Les Strokes avaient alimenté bien des rumeurs avec ‘Angles’, galette de la discorde. Le chanteur à L.A, le reste de la troupe à New York, les échanges se seraient faits par mails dans une ambiance évoquant les meilleurs moments de la Guerre Froide. Depuis le solo de Casablancas, le son a évolué et pourtant ici la formule a du mal à se renouveler. »Comedown Machine » est la descendance directe de ce fameux Angles : des morceaux toujours plus funkys qui mettent en valeur les grattes et la section rythmique, des mélodies accrocheuses certes mais trop « soft » et similaires pour tenir sur la longueur. La différence ici, c’est qu’aucun des titres n’a la portée qu’une ‘Taken For A Fool‘ pouvait avoir malgré le statut de vilain petit canard que ce disque a vite attrapé. Pour se rappeler à notre bon souvenir le début des années 2000, une fois sur 3 ils nous font un coup de Trafalgar en faisant cracher les amplis. Mais on sait que ça fait longtemps que le rock n’est plus leur délire même s’ils s’amusent à porter le déguisement des Ramones sur ‘’80’s Comedown Machine ».
On ne crache pas sur les morceaux efficaces comme »All The Time » qui nous font hocher la tête sans problème mais ils sentent la redite et la Converse trop portée. Bien plus qu’une piste isolée ou une face B rentrée au chausse-pied comme on a essayé de nous faire croire, »One Way Trigger » a parfaitement sa place ici, hélas. Ce n’était pas le coup de foudre à la découverte et c’est le même tarif pour ses consoeurs désaccordées et low-fi. »Partners in Crime » sonne comme une imitation des Killers et la balade en sourdine sous Prozac »50 50 » est tout aussi pénible. 3 morceaux à zapper sur 11, l’addition est salée. Les vraies réjouissances sont rares mais bien là comme l’accrocheuse »Welcome to Japan » ou »Slow Animals », bon dosage entre les envies sirupeuses et pop et leur ancien style.
Jamais la voix de Casablancas ne s’est faite si fluette et mélo, la section rythmique nous fait des petits cadeaux et souvent les guitares irrésistibles d’Albert Hammond Jr et Valensi font le boulot. Pourtant ce cinquième round tourne court. Une fois les 11 morceaux bouclés, on reste perplexes et on en demande plus. Difficile d’être vraiment emballé par ce mix qui manque de souffle et de patate. Aujourd’hui, on l’écoute sans déplaisir mais déçu, sans avoir placé de grandes attentes, qu’en sera-t-il alors dans quelques mois ? Ce fourre-tout est rempli de fausses bonnes idées et ne donne pas envie d’y revenir en dépit de bons passages qu’on a vite fait d’oublier sous la couche de balades peu inspirées et de sonorités rétro omniprésentes. Pire, on a très vite l’impression d’en avoir fait le tour. En guise de clôture, »Call it Fate, Call it Karma » a des allures de pied de nez. Une virée hawaïenne qui laisse entendre que les Strokes en ont rien à foutre de savoir ce que vous pensez de leur musique ou ce que vous en attendez : ils se laissent porter, se font plaisir et c’est à vous de voir si vous voulez les suivre. Ou non. Les années 80 ont encore frappé et elles influencent bien trop fortement cet album qu’on aurait envie d’aimer, sans ne jamais y arriver.