J’ai une constante : les promesses de chroniquage aux groupes bien élevés, qui n’attendent qu’une superbe bafouille critique sur leur tout récent disque, de ma plume aiguisée et subtile. Les Dead End sont venus vers moi comme ça, et ces jeunes gens tout à fait honorables n’avaient pas l’air de produire un punk aussi frontal et effronté. Bande de petits garnements.
ClusterFuckTabulous !, en plus d’être un titre d’une vulgarité sans pareille, est un condensé de délinquance musicale. Non mais, rendez-vous compte ma brave dame, de ces treize titres saignants je ne retiendrai que la fougue qui les anime. Impressionné ? Oui : Dead End est capable de composer un album où chaque titre est d’une efficacité égale. Régulier comme papi prend son pain chaque matin, le disque tabasse à tempo soutenu (On Drugs, Thanatophobia, Wait & See), mais hésite entre punk franchement californien (mélodies old school à la clé avec What We Are ou Blah Blah) et agressivité à l’anglaise (méchants riffs pour Coward). Le soleil de NoFX avec les nuages industriels des Sex Pistols, en somme. Mais impossible de s’y tromper : c’est bien du punk, rudimentaire et puissant, et à peine truqué de choeurs par-ci par-là. Dans le magma sonique de ClusterFuckTabulous !, on savoure aussi les petites nuances : la voix fait penser à un Robert Smith un peu plus énervé (surtout sensible sur The End, belle surprise de clôture). Et puis ça sent le Green Day première époque ou même le At The Drive-In juvénile (Nervous Breakdown), ce qui est plutôt bon signe pour un groupe avec un tel bagage, rescapé des années 90 et enfin de retour avec cette galette. La jeunesse n’est pas encore finie pour Dead End.
A ce sujet, on attend impatiemment l’évolution. Parce que c’est bien d’en envoyer plein la gueule, mais il va falloir maintenant tailler du relief, et chercher dans les cartons des grands frères plus alternatifs du monde punk. Histoire que ce retour à la surface soit probant.