Vous savez ce qu’aurait dit Theghostchild s’il s’était chargé de la chronique de ce disque à ma place ? Qu’Incubus n’a jamais écrit de vraies chansons, que ses mélodies sont bidons et ses paroles à vomir de mievrite aigüe. C’est pas faux. On se souviendra de Brandon Boyd plus comme d’une gravure de mode à la voix claire et sans trucages que comme un songwriter ne serait-ce que talentueux. Mike Einziger lui a toujours semblé se trouver à la limite entre le bon guitariste et le guitar-hero à cause de ses performances aussi impressionnantes qu’inégales. La paire rythmique Ben Kenney – Jose Pasillas est infaillible, irréprochable, mais c’est bien pour ce qu’elle est que le succès du groupe californien ne dépend pas d’elle. Et… Chris Kilmore ? Le dreadeux qui touche vaguement à ses platines et ses claviers au fond de la scène ? On s’en fout non ?
Ne tournons pas autour d’un pot-pourri plein de vaines revendications passionnées : le meilleur album d’Incubus, c’est A Crow Left Of The Murder. Pas Fungus Amongus, parce que le groove de l’époque ne suffisait pas à réparer les dégâts d’une immaturité lourde à la longue. Pas Science, parce que le néo-métal, c’est comme Limp Bizkit et les autres : on headbangue un peu, on rigole un peu, et ça va bien 5 minutes. Pas Make Yourself, parce qu’il est trop mal foutu, même pas beau. Pas Morning View, bien qu’il rate le coche de peu en nous installant les pieds dans l’eau avec une odeur de sable chaud dans les narines. Pas Light Grenades, parce qu’il est mièvre, ça tout le monde le sait.
If Not Now, When ? n’est ni le meilleur album d’Incubus, ni le pire. Figurez-vous que ça n’est pas si mal d’être soporifique plutôt qu’insupportable. Adolescents illustrait déjà tout ça à sa sortie quelques mois avant la galette. Un morceau mignon mais bof, assez pour figurer en tant que sous-single sur Light Grenades à côté de Oil & Water, et qui surtout nous laissait sur une interrogation : Mais c’est quand que ça part ?! If Not Now, When ?… Brandon fait toujours le beau avec ses cordes vocales comme un homme bien monté en pleine partouze. On pensait que Mike allait apporter plein de bonnes choses grâce à ses récentes études de musicologie à Harvard. Tout faux. Pour ce qui est des trois autres, encore une fois, vous savez bien qu’on s’en fout. Si cet album est chiant, c’est parce qu’il ne s’y trouve aucune tentative d’envoyer la purée. Toute la faiblesse d’Incubus se trouve en ce point précis. Si ses membres ne recrachent par leur technique instrumentale, c’est nul. Eh oui, rappelez-vous, Incubus n’écrit pas de bonnes chansons. Ce qu’on apprécie chez eux, c’est une ligne de guitare, de basse, la clarté du chant ou les innombrables improvisations sans bémol auxquelles le public a droit chaque concert. Ce qu’on aime chez Incubus, c’est la maîtrise qu’ont les musiciens de leurs instruments, leur technique. C’est pour ça qu’A Crow Left Of The Murder est leur meilleur album.
Cet album-ci décolle autant que l’électrocardiogramme d’un macchabée. Année du décès : 2011. Incubus a contracté le virus de la mauvaise idée, celle de vouloir satisfaire les minettes plus nombreuses à acheter leurs cds parce que Brandon au détriment de son public de musiciens les appréciant. On ne parlait pas beaucoup d’Incubus dans le monde, on en parlera encore moins maintenant. Le meilleur, ou le moins pire, est derrière. Adieu Incubus.