Baden Baden m’avait clairement laissé sur ma faim il y a deux ans : l’EP 78 avait un goût de trop peu. Un peu comme un premier rencard avec une jolie fille. Le genre de nana fraîche et toujours souriante qui te fait craquer alors même qu’elle t’a à peine parlé… Même ses petits défauts (les titres en français à l’écriture moins subtile) m’étaient apparus comme charmants.
Aujourd’hui, deuxième rencard, et là ce n’est plus juste pour un café, Coline va nous sortir le grand jeu.
Dès le début, on remarque que Coline a eu l’intelligence de ressortir ses plus beaux atouts : 78, pop aérienne et enlevée d’une efficacité remarquable fait son retour. Tout comme Anyone, dont la trompette et les choeurs sur le refrain « You mean nothing to her » font toujours autant hérisser les poils.
D’autres titres avaient déjà faits leur apparition ces derniers mois et laissaient entrevoir que la dualité anglais/français dans les textes serait toujours de mise pour ce nouveau rendez-vous.
Commençons donc par Good heart : ballade dont les notes de glockenspiel et la finesse nous rappellent leurs amis de Roken is Dodelijk avec grand plaisir. En opposition à cette douceur, on dodeline sur La descente, single rythmé révélant le penchant «chanson française» des trois compères que l’on retrouvera éparpillé ça et là sur le disque. De l’intro Les couleurs à Chanmé et sa guitare pleine de reverb en passant par Evidemment, la qualité des textes ne fait pas défaut mais ces titres peinent parfois à convaincre pleinement par excès de gentillesse.
Par contre Je sais, je vais fait définitivement adhérer au choix du groupe de privilégier sa langue maternelle car cette fois la douceur du titre nous donne envie de « tracer des routes », des rêves plein la tête.
Pour le reste, on retrouve une certaine idée de la pop US, intemporelle et cristalline à l’image d’une des grandes influences du groupe : Death cab for cutie. On imagine sans peine City walls et Glory lies comme la BO d’une scène de road trip avec notre belle et You’ll see en écrin de promesses amoureuses irréfléchies.
Une fois l’heure du dernier verre arrivée, on sait avec Last song que l’on va se perdre et les envolées post-rock qui surgissent au coeur de la nuit viendront nous donner des envies d’encore.
Coline a ce don de nous rappeler de bons souvenirs et de tenter de faire coïncider des dualités que l’on pensait absolument incompatibles (comme un trait d’union entre Souchon et Nada surf) mais manque malgré tout de cette spontanéité ou de ce grain de folie qui nous amènerait à vouloir d’emblée partager son quotidien.
Coup de coeur mais pas coup de foudre en somme.