Rolling Blackouts Coastal Fever est la dernière signature de Sub Pop nous venant de Melbourne. Au-delà d’une interview riche en infos politiques, musicales, ils nous avaient annoncé un live fort en guitares. Retour sur un premier passage parisien qui avait des airs de promenade de santé.
RBCF nous avait promu le talent de sa première partie en disant que si nous étions en Australie, Stella Donelly aurait dû être la tête d’affiche. Soutenue par Lorde et couronnée de plusieurs prix dans son pays, elle a pris la salle à la gorge en arrivant tôt et seule à la guitare. Introduisant chaque chanson par une anecdote sur son écriture, une connerie arrivée le jour même ou même un simple clin d’oeil au public. Elle habite totalement l’espace et conquiert toute la fosse un par un. Charismatique, drôle et attachante, elle collectionnera les admirateurs faisant la queue après le concert pour la remercier de cette charmante découverte. On n’a pas fini d’en entendre parler, même si on doute que la version studio soit aussi captivante. Evoquant des thèmes hélas très courants comme le harcèlement de rue et portés par un style faussement décontracté à la Mac DeMarco, elle n’est pas qu’une machine à mot clé et devrait tranquillement passé par chez vous une fois que les médias grand public l’auront découverte. A 25 ans à peine, c’est tout le bien qu’on lui souhaite.
Du jeune avec du vieux. Ou l’inverse ?
Curiosité du calendrier, le groupe a sa date fixée trois semaines avant la sortie de son premier disque Hope Downs. La hype est pourtant au rendez-vous dans une salle quasi-pleine malgré un mois de mai toujours bien chargé à Paris en termes de concerts. Est-ce l’effet domino d’un 8.1 sur Pitchfork pour leur excellent EP The French Press sorti l’an dernier ? Pas sûr mais le show vaut le déplacement avec Trois guitares pour autant de chanteurs. Une caractéristique rare que l’on discerne peut à l’écoute de leurs titres, notamment grâce à la complémentarité entre les timbres de Tom Russo et Fran Keaney. Ces deux-là la jouent souvent en alternance pour mieux laisser place ensuite en lead solo dans des morceaux séparés à leur pote Joe White comme le single « Talking Straight« . RBCF flirte avec le déjà vu sans jamais le frôler vraiment, on voit qu’ils ne sont pas tous jeunes et leurs expériences se ressentent dans une écriture naturelle, évocatrice et simple. Les titres coulent les uns après les autres et accrochent tout comme le jeu de scène apparaît comme rôdé. Formé en 2013 et arrêté à plusieurs reprises, le groupe sait où il va et ça se sent. A l’image de son discret duo basse/batterie, presque planqué derrière les chanteurs, RBCF avance sans trop en faire mais prouve grâce à des morceaux tubesques et bien écrits qu’ils ne sont pas là par hasard.
Les emmerdeurs citeront à la volée The Smiths pour les guitares de « An Air Conditioned Man » ou « Talking Straight« . Ode au chill sur « Mainland« , nostalgie à gogo avec « Julie’s Place« , rentre-dedans pour « Sick Bug« , le groupe a quasiment autant de mues qu’il possède de morceaux. Autant de qualités résumés dans « French Press« , qui a donné son nom à leur dernier EP. Un sacré mélange qu’il va falloir encore prendre le temps de digérer même si ça fait quelques semaines que nous avons accès à l’album. Dès les premières écoutes, on reconnaît une faculté assez bluffante à pondre des pop songs gracieuses avec une touche à l’ancienne très plaisante. Sans s’enfermer dans un genre, ni un style, ils arrivent aussi à se laisser la place pour sortir du gabarit de la chanson pop, comme la reprise sur la fin de l’excellente « Fountain of Good Fortune« . Déjà présents à Coachella et Primavera cette année, vous pouvez les surveiller de près parce qu’ils sont LE groupe de festival idéal pour les amateurs de guitares. En plus d’être très sympathiques et cultivés mais ça on laisse notre interview vous le faire découvrir dans quelques jours.