Depuis le temps, on pourrait oublier leur jeune âge. A 25 ans à peine, Shame a déjà 3 albums et plusieurs tournées mondiales en stock. Food for Worms vient célébrer leur amitié et démontre une nouvelle fois l’étendue de leurs talents avec un disque composé en deux semaines.
Tellement fiers de ce nouvel album, le groupe en jouait déjà la moitié lors d’un Bataclan complet en avril dernier. Officialisé en octobre dernier, ce disque fait suite à une période de doutes marquée par des crises de paniques de leur leader et chanteur Charlie Steen. Encouragés par leur management à composer et enregistrer sur une courte période de 15 jours, ils se sont bousculés. Le changement passe aussi par un nouveau compagnon à la production, Flood. Après James Ford et son impact décisif sur l’album précédent, un autre grand nom vient donc à leur chevet pour une contribution sonore favorisant l’énergie live. On retrouve dans cet ensemble la somme des albums précédents. Là où Songs of Praise était direct et concis avec ce qu’il fallait de titres coups de poings pour capter le public et appelé aux écoutes répétées, Drunk Tank Pink faisait office de suite compliquée où le groupe a essayé de ne pas se parodier en déconstruisant son jeu de guitares et en proposant des morceaux montagnes russes impressionnants. Sans vouloir le résumer trop facilement, Food For Worms est un concentré de tout ça avec son nouveau lot de changements de rythmes, d’harmonies vocales et d’évolution côté interprétation.
Ce troisième album est dans la continuité. Avec son lot de morceaux abrupts, féroces, brusques. Et énormément de contenus. Une densité qui prouve une envie constante de ne pas céder à la facilité. De ne pas s’ennuyer, une chose sûrement inhérente à leur jeunesse et à leur capacité à ne jamais s’arrêter de jouer live. Se pose parfois la question du trop plein et de la prise de recul pour rendre certains morceaux et l’ensemble plus digeste. Un constat que l’on retire vite lorsqu’on pense aux meilleurs moments de la tracklist. C’est le prix à payer pour obtenir des morceaux alambiqués et réussis comme ‘Adderall‘, le risque vaut complètement la peine d’être pris. On peut même dire que le disque touche à la grâce lorsqu’ils enfilent les perles du cinquième au neuvième morceau. Ce sont ces titres qui nous ont fait ouvrir la bouche en grand, écarquiller les yeux et souffler lorsqu’on les a découvert en live pour la première fois. Sous d’autres noms et sous d’autres formes.
L’intense ‘Orchid’ comme l’apogée du disque, ‘The Fall Of Paul’ qui regorge de nouveautés de leur part. Tout comme la géniale ‘Different Person’, morceau à milles vies qui débute sur une voix accompagnée par une guitare acoustique pour mieux se muer en folie rock que l’on pourrait croire échapper des Arctic Monkeys de la bonne époque. Autres références que l’on peut citer dans ce disque, Interpol et The Smiths pour le lyrisme et l’émotion à fleur de peau qui sont ici ajoutées à l’escarcelle du groupe. L’étendue du talent de ces auteurs se jaugent à ces quelques titres, bien au-dessus de la mêlée qui démontrent à quel point Shame peut planer bien haut quand les planètes s’alignent en leur direction.
L’interview du groupe par nos soins, ainsi que nos avis sur Drunk Tank Pink, Songs of Praise et enfin un de nos podcasts sur leur parcours.