J’ai toujours considéré Rachel Austin comme un miracle musical. Surgie de Belfast où elle traîne ses racines américaines et son bagage sonique de bar en bar, de disque en disque, elle s’amuse à éclater au fur et à mesure la qualification « folk » qu’on pourrait lui coller vite au train. Hello, My Uglies, l’album précédent, était un bijou qui allait au-delà des genres. Il taillait une route aux ciseaux dans la pelouse anglaise, entre pop baroque et indie joyeux.
Alors j’écoute ‘Age Of Wisdom‘, premier EP d’une trilogie en work in progress, en ayant conscience que trop souvent l’état de grâce est derrière. En trois titres, Rachel annule le doute : l’étincelle est toujours là. Canalisé, habité, inspiré, ce disque embellit et réinvente le mythe que l’irlandaise s’est forgé. ‘Table Light‘ vibre d’un tonnerre sous-terrain, en lointain écho à Wovenhand et aux landes brumeuses. ‘All That I Lose‘ confirme son impact mélodique, sûr et plein d’espérances. Un léger cran en-dessous, ‘Traveller‘ est une mise en bouche pratique et sincère, sous les traits du manifeste d’une franc-tireuse pop, qui fait le pont avec l’avant, et regarde l’après. C’est peut-être ça, le grand charme de ce petit trois-titres : être un autoportrait honnête et poignant, capable de contenir le monde.
Si on ne voit presque jamais les grands tournants se faire, Age Of Wisdom a des airs d’exception et la gueule d’une pierre blanche dans l’histoire de Rachel Austin.