La Femme, c’est le groupe actuel qu’il est de bon ton de fracasser, à coup de musique de hipsters par exemple notamment depuis leur passage au Grand Journal. Des jeunes au look improbable qui jouent une sorte de new wave avec un chant en français c’est direct le bûcher pour l’intelligentsia musicale française. La police du bon goût ne tolère déjà pas ce qui marche alors pourquoi laisser passer un groupe peinturluré jouant sur son côté décalé qui plus est défendu par l’affreuse Daphné Burki ? De la junk music pour hipsters branchouilles qui auront tôt fait de rejoindre le rang des haters une fois le phénomène La Femme réellement lancé.
On était largement tentés de leur dire d’aller se faire aculer tant le début de parcours de ces frenchies mérite que l’on s’attarde sur autre chose que les apparences. Née à Biarritz La Femme s’exporte rapidement aux States dans une tournée qu’on serait tentés de qualifier avec sa bite et son couteau tant pis pour elle. Écumant bars et petites salles amerloques Sur la Planche Amour dans le Motu sont les rares bagages qu’ils emmènent avec eux qui font remuer les gambettes chacune à leur façon avec un sens mélodique très juste et des inspirations surf et new-wave de très bonne facture. Le côté gros délire est cependant prépondérant d’autant plus en live où les biarrots donnent tout au point de faire eux-mêmes leur première partie avec des masques jusqu’à leur after en improvisant des bombes dancefloor après leur concert (comme c’était le cas à leur excellent passage au Poste à Galène à Marseille l’année dernière). Des prestations fofolles mais avec sufisamment de maîtrise pour mettre tout le monde d’accord. C’est un peu le sentiment général dégagé par leur musique : de la folie mélangée à du talent.
Pour ce premier album difficile pourtant de donner entièrement tort aux détracteurs. Passé les tubes déjà connus toujours agréables à écouter bien qu’un peu trop passés à la javel (Amour dans le Motu Sur la Planche La Femme) on trouve des nouveaux morceaux un brin réchauffés déservis par une production molle du genou et bien trop aseptisée. Fini le côté un peu cradingue légèrement DIY plus proche du garage que d’Indochine. En atteste l’interlude qui ouvre le mitigé Hypsoline sans grand intérêt. Le côté WTF des paroles devient parfois gênant bien qu’inhérent à leur style comme sur Antitaxi Packshot ou Nous étions Deux – on pourrait presque toutes les citer. Les chansons durent parfois plus de 6 minutes avec très peu de choses à se mettre sous la dent tout au plus une mélodie sympathique (souvent usée jusqu’à la moelle) et un rythme entraînant. Leurs meilleures chansons sont évidemment absentes (Télégraphe Paris 2012) tant qu’à recycler autant prendre les bonnes.
La Femme pétillante et remuante qui dansait et faisait danser sans se soucier des regards a donné une espèce de monstre glacé prévisible et trop peu souvent enthousiasmante. Le tableau n’est pas aussi noir chaque chanson apporte son lot de réjouissance aussi légères soient-elles mais rien ne convainc complètement. De là à rejoindre le camp des haters il n’y a qu’un pas que nous ne ferons cependant point tant le groupe a plus à montrer notamment en concert où ils écrasent pas mal de concurrence.