droppER, joli trio de Nantes, est revenu tout frais avec You Want A Lie, un six-titres à la pochette aussi lunaire qu’énigmatique. L’obscurité, le mystère, le temps mort, le calme hypnotique, tout ça, droppER connaît plutôt bien et joue sur son terrain avec application.
Attention, je dis ‘temps mort’ dans le sens le plus intéressant possible du mot : le groupe cultive un rock indé proche de Placebo dans ses débuts (‘You Want A Lie‘), qui sait se poser, et créer des instants suspendus au milieu d’une déferlante de guitares obsédantes. C’est un peu ce qui me pousse à relier droppER à My Bloody Valentine ou Mogwai : le rock de cette petite formation s’amuse sur les ambiances, les fresques brutes et tendres, dignes d’un mercredi après-midi un peu grisâtre où le spleen te monte à la tête par grandes bouffées de cordes résonnantes, de basses en croches incessantes, de voix éthérées, presque timides.
‘Tick Tock‘ et ‘We’ve Got The Breaks‘ se rapprochent carrément d’un shoegaze laconique à la Sons Of Frida, et droppER prend un malin plaisir à jouer avec nos nerfs, dans cet équilibre brut et ambiant. Moins palpable, on peut sentir l’influence des Radiohead, des dEUS (première époque), peut-être même Archive quelque part dans ce minimaliste rock et répétitif, sans toutefois trop agacer l’auditeur.
Car dans cet aquarium de sons flottants, droppER peut finir par faire boire la tasse. Les moments vraiment instrumentaux gagneraient en concision, en raccourcissements pour aller à l’essentiel du potentiel mélodique indiscutable du groupe.