Je le confesse : Gaz Coombes ne fait pas partie de mon univers. Dans ma courte existence, je n’ai écouté que les deux premiers albums de Supergrass (que j’ai beaucoup aimé soit dit en passant). Ainsi ma connaissance de l’histoire du monsieur, de ses saltimbanques et de ses atomes crochus avec d’autres formations avoisine zéro. On peut même dire que je suis en colocation avec le zéro. Pas de name-dropping ici (de toute façon je ne m’appelle pas Pierre Sankowski). Cette chronique de l’album du pétillant Gaz sera le théâtre de ma seule et unique appréciation de néophyte.
Here Come The Bombs prouve en substance que Gaz Coombes est bien un des grands patrons de la chanson depuis les années 90, et était aussi le patron de Supergrass. Comme chez son ancien groupe (pour ce que j’ai écouté d’eux en tout cas), Gaz Coombes prend facilement la tangente harmonique. Dissonances discrètes et rythmes enjoués font de Hot Fruit et Whore des… bombes. Tout le monde est une pute, et Gaz le chante d’une manière si fédératrice qu’on lui dit d’accord en dansant. De la pop à double lecture, comme on dit chez nous (chez moi?). Ça marche du tonnerre à la première écoute, rien à redire, et la seconde écoute, plus avertie et analytique, nous en met encore plein les mirettes. Sub-Divider, un enchaînement improbable mais irréprochable de séquences qui n’ont rien à voir entre elles. Dire que Gaz Coombes est un bon compositeur drague lourdement l’euphémisme. Car même quand il s’agit d’un exercice plus répétitif, comme avec la longue Universal Cinema, ça tutoie l’excellence avec nonchalance. Bin tiens.
Qu’est-ce qui change en termes d’identité et de qualité entre un In It For The Money et cet album ? Le rôle de chanteur guitariste déjà est rempli d’une même manière, mais dans cette basse ronde qui tape toujours juste et dans cette batterie sans fioritures on retrouve aussi l’esprit du trio (oui je sais, après c’est devenu un quatuor). Évidemment, le tout a été modernisé, sans trahir cette espèce de faciès old school (Simulator). Bombs, Fanfare, Break The Silence et Sleeping Giant font les yeux doux au son de notre âge avec leurs percussions et leurs claviers.
Commentaire logique, en somme : Here Come The Bombs sonne comme du Supergrass intimiste mis au goût du jour. C’est très bien parce que ce qu’il y avait sur le papier est clairement à la hauteur de nos espérances, voire plus haut. Gaz Coombes est tout seul pour faire ce qu’il veut et le résultat convainc à point. Excellent disque.