En signant avec une major, n’importe quel groupe -et les exemples ne manquent pas- aurait tendance à lisser sa musique dans le sens du poil de l’auditeur moyen pour ainsi vendre plus de disques et ravir les messieurs à cravates noires qui voient en la musique moins un art qu’une marchandise. Mais Island n’est pas n’importe quelle major -elle qui vient de signer Thrice, CKY et The Bronx– Thursday n’est pas n’importe quel groupe, et leur nouvel album ‘War All The Time‘ le montre bel et bien.
Succédant à l’impressionnant ‘Full Collapse‘ qui combinait le son new-wave des eighties façon The Smiths, Joy Division ou The Cure, à un hardcore émotionnellement grandiose et avait alors installé le groupe en chef de file de la mouvance emo, ‘War All The Time‘, en plus de renforcer leur statut, s’affiche comme l’étendard d’une génération née à l’aube du 21ème siècle et tentant de positiver face à un futur plus que préoccupant.
Pourtant, le titre de l’album ne fait pas directement référence à l’après 11 septembre, comme la chanson-titre ‘War All The Time (in the shadow of the N.Y. Skyline)‘ le laisserait penser. Plus subtilement, le leader Goeff Rickly parsème ses textes de métaphores filées, dressant une toile de fond qui ne peut qu’embellir les compositions déjà impeccables du groupe. Avec l’apport de claviers, les morceaux prennent plus d’ampleur que les anciennes compos du groupe -c’est dire…- et servis par la voix magistrale du frontman, un peu plus et Thursday pourrait décrocher les étoiles : ‘Division Street‘ avec son refrain aux rimes parfaites (‘listen to yourself, go on and on as if you spoke to someone else‘), en est la preuve absolue : Rickly chantant ‘Hello Hello is there anybody there‘ atteint la perfection.
Alors que suivent des morceaux pas moins exceptionnels, vient se greffer sur l’album une ballade piano-voix permettant à l’auditeur de reprendre ses esprits avant le point culminant de l’album : ‘War All The Time‘ est une démonstration de la maîtrise et de la capacité qu’a le groupe à augmenter la tension grâce à sa partie rythmique pour aboutir sur une débauche d’énergie et d’émotions rarement égalée par d’autres groupes emo ou screamo, qui sait ensuite se diffuser dans l’air grâce à une mélodie plus qu’aérienne…
Un disque à se procurer les yeux fermés en import dans sa magnifique version digipack. Magistral on vous dit, tant dans le fond que sur la forme.