ROCK EN SEINE 2023 – LE DEBRIEF

En place depuis 2013, nous voici de retour à Rock en Seine du vendredi au dimanche pour une édition prometteuse après une cuvée précédente qui a charmé par une programmation impeccable et a remis le festival sur de bons rails. Notre sélection des meilleurs moments et d’autres remarques générales ci-dessous ! Un retour avec des extraits vidéo sera bientôt visible sur notre Insta.

Turnstile, patron de la coolitude.

Malgré leur succès international, voir Turnstile en France reste difficile. Hormis un Elysée Montmartre et Lolapalooza, le groupe avait discrètement annulé le reste de ses dates l’an dernier. La hype est passée mais la bonne ambiance reste et il y avait peu de manières de mieux démarrer le week-end. Un concert cool avec le feat du Julien Baker sur ‘Mystery‘ et le calin de fin de show à un gamin porté par sa mère qui portait une affiche « I want to thank you » au premier rang.

Directement classé comme le set le plus mignon de l’édition.

 

Viagra Boys, la beuverie à l’heure du goûter.

7 semaines après avoir retourné le Pointu Festival, les Viagra Boys sont à Saint-Cloud un peu trop tôt par rapport à leurs statuts de nouveaux poids moyens du rock mondial. Comme tout grand champion, ils s’adaptent aux conditions et remportent la mise en assurant une prestation toujours aussi impeccable. Sebastian Murphy est en grande forme et multiplie les déclarations d’amour à la ville et à la France tandis que le public lui rend par des pogos et slams. A ceux qui en doutaient encore, le groupe est en pleine bourre et n’arrête pas d’enchaîner les sets de grande qualité dont la maîtrise et la folie n’en finit plus d’étonner.

The Chemical Brothers, les boss de fin du set électro.

Déjà vus deux fois par le passé et notamment en clôture de Rock en Seine, le duo chimique et maléfique sait exactement comment triturer ses morceaux, les mouler dans un megamix pour en faire une boule de feu en direction de la foule. Un dancefloor géant qui a pris cette sorte de drogue auditive planante et surexcitante que nos jambes ne nous ont pas manqué de rappeler nos déhanchés dès le lendemain matin. Il faut creuser pour trouver un groupe électro avec une telle longévité et motivation à tout exploser sur son passage, quitte à parfois aller trop dans le bourrin lors de rares passages. Un show à la scéno ébourrifante sous forme de leçon dont on se souviendra comme l’un des grands moments du festival. Comme en 2015.

Fever Ray, la fascination à l’heure de grande écoute.

Radical Romantics est l’un des disques de l’année et pour nous, revoir Fever Ray pour la deuxième fois en 14 ans est un événement. Ambiance au cordeau, scénographie soignée dans ses costumes et ses lumières, le groupe fascine dès son arrivée. Captivant, intrigant, passionnant, remuant, Karin Dreijer et ses comparses embarquent toute la foule dans sa transe pour un prestation qui nous aura transporté du début à la fin. L’Eurodance psychotique de ‘Carbon Dioxide‘, la menaçante et scandaleusement addictive ‘Even It Out‘ et les titres du premier album se fusionnent sans coutures dans un set qu’on n’osait pas espérer aussi bon. Soyez de retour et vite.

Young Fathers, les meilleurs un jour, les meilleurs toujours.

Pour en débattre sur place avec le collégue Nikolaï de chez Mowno/GMD, qui aujourd’hui peut se targuer de déboulonner les Young Fathers sur scène ? Un putain de rouleau compresseur à la formule irrésistible capable d’enchaîner les dates à un rythme essouflant et de jongler avec les scènes. Pour la troisième fois en six mois dans la capitale après un Elysée Montmartre bouillant et une incroyable émission Echoes, les voilà en format festival sous la pluie prêt à exploser l’audience de toute leur force. Aura, prestance, magnétisme, alchimie, bien des mots pourraient tenter d’expliquer ce qui caractérise la folie de ce groupe sur scène mais l’unique manière d’essayer de comprendre ce qu’ils arrivent à produire est d’y assister.

LE groupe à ne pas rater en scène cette année, sans hésitation possible.

Yeah Yeah Yeahs, un retour en trombe.

 

Après 10 ans d’absence sur scène et deux derniers albums soporiphiques, on pouvait douter de la qualité d’un set de Yeah Yeah Yeahs en 2023. Pourtant, Karen O, Nick Zinner et Brian Chase étaient contents d’être là et prêts à en découdre. Loin d’être une reformation pour seulement renflouer les caisses, ce best-of a réussi à mélanger avec justesse puissance et nostalgie. Des brûlots de Fever To Tell au tube ‘Heads Will Roll‘ à l’incontournable balade ‘Maps‘, on a vibré et pris un énorme plaisir alors que nous n’aurions peut-être pas eu la curiosité de les voir en salles. Bravo la prog d’avoir chopé sur la route un groupe bien trop rare !

 

Le cas The Strokes.

Alerte au buzz, breaking news, attention, stoppez les rotatives : les Strokes seraient inconstants en live et auraient une attitude de branleurs ! 😱

Seul concert à collectionner les problèmes sonores en une quinzaine de shows vus sur le week-end, il n’y a pas à douter que le groupe est fautif et d’ailleurs le festival l’aura confirmé par commentaires sur les réseaux sociaux. Placé à dix mètres en face de l’écran droit, nous n’avons pas eu le même ressenti que certains avis. C’était un concert sympathique avec ses loupés et ses moments proches du foutage de gueule, comme on a pu les voir dans le passé au Zénith de Paris en 2011 ou au All Point East à Londres en 2019. Excellents sur albums, ils n’ont jamais été des performers et ne le seront jamais. Il faut être dans le déni ou ne pas connaître qui ils sont pour en être surpris. Etre en dilettante a toujours été leur fond de commerce. Est-ce qu’il s’agit du pire concert que nous ayons vu à Rock en Seine en tête d’affiche ? Absolument pas. Est-ce qu’on peut être déçu ? Sûrement. Et nous ne disons pas ça par tolérance puisqu’on avait absolument détester l’album indigent qu’est The New Abnormal sorti en 2020.

D’excellents Foals, comme d’habitude.

La veille en headliner à Readings/Leeds, les Foals font la tournée des grands ducs et sont comme en 2019 juste avant la clôture de Rock en Seine. Du monde pour les regarder, un groupe en place pour les sustenter. Même avec un album Life is Yours sous forme de robinet d’eau tiède, ils nous ont démontré avec justesse et puissance à quel point les scènes de festivals n’ont aucun secret pour eux. Un de ces concerts qui donne envie de réécouter une bonne partie de leur discographie et qui affirme si besoin la place de choix des Foals dans le rock anglais depuis 2005. De l’avis général, LA tête d’affiche du dimanche.

Mentions spéciales.
A

Avant Fever Ray, l’échauffement de Bracco, qu’on a déjà vu deux fois en six mois mais qui méritait vraiment d’être la rampe de lancement de ce concert de par une énergie assez similaire. The Murder Capital et leur assurance continue de confirmer que Paris est leur deuxième ville de coeur. On aurait bien regardé Wet Leg à nouveau mais ils faisaient partie des rares dilemmes à régler puisque positionné en même temps que Young Fathers.

Et le cahier des doléances ?

Bien sûr dans le cadre d’un festival, tout ne peut pas être au goût de tout le monde. Chouiner sur les Strokes, pourquoi pas. Mais quand va-t-on dire que Placebo est un groupe d’une suffisance synonyme de non-respect pour son public ? Ne jouer aucun tube, privilégier uniquement un dernier album quasi insignifiant, revenir en rappel pour deux covers et finir 10 minutes plus tôt : voilà le programme pour cette tête d’affiche qui n’en a que le nom.

Nous avons aussi fait connaissance avec Flavien Berger, dont on n’a pas compris le délire malgré une demie-heure en sa compagnie. On l’aurait bien vu ce jour-là histoire de laisser plus de place à Turnstile et Viagra Boys placés un peu tôt le même jour. Pareil pour Amyl & The Sniffers dont la version live ne nous a pas plus convaincu qu’en studio. Tout comme on a du mal à vraiment accrocher à la formule live de Dry Cleaning malgré notre troisième visionnage. En salles comme en festival, leur son a tendance à être très redondant sur scène. Bien plus qu’en studio.

Merci à Rock en Seine : un excellent cru avec des concerts de qualités à tous les étages et sur toutes les scènes avec une programmation qui reflète une vraie envie de montrer ce qui compose la « musique à guitares » aujourd’hui. Sans le Golden Pit de l’an passé, la circulation était nettement meilleure : plaisant de voir que les contestations ont eu raison de l’appât du gain. Sur ce, à l’année prochaine !