Tout a commencé l’été dernier avec l’apparition d’un mystérieux tract annonçant la tenue d’une « political pool party presented by The Fever » sur le parking du Randy’s Donuts le jour de la fête nationale américaine. Les gens bien informés savaient à quoi s’attendre, mais les autres avaient pour seuls indices un logo des black panthers avec le nombre 333 sous la cuisse accompagné de la phrase « There’s a fever coming ».
Vous l’aurez deviné, il s’agissait du premier concert de The Fever 333. Le groupe composé de Jason Aalon Butler (Letlive, chant), Stephen Harrison (The Chariot, guitare) et Aric Improta (Night Verses, batterie) a donné une prestation sauvage dans tous les sens du terme. Ils ont d’ailleurs réussi à jouer trois morceaux (« We’re Coming In », « Hunting Season » et « Endgame ») et repartir avant que la police ne débarque.
Un mois plus tard, le groupe met en ligne la version studio de « We’re Coming In » et… il faut bien se rendre à l’évidence, si leur prestation live butait fortement, le morceau consistant en un riff répétitif et une même phrase répétée jusqu’à épuisement est presque pénible à écouter. Même s’il ne dure que deux minutes.
Un autre mois passe puis c’est au tour de « Hunting Season », pour un constat à peu près similaire. A ce moment-là on commence à se demander si on ne va pas avoir droit à un album de morceaux d’une phrase et deux notes. Un concept particulier c’est sûr, mais qui risquerait de devenir assez rapidement lassant.
Puis le groupe, qui se définit comme un mouvement, a fait parler de lui avec plusieurs événements. Des concerts à 3,33$ l’entrée qui réunissaient toutes sortes d’artistes. Le prix du billet était systématiquement remis à une association et le but des soirées restait d’amener les spectateurs à avoir une certaine réflexion politique. Comme vous pouvez vous en douter les shows étaient fous et si la scénographie restait minimale, ils se payaient tout de même une intro rappelant celle des concerts de la reformation de Rage Against The Machine.
En novembre le trio lâche enfin son troisième morceau « Walking In My Shoes », qui donne une meilleure idée de ce que sera le son du groupe. Une vraie progression, une bonne utilisation des samples et une fusion entre punk et rap assez singulière. Autant dire que ça rassure mais… les mecs ? Vous comptez vraiment sortir un titre tous les trois mois ?
Heureusement, l’EP « Made An America » est arrivé et maintenant qu’on vous a refait toute l’histoire on va essayer d’être brefs et concis :
- La chanson titre « Made An America » est l’hymne parfait.
- « We’re Coming In » et « Hunting Season » restent les deux seules chansons qu’on passe par flemme, malgré leurs 2 minutes au compteur.
- « Soul’d Me Out » est le meilleur morceau de l’EP, mais c’est peut-être parce que ça pourrait très bien être un titre de Letlive.
- « (The First Stone) Changes », le feat avec Yelawolf, démontre que le groupe peut être aussi bon côté rap que côté punk.
- « POV » et son chant mi-rap mi-post-hardcore est clairement le morceau le plus heavy de l’EP.
- Le groupe essaye d’écrire sa légende en plaçant le 333 et son black cat dans les paroles. Ils croient à leur concept et c’est une force, maintenant reste à voir la suite.
- La plume de Jason Aalon est toujours aussi aiguisée. Rimes habiles et jeux de mots cyniques niveau maître.
- La somme de tous ces morceaux ne forme pas un tout cohérent.