Health m’est arrivé avec une sacré balle dans le pied. Du type groupe de jeunes premiers noisy un peu hype, explosant au détour d’une couv’ de Noise Magazine, propulsé comme la digne relève des Liars. Un quatuor ricain boiteux, déjà plombé par mille paternités soniques à la con, grave erreur car le monde expé/noise/indie ne fonctionne pas au buzz. Un groupe monstre est monstre dans ce monde-là à force d’originalité et de démence, pas par patronage commercial.
Mais laissons aux pauvres bougres le temps de s’expliquer. C’est peut-être moi qui fais fausse route. Prenons-les, eux et leur ‘Get Color‘ et mettons-les à poil de toute suspicion. Que trouve-t-on en disséquant Health ? Pas grand-chose de franchement affriolant. Ça palpite électronique, sonorités Animal Collective à tous les étages (‘In Heat‘), voix lancinantes et plaintives à la Liars époque ‘The Other Side of Mt. Heart Attack‘ (‘Before Tigers‘), et angoisses expérimentales très brooklyniennes (‘Death‘, proche d’un Oneida ou d’un Fuck Buttons). Au beau milieu du vivier musical le plus excitant que portent les Etats-Unis, de Los Angeles à New York, Health réussit à être sans vraie surprise, voire conventionnel.
Le groupe sauve sa peau douce et laiteuse avec quelques stratagèmes plutôt intelligents. Les batteries sont de petites merveilles, puissantes et efficaces, au point même de mener la danse (‘Nice Girls‘). Un new-wave de bon cru semble hanter le groupe, à grands coups de synthés hymnesques et agressifs (‘We Are Water‘, l’excellent ‘Die Slow)’. Health se fait même une spécialité sonore : la création d’un véritable bordel guerrier, pour lequel ‘Eat Flesh‘ créée un bestiaire de grosses saloperies rugissantes prêtes à bouffer de la chair (réussi, donc). ‘Severin‘ s’ouvre sur un bombardement atomique avant de partir dans un déluge de peaux martelées avec la folie du désespoir.
Tout ça est bien beau, et tire heureusement Health de la catastrophe. Il faudra quand même que quelqu’un les prévienne ces ricains torturés que la Troisième Guerre Mondiale n’aura pas lieu, que leur armada de sons grouillants a déjà été déshonorée par une tripotée de groupes bien avant eux, et que pour faire la nique aux Liars, il faudra repasser.