Dans la série ‘jeune groupe motivé cherche à révolutionner le rock avec un premier album’ je voudrais The Blood Brothers : bonne pioche ! En effet, si ce premier essai de la formation représentant la nouvelle sentation made in US est produit par le grand Ross Robinson (Slipknot, Korn, Amen, etc…) ce n’est pas pour rien, et on se rend compte à l’écoute que cet album possède de nombreux autres arguments en plus de celui-ci, qui a été néanmoins plus que largement exploité par la presse et la pub. Ce n’est tout de même pas sa faute au fameux Ross, s’il sait bien choisir les groupes avec qui il veut travailler.
Cet album reprend des éléments de courants musicaux qui pourraient passer au premier abord pour totalement antagonistes et incompatibles tels le hardcore, le jazz, le punk bien underground, le grunge, le classique, la pop ou encore l’émo. Pour ceux qui voudraient absolument comparer ces influences à d’autres groupes, on peut dire que l’on retrouve la spontanéité d’un Glassjaw encore exagérée, l’émotivité de The Used avec un peu d’ironie et de satyres bien placés, l’énergie et le dynamisme impressionnants de The Hives, le chaos et les sonorités distordues et oppressantes de Dillinger Escape Plan, et des mélodies parfois légères et planantes à la Coldplay. Mais vouloir comparer ce groupe à qui que ce soit d’autre serait une énorme erreur car s’il y a bien une chose que The Blood Brothers cultive, c’est bien leur personnalité et leur originalité. En fait cet album est la négation même de l’aspect commercial de la musique et de toutes concessions faites au nom du profit. Cela se voit déjà au niveau des paroles, poèmes psychédéliques tantôt absurdes et déroutants, tantôt morbides et effrayant mais toujours tournant autour de l’univers très chaotique dénué de sens du groupe. Musicalement maintenant, on a la même impression : ce n’est pas la technicité et la précision qui sont recherchés mais plutôt le fait de faire passer toutes les émotions et la confusion qu’évoquent les compos. Les guitares sont souvent acoustiques sans pour autant jamais le rester très longtemps. On pourra aussi entendre de nombreux instruments étranges, des claviers ou percus aux sonorités inconnues ou encore des passages en solo de voix plutôt déconcertantes. Les deux chanteurs (dont un est tout de même beaucoup plus présent que l’autre) ne maîtrisent pas toujours complètement non plus leurs cordes vocales et on sent bien que leur occupation favorite n’est pas l’exercice aux vocalises. De toutes manières, ce n’est pas non plus le but recherché (et c’est même tant mieux !) puisque c’est l’authenticité qui prime ici : on remonte aux racines du punk pur garage a l’arrache. Au final, pour un premier album, The Blood Brothers n’auront pas eu à subir le classique ‘n’a pas encore bien trouvé sa voie‘ grâce à leur style plus qu’affirmé et unique. En même temps c’est un peu normal puisque le groupe tourne tout de même depuis 1997.
Alors pour ceux qui ne sont pas fermés à une originalité débordante, ‘Burn, Piano Island, Burn‘ est fortement conseillé du fait que cela faisait longtemps que l’on avait pas vu autant d’énergie, de fraîcheur, de nouveauté et d’émotion compactés sur 12 titres tous meilleurs les uns que les autres. Ils ont même eu la bonne idée d’inclure 2 petites vidéos de lives où l’on voit que toutes les caractéristiques déjà en général éxagérées du groupe sont encore amplifiées sur scène. Décidément… alors que dire de plus pour résumer sauf que c’est neuf, ça va droit au but et ça déborde de bonnes idées de partout !