St. Vincent a pris une autre dimension avec son dernier disque, où elle a quasiment deux fois le tour du monde et s’est notamment fait connaître d’autres sphères en partageant la vie de la top-model Clara Delevingne. Une anecdote dont on se serait passé si MASSEDUCTION n’était pas marqué par le sceau de cette rupture. Guitariste incroyable, songwriter talentueuse dotée d’un univers visuel très abouti, où va-t-elle nous emmener ici avec le producteur de Lorde et Taylor Swift ?
Pop to the Top.
Jamais loin de Madonna lorsque ses morceaux tirent vers le dansant, Annie Clarke ouvre le bal avec un titre flirtant sur les mêmes eaux. « Hanging On Me » et son histoire de crash d’avion et d’un couple pas adapté à ce monde trace les traits d’un disque post-rupture dont les thèmes vont être assez chaotiques. Sous son gimmick redondant et très pop radio, « Pills » décrit le mode de vie de la chanteuse lors de la tournée de son album précédent où elle s’est aidée de médocs pour tenir le rythme. Pour autant, on ne fait pas dans l’introspection dramatique avec un tempo qui est très soutenu sur « Masseduction » ou « Sugarboy » par exemples qui a sacrément des airs du Scary Monsters de Bowie.
MASSEDUCTION sonne très synthétique avec une batterie boîte à rythme et peu de guitares à part quelques riffs bien twistés dont la dame a le secret. Il a beau être très bien enrobé, il n’empêche que ça manque parfois de coffre et d’aspérité qui nuit aux écoutes sur la durée. « Young Lover » sonne très Garbage sur Version 2.0, la lourde « Slow Disco » en fait des tonnes et « Fear The Future » finit avant d’avoir vraiment commencé. Comme déjà cité dans le passé on se retrouve parfois proche de Madonna, voire presque dans une version plus chiadée de Lady Gaga. Il est assez difficile d’avoir un avis tranché sur un disque très (trop ?) dansant dans l’ensemble avec de vrais ralentissements lors de longues ballades parfois très décharnées. Dans cette catégorie, « Smoking Section » arrive à ses fins en mariant l’univers cinématographique de sa chanteuse, sa recherche sonore et sa lenteur.
En 10 ans, St. Vincent passe de l’artiste indé à guitare, à l’art-rock à la pop grandiloquente. Cette évolution constante trahit ici peut-être certains fans qui se retrouveront difficilement dans cette musique très synthétique et clean, manquant de moments décalés, saturés. A l’arrivée ressort un album de pop actuel de qualité mais on était en droit d’attendre un peu plus au vu du talent de la dame. Surtout que cette patte va sûrement ancrer le disque dans une période donnée et le vieillir plus vite que ces prédécesseurs.