Rockfarmers, un titre pertinent.
Oui The Inspector Cluzo est un groupe de Rockfarmers. Mathieu et Laurent réussissent le pari d’une reconnaissance mondiale en tant que rock star sans renier leur côté farmer. Si ce dernier peut se prendre au pied de la lettre, c’est parce qu’ils tiennent une ferme traditionnelle, Lou Casse, leur permettant une exploitation à taille humaine et la vente de leurs produits (uniquement des légumes verts d’oie ou de canard). Mais ce côté farmer tient aussi du fait que le groupe réalise beaucoup de choses par lui-même (production, home-studio, tenue du stand après les concerts…). Les montois (personne n’est parfait) restent droits dans leur botte et nous prouvent qu’on peut réussir mondialement sans rentrer dans la business machine. Pour le côté rock, aucun souci, vos oreilles vous le rappelleront régulièrement tout au long de votre écoute.
Le contenant c’est bien, le contenu c’est mieux !
L’ouverture se fait avec le titre éponyme Rockfarmers. Ses airs de blues rock typiques du groupe permettent une entrée en matière tout en « douceur ». Elle ravira les amateurs de la première heure, tout comme les néophytes. Les Quit the Race, GMO & Pesticides, Erotic nous confirment qu’avec ces deux-là, tu peux te prendre une grande claque dans la face et tendre l’autre joue. Ces morceaux courts, rythmés et directs sont parfaitement adaptés à leurs concerts complètement débridés (preuve en est, une Xème fois au Connexion à Toulouse le 13 Avril).
I’m a Japanese Mountain avec ses airs de AC/DC tant par la gratte que par la partie vocale surprend dans le répertoire des TIC mais reste efficace. La suite du morceau colle plus à l’ambiance des TIC mais avec un côté plus assagi qu’à l’accoutumée. Ce calme permet d’introduire la suite de l’album. Parce que la cassure intervient après. Elle surprend, étonne mais les deux landais arrivent à nous amener où ils veulent. Leur musique prend clairement un léger tournant. Cela paraît peu perceptible au départ, à peine palpable. On croit à un léger adoucissement, assagissement de la part de The Inspector Cluzo. Il n’en est rien. Le rock est toujours aussi bluesy, il devient juste plus organique, plus profond dans les textes (Lost In Traditions, Fishermen, The Run surtout explore bien ses aspects). Si le groupe nous faisait marrer et remuer notre popotin quasiment contre notre gré avec ses albums précédents, ce nouvel effort nous permet de savourer, d’encaisser ces nouvelles chansons. Bien sûr le groupe garde dans ses morceaux son côté extravagant et entraînant permettant au public de reprendre à tue-tête les refrains MAIS leurs morceaux sont moins directs et donnent plus envie d’y revenir plusieurs fois pour en apprécier toutes les teintes. The Run en est un parfait exemple. Une gratte sèche, la voix posée de Mathieu, une chanson hommage… Je ne pense pas que ce soit le « nouveau » TIC mais plutôt un aspect que les deux compères n’avaient pas encore abordé dans leur discographie.
Au final
Que peut-on conclure de tout ça… Que The Inspector Cluzo continue son bonhomme de chemin, se bonifie avec le temps ? Que le groupe représente à l’heure actuelle une scène française de qualité tant dans ses productions studios que dans ses lives dantesques ? Leur tournée mondiale et le succès rencontré dans de nombreux pays en attestent. Mais pour le moment, à part le « bouche-à-oreille », la France semble ignorer qu’elle a du talent en son sein. C’est bien dommage que nos médias nous proposent des clichés d’agriculteurs seuls en quête d’amour dans leur ferme plutôt que ces deux globe-trotteurs au blues rock débridé… Mais nul n’est prophète en son pays !