Groupe au nom punk et titre à la Ian Curtis : Distance serait-il une synthèse attardée d’obscénité culturelle et de délicatesse new-wave ? Que dalle : The Finkielkrauts surfent sur une vague krautrock moderne avec de vrais grumeaux noise, la pâte est prête à prendre
On pense à A Place To Bury Strangers et Joy Division, évidemment. Le quintet de Tours mélange avec bonheur des déluges de distorsions sombres au tabassage rythmique (‘Writing A Song‘). Le seul reproche fait aux Finkielkrauts serait d’appartenir clairement à une veine indé et noise. Une fois écarté ce compartimentage volontaire, prompt à faire déguerpir ceux que Radiohead ont accoutumé à de l’audace musicale de bas niveau, Distance est une réussite totale. C’est l’éclate pour ceux qui ont conchié Interpol et le gouvernement Raffarin III, pour ceux qui ont dansé sur New Order et se sont poilés sur BHL, pour ceux qui ont bu sur Neu! et lu Dantec avec les pieds, pour ceux qui ont pogoté sur The Eighties Matchbox B-Line Disaster et vomi par la fenêtre. Parce que The Finkielkrauts est un grand groupe, hypnotique et possédé (‘Colonizer Hat‘, ‘Technocrat‘), la saloperie politique en plus.
Blague post-anar ou coup de génie noise, les tourangeaux nous prouvent que le pays des intellos aux frocs baissés est capable d’accoucher des meilleurs tremblements rock. La surprise de cette fin 2010 arrive en rampant depuis la cave, avec un t-shirt ‘Jimi Hendrix on t’encule’, le Capital à la main et un manche de Stratocaster dans le dersche.