Descent to the Surface, un titre qui résume bien mon ressenti sur ce deuxième album des Sweethead. Calembours aquatiques, jeux de mots nautiques et autres blagues validées par la FFESSM seront à l’honneur avec ce deuxième album des belles gueules.
Manque d’Oxygène
Clairement le groupe en a manqué. Le cerveau des deux figures du groupe tourne en rond et nous ressort exactement les mêmes sauces que le premier LP du groupe. Sauf que ce premier LP nous permettait de découvrir leur identité : un son un peu crade, un poil graveleux accompagnant la voix de la belle Serrina Sims. Un mariage sympathique, une touche groovy qui laissait des possibilités ouvertes et ouvrait la voie vers de beaux horizons.
Le premier hic apparaît lorsqu’on lance l’album et qu’on a l’impression d’écouter le premier album… Les Sweethead ont-ils suffisamment rechargé les bouteilles avant de replonger ensemble pour bosser sur cet album ? On en doute clairement dès les premières écoutes. « Phantom Beat » ouvre mollement cet album pour enchainer sur un « Turn off my Mind » avec des touches électro peu appréciables et trop répétitives.
Ordinateur en panne…
En milieu aquatique, on ne sait pas trop où on va parfois, ni si on est dans la bonne direction pour la surface. C’est exactement ce que font les Sweethead avec ce deuxième album. Perdu dans les méandres de bonnes idées du premier album, gâché par des petites touches de nouveautés (l’électro par exemple) mal venues. Les « Bull in a Turnstile » et « Drink of your Water » nous rapprochent avec ce que le groupe fait de mieux. On se dirige vers la surface pour reprendre une bouffée d’air frais. Un rock plus engagé, le son de Troy Van Leeuwen reconnaissable, la voix de Serrina Sims le tout formant un mélange érotico-musical appréciable.
Mais Sweethead se perd à nouveau et replonge vers les profondeurs de la médiocrité avec le titre prophétique « Descent to the Surface ». Le groupe reconnait-il inconsciemment qu’il ne connait pas la bonne direction ? « Lazy » nous donne un début de réponse : laissons nous porter par le courant, peu importe l’endroit. Du coup, on reste entre deux eaux. On ne gagne ni en qualité, ni en noirceur.
La fin, l’Agonie ?
Bien non. La fin de cet album n’est pas une lente agonie, ni une rédemption. On reste dans cette zone intermédiaire, ce no man’s land musical. De bons titres tels « Mortal Panic » se confondent avec la médiocrité (ou facilité, ou fainéantise) de titres tels « Serpent », « Bug » (qui pose les mauvaises bases dès le début avec un effet téléphone ou robotique dans la voix de Serrina Sims).
« Thousand Yard Stare » reste la petite surprise de cet album, un style peu exploré où les claviers & la voix de Serrina Sims sont mis en avant. Pour ce titre le groupe a clairement pris le parti de choisir les profondeurs et ça leur sied parfaitement. On aurait aimé des choix assumés de ce style plus fréquemment.
Baptême de plongé non validé
Au final les Sweethead n’auront même pas validé leur baptême de plongée. On se noie dans cet album un peu long, un peu redondant qui aurait mérité moins de titres mais plus d’attention sur chacun de ces titres. La noyade c’est long et affreux. Sweethead nous offre la longueur de la noyade avec ses 46 minutes, parsemée de moments appréciables mais gâchée plus de la moitié du temps. Le problème du groupe ne réside clairement pas dans le temps de préparation de cet album puisque le délai entre les deux LP est de quasiment 7 ans. Alors quid de l’inspiration ? Travail bâclé par dessus la jambe ? Avant de plonger, malgré l’excitation du moment et le plaisir à venir, on prend toujours le temps de vérifier les manœuvres de sécurité et le matériel.