Hyper-activité + nombre d’albums pondus dans l’année = quasiment la totalité des articles évoquant ce cher Ty Segall. Jamais à court de projet et d’idées, il en est aujourd’hui à 3 groupes et 3 disques en un an. Fuzz, Goggs, et ici Ty Segall and The Muggers. Ce dernier aurait été réalisé en quasi-intégralité écrit, joué et enregistré par Ty pour un résultat énervé, bordélique et jouissif. Aidés sur scène par ces potes King Tuff ou Mikal Cronin, ils déploient un véritable mur de guitares prêt à t’asséner ce son un peu pété et totalement déjanté.
Live it LIVE.
Le secret de cet album est son charme qui le lie à vous après plusieurs écoutes. Mélange de saturations, d’imperfections, de cordes crachantes, de batterie syncopée, son homogénéité nous emmène dans une spirale de headbanging. Le timide d’apparence Ty Segall se cache derrière le personnage de Big Baby pour des paroles volontairement débiles et pour une mise en scène foncièrement malsaine en live. Ses passages dans les talks-shows US ont déjà fait le tour du net lors de la phase de promo du disque et ses concerts sont vraiment différents des tournées précédents. Armé de son masque et d’un groupe toujours incroyablement bon, le chanteur ne touche pas une guitare sur cette tournée pour se donner à un jeu frontal avec le public : plusieurs slams, cris à deux doigts des premiers rangs, passages hystériques similaires à ce qui a pu être vu chez Colbert ou KEXP. Si l’on prend en compte la performance du frontman, Le concert vu au Cabaret Sauvage n’avait rien à voir avec le déjà génial show vu à la Cigale pour Manipulator où il ne se mettait absolument pas en avant au profit de son groupe The Manipulators.
Take It or Leave It.
Parmi les perles, « Emotional Mugger / Leopard Priestess » retrouve l’intensité et les riffs démoniaques de Feel sur l’album Manipulator, qui reste pour moi et pour beaucoup la meilleure production de ce cher Ty. L’enchaînement avec « Breakfast Eggs », « Diversion » est tout aussi excellent. Plus qu’un autre, Emotional Mugger est un album qui déchaîne ou répulse. Même le premier contact est assez abrupte et déroutant, tellement l’ensemble est bourré de hurlements, de stop & go et de phases off servant à l’ambiance du projet sans pouvoir non plus invoquer la tarte à la crème du concept-album. Si j’insiste sur le live, c’est pour évoquer la différence entre la version studio où le rythme est tout de même plus « » »mou » » », un des défauts du disque avec sa relative lourdeur sur un morceau too much comme « Squealer Two » ou « W.U.O.T.W.S ». L’album est vraiment constitué d’un bloc et certains titres tournent autour du même socle, se différenciant uniquement par un jam ou un pont spécifique. Seule « The Magazine » tranche avec le reste avec un rythme mid-tempo .
Back to the Past.
Peut-être trop monolithique, les Muggers peuvent en perdre quelques-uns dans leur délire parfois trop bourrin. Encore une fois, Ty Segall nous emmène pour un voyage dans le temps avec encore une fois certains des meilleurs riffs entendus cette année. Si tu aimes la guitare, cours tenter ta chance. Si tu aimes les trips perchés, c’est aussi pour toi. Enfin, si t’aimes Ty, tu l’as déjà écouté. Il est difficile de le suivre dans ces 153 projets par an mais celui-ci mérite clairement qu’on y lâche ses oreilles.