Springsteen se cachent dans le reste de la tracklist. Cela ne gêne absolument pas l’appréciation de ce projet et il est totalement normal que Will Butler ne change pas complètement de style. Ce projet est un vrai coup de fouet qui mérite d’être creuser et réécouter tout en donnant envie de voir la version live.
Ca tombe bien : Will Butler + Sister Squares seront à Paris au Café de la Danse le 15 novembre.
