Le dernier soir de Pitchfork Paris 2013, la faune est saoule, le bruit est presque palpable et on me parle d’un Suédois au nom improbable censé se pointer derrière les petites platines installées sur la scène de la Grande Halle de la Villette. La tâche est ardue : entre l’alcoolémie avancée des troupes et le set unanime d’Hot Chip, le coup du soufflé qui se dégonfle n’est pas loin. Une barbe rousse, 1h30 plus tard, c’est l’un des meilleurs sets du festival et de loin le plus fun après 3 jours de concerts jamais au top de la gaudriole. 6 mois plus tard, l’album du bonhomme est attendu comme le moteur d’un printemps tardif. Une ode au port de la pornstache, à la toison de poil fièrement arborée et à la chemise hawaïenne, ce cher Todd envoie un album aussi coloré que ses pochettes de skeuds.
Hélas comme souvent en électro sur les premiers albums des fils prodigues, il n’est pas bon d’avoir été un peu en avance. Les pépites de l’album (‘Swing Star, Pt.1 & 2‘ et ‘Inspector Norse‘) sont déjà connues car issues du précédent EP, Its the Arps. Surprise du chef, il y a une cover dans cette galette et elle est chantée par Bryan Ferry. Une chanson cheesy bien rincée des eighties dont on se serait bien passé flirtera avec la case ‘skip’. Dans le délire de la ‘nu-disco’, certains passages partent carrément en couilles à mi-chemin entre la BO d’Austin Powers et un film de boules allemand des sixties, ‘Leisure Suit Preben‘ et ‘Svensk Sas‘ et leur ambiance coupée décalée fonctionnent sûrement à 3 grammes mais à jeun on laissera ça aux danseurs de salsa. Les initiés découvriront donc les nouvelles machines à dance-floor comme ‘Strandbar‘, le single ‘Delorean Dynamite‘. Dans le lot ressort ‘Alfonso Muskedunder‘, énorme bordel qui semble condensé tous les styles de l’album en moins de 3 minutes 30.
Verdict compliqué pour ce premier album de Todd Terje. Il est ardu de trancher devant tant de directions différentes. De la musique pour danser de qualité avec un vrai sens de la montée crescendo, un goût prononcé pour la gaudriole kitsch assumé mais douteux et surtout des tubes sur les 3/4 de la tracklist. Pour les petits nouveaux, c’est sûrement l’album électro parfait pour l’été à venir. Dommage que les surprises soient rares pour ceux qui connaissaient déjà les précédents EP mais cela n’enlève en rien à la surpuissance et l’efficacité sur nos faibles bassins des productions du killer norvégien le plus connu depuis Anders Breivik.